vendredi 27 février 2009

Parce que moi aussi je suis en colère

Encore une fois, lu sur le flegmatique blog d'Anne Archet. Cette fois un texte de la défunte Hélène Pedneault, féministe de longue date.
Hélène Pedneault 1952-2008

«Et ne soyez pas de mauvaise foi. Quand je parle de la colère des femmes, je ne parle pas seulement de la colère parfaitement justifiée qu’elles éprouvent d’être encore traitées en subalternes et non en partenaires. Je ne parle pas seulement de la colère dirigée, avec raison, contre le monde des hommes ou certains hommes en particulier. Je parle aussi de la colère des femmes dirigée contre tout ce qui nous diminue collectivement, contre tout ce qui glorifie la mort au détriment de la vie, contre tout ce qui pollue, contre tout ce qui menace l’intégrité et la dignité des êtres humains, contre tout ce qui ment, ne tient pas compte, divise, asservit, terrorise, mutile.

Il faut maintenant revendiquer pour nous cette scie qu’on ne peut plus endurer dans la bouche d’un homme: “T’es belle quand t’es en colère”. Mais il faut ajouter: “T’es puissante quand t’es en colère. T’es utile.” Pratiquer la colère, c’est décider d’être à la même hauteur que ses rêves et ses convictions pour les regarder dans les yeux. C’est être à la hauteur de soi-même, et non plus étriquée, prise comme une minuscule poupée russe à l’intérieur d’un rêve plus grand.

Imaginez quelle formidable énergie de changement serait générée si toutes les colères des femmes étaient admises et canalisées. Si on pouvait engranger l’énergie de la colère des femmes dans une immense génératrice, tout le monde en profiterait : je vous jure qu’on n’aurait plus à se taper les pratiques de mercenaires d’Hydro-Québec! La lumière serait allumée en permanence et nous ne manquerions plus jamais d’électricité en période de grand verglas ou de désert psychique.»

Apologie de la colère des femmes (1999)

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