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samedi 14 décembre 2013

SONDAGE: Le palmarès de la honte 2013

Bonjour à toutes!

Après une année mouvementée en sexisme de tout genre, les Furies vous sollicitent de nouveau pour notre sondage de fin d’année.  Notre stand de jeu illustre notre palmarès de la honte 2013 et vous invite à choisir la candidature la plus sexiste de l’année!

Après Stephen Harper en 2011 et les Républicains en 2012 qui sera l’élu de 2013?
Faites vos jeux! Nous dévoilerons les résultats en janvier.



Sans plus tarder voici nos candidats sur la ligne de départ!

1- Le gouvernement russe

Dans une montée de la répression en Russie, le gouvernement russe a voté cette été une loi interdisant la «propagande homosexuelle» devant mineur afin d'assurer la sécurité des enfants sous peine de fortes amendes. Dans la même lancée, une loi interdisant aux couples de même sexe, russes et étrangers, d'adopter des orphelins russes a également été votée. Cette croisade contre la communauté LGBTQ a permis de laisser libre cours à des agressions homophobes à travers le pays en toute impunité. 

Des députés aimeraient même aller plus loin, Elena Mizoulina a suggéré que l'État devrait avoir le droit de retirer à leur famille les enfants vivant avec des parents homosexuels. Elle a mentionné également que la chambre basse travaille actuellement à une nouvelle politique familiale, basée sur des valeurs «traditionnelles» comme le mariage hétérosexuel ou l'interdiction d'avorter.








2- Le chroniqueur Guy Fournier

Lors d’une entrevue de Pénélope McQuade avec l'humoriste Jean-François Mercier en juillet dernier, Mercier pose sa main sur le genou de l'animatrice pour attirer son attention. Lorsqu'il fait la même chose une seconde fois Pénélope McQuade, lui dit, à la blague : « Ça fait deux fois que tu me touches Jean-François. Je voulais te le dire... »

Quelques jours plus tard Guy Fournier revient sur l’évènement dans sa chronique ayant pour titre Va-t-on finir de féminiser Nico ?.
« Malgré le généreux étalage qu’elles font de leurs charmes, particulièrement l’été, la plupart des jeunes femmes d’aujourd’hui s’insurgent ou s’indignent dès qu’on les remarque ou que les regards masculins se font plus insistants »  […]
«Veut-on en arriver à une génération d’hommes si amorphes et si éteints qu’ils ne réagissent plus à rien? Des hommes qui sont toujours au neutre quelles que soient les tentations qui leur passent sous le nez? Des hommes toujours d’accord avec ce que madame propose, toujours plus niais aujourd’hui que la veille, mais moins que demain? »


D'ailleurs, Penelope McQuade a réagi à sa chronique

« Que mes jambes aient été dénudées, soit, qu’elles établissent un lien direct de cause à effet… Quessé ça ?! Et c’est là que ça devient dangereux. Non monsieur Fournier, des jambes dénudées ne donnent pas le droit de les tripoter. Non monsieur Fournier, un décolleté ne donne pas non plus le droit d’y plonger. Non monsieur Fournier, une femme peu vêtue, selon vos critères, ne contribue EN RIEN aux comportements d’autrui, comportements déplacés, vulgaires, violents, voire criminels d’individus qui ne peuvent gérer ce qui leur appartient de gérer. Non monsieur Fournier. »

3- Les compagnies pharmaceutiques

Le nombre de nouvelles inquiétantes concernant les contraceptifs durant l'année 2013 est hallucinant.

Au Canada, en février, un recours collectif a été intenté pour les pilules de quatrième génération, Yaz et Yasmin, montrées du doigt relativement à de graves problèmes de santé. Dans sa requête, la firme d'avocats soutient que Bayer a omis d'informer correctement médecins et patientes du fait que ces produits comportaient des risques sensiblement plus élevés que les contraceptifs oraux dits de seconde génération, qui utilisent un autre type de progestatif. Le document relève que la société «savait ou aurait dû savoir» que ces risques accrus pouvaient mener à des complications «sévères et potentiellement fatidiques» comme des thromboses, des embolies pulmonaires ou des arrêts cardiaques.

La société pharmaceutique doit aussi composer avec de nombreuses poursuites civiles intentées aux États-Unis par des femmes disant que des caillots sanguins se sont formés après qu'elles eurent utilisé ces contraceptifs oraux. L'entreprise a annoncé l'été dernier qu'elle avait accepté de verser plus de 400 millions de dollars en réponse à près de 2000 plaintes. En France, des poursuites ont aussi été intentées contre les fabricants de contraceptifs de troisième génération.

En avril, Santé Canada a annoncé que l'entreprise Apotex a dû procéder au rappel de 11 lots  de pilules anticonceptionnelles Alysena-28 suite à des erreurs d'empaquetage. Des emballages aurait contenu des placebos en surplus, plutôt que des médicaments actifs, soulevant le risque d'une grossesse non planifiée.

En août, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a décidé de bloquer pour le moment la vente de Diane-35 suite à son examen des rapports de décès de quatre jeunes femmes en lien avec Diane-35. Santé Canada a annoncé sa conclusion suite à une enquête selon laquelle les bienfaits de Diane-35 l’emportent sur les risques, dans les limites de l’utilisation pour laquelle il a été approuvé. Certains jugent la décision de Santé Canada contestable, étant donné qu’elle a découlé de la prescription généralisée de Diane-35 comme contraceptif, donc pour une utilisation non indiquée sur l’étiquette, et du non-respect des restrictions recommandées.


4- Le système de justice

Plusieurs histoires cette année permette de voir qu'à la fois l'institution et les personnes qui la représentent réussissent très bien à reproduire les inégalités envers les femmes. 

Un technicien de Bell a beau être coupable d’agression sexuelle sur une jeune cliente, le juge envisage de tout de même lui donner l'absolution parce que  « Ce n’est pas le crime du siècle », a t'il commenté devant la victime. Le magistrat a mentionné que l’accusé n’était pas un « méchant monsieur ». « Ce n’est pas un batteur et ce n’est pas un violeur, a commenté le juge Braun ajoutant que ce n’était ‘pas le crime du siècle’. Est-ce qu’un geste d’égarement mérite de perdre son emploi, de risquer tous les efforts qu’il a fait pour être ici ? »
Semble t'il que pour ce juge il y a des types d'agressions sexuelles plus tolérables que d'autres.... 



Aux États-Unis, une citoyenne afro-américaine, Marissa Alexander a écopé d'une peine de 20 ans de prison pour voies de fait grave avec une arme mortelle. Elle a tiré un coup de semonce lors d'une dispute avec son conjoint violent. Lors de sa défense elle a invoqué la loi de la Floride de légitime défense de son territoire (Stand your ground). La même loi qui a permis à George Zimmerman d'être acquitté après avoir abattu un jeune adolescent afro-américain. Dans le cas de Marisa Alexander, cette défense a été rejeté. La femme est présentement en appel de sa sentence et subira sous peu un nouveau procès. 




5- L'humoriste Gab Roy

*Trigger warning culture du viol*
Par où commencer…. Tout récemment, Gab Roy a fait beaucoup parlé de lui suite à la publication d’un texte où il décrit le type de relation sexuelle qu’il fantasmerait d’avoir avec l’actrice Marilou Wolfe.
Un extrait
« Bang bang, claque... Bang bang écartille les fesses pour cracher dans ton cul ... Marichienne... Te fourrer à 4 pattes de façon rude et impersonnelle... Toi et moi savons malgré tes grimaces tu adores quand je te surprends avec un doigt dans le cul... Combien de mes doigts énormes je peux enfoncer dans ta plotte... Celui qui va te harceler ... qui te fera sucer sa graine même s'il n'a pas pris de douche depuis 24 heures ... Combien de gag reflexe tu peux avoir avant de puke [vomi, NDLR]. »
Comme le dit si bien Jocelyne Robert dans son texte L'affaire Gab Roy , miroir de la culture du viol, nous sommes clairement en présence d'une fiction d'agression sexuelle. Face à la controverse, le billet a été retiré et Gab Roy s’est excusé en mentionnant qu’il avait écrit le billet pour « faire rire le monde » et que les personnes offusquées était les personnes qui ne sont pas familière avec son type d’humour vulgaire. Bref, c’était juste une blague!

Outre cette controverse, Gab Roy l’affirme lui-même « [Il nous] parle souvent des dérives, voire des dérapes du féminisme. » Le gardien autoproclamé du «bon» feminisme n’y va pas de main morte pour dénoncer les «mauvaises» féministes.

Il a déjà publié le billet facebook d’une femme qui parle de harcèlement. Il mentionne, oh combien, elle est beaucoup trop radicale, hystérique et folle. Il a également mis sa photo de profil ainsi que son nom en ajoutant :
 «Mais la plus grande contradiction soulevée par ce texte est probablement celle-ci: VOIRE QU’AVEC CETTE FACE LÀ TU T’ES DÉJÀ FAIT HARCELER SEXUELLEMENT!»

Dans un autre billet, en réponse à un texte feministe sur Urbania :
«HEILLE MA TABARNAK DE CONNE, TU RÉALISES-TU QUE DANS TON DÉCHET DE TEXTE…»

Pour terminer, une autre glorieuse citation en réponse à un texte féministe qui critiquait l’appropriation culturelle de Miley Cirus :
«La conne de la semaine» […] «TA YEULE!» 
______________

Votre choix est fait? Résultats à venir! Joyeuses fêtes! 


La candidature la plus sexiste de l'année 2013?
Le gouvernement russe
Le chroniqueur Guy Fournier
Les compagnies pharmaceutiques
Le système de justice
L'humoriste Gab Roy





En bonus, voici quelques rétrospectives féministes de l'année 2013! (anglais)

Article : 28 Most Iconic Feminist Moments of 2013


Vidéo:

jeudi 1 août 2013

Cosplay, consentement et sexisme en milieu geek

Dernièrement, le sujet du sexisme dans le monde geek s’est emparé du web, notamment cet article qui a largement circulé : «Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier» et la sortie des premières capsules de Feminist Frequency sur la représentation des femmes dans les jeux vidéos.

Loin de s’essouffler, ces réflexions féministes se poursuivent durant la période estivale. D'ailleurs, ce moment de l'année est marqué par plusieurs conventions où s’exerce un incontournable hobby dans le milieu geek, le cosplay. On retrouve de ces événements au Québec, notamment Le Comiccon de Montréal consacré à la culture populaire (science-fiction, l’horreur, l’anime, les jeux vidéo, les jeux sur table, les comic books) et  l’Otakuthon, un festival d'anime.

Pour les néophytes, qu’est-ce que le cosplay? Le cosplay est une activité qui consiste à se déguiser en personnages de bande dessinée, d’anime, de jeu vidéo, de manga, de film, de télévision ou de livre. À ne pas confondre avec  les costumes d’Halloween, les cosplayers (les personnes qui se costument) se démarquent par un grand souci du détail pour reproduire le costume et jouer le personnage.

Bien que les personnages soient fictifs, le monde du cosplay n’existe pas en vase clos. Ainsi, la communauté du cosplay fait face aux mêmes problématiques et oppressions qu’on peut observer dans la société en général.


Personnages féminins
Les cosplayers interprètent les personnages de leur choix. Cependant ce choix se fait parmi un répertoire influencé par la culture. Les personnages féminins dans les jeux vidéo, la science-fiction, les comic books ou les bandes dessinées sont moins nombreux que les personnages masculins. Elles occupent plus rarement des personnages principaux et plus fréquemment des rôles secondaires. On retrouve en très grande majorité des femmes blanches, minces, jeunes et sexy qui correspondent également à des critères de beauté très peu réalistes. Les costumes et la posture des personnages féminins reflètent ces aspect.  




D’ailleurs, The Hawkeve Initiative le souligne bien au sujet des bandes dessinées. Le concept est simple, on remplace un dessin de personnage féminin dans une posture impossible/hypersexualisée par un superhéro masculin. 




  


 Un homme a d’ailleurs transposé cette initiative artistique au cosplay


Source

Bref, la culture geek tend à limiter les choix de personnages féminins à interpréter tant au niveau du nombre que de la diversité.


«Cosplay is not consent»
De manière plus concrète, le sexisme vécu lors des conventions de cosplay a engendré le mouvement «Cosplay is not consent» (Un costume n’égale pas le consentement). Durant les derniers mois, de plus en plus de cosplayers ont fait part de leurs expériences de harcèlement lors des conventions ou en ligne. Le harcèlement décrit par les femmes passe par des commentaires sur leur physique, des photos prises sans leur consentement, des questions inappropriées, des attouchements, des agressions ou des menaces. «Cosplay is not consent» permet donc de parler du problème, de sensibiliser la communauté geek et de créer des espaces plus sécuritaires. Initiative d’autant plus importante que lorsque des femmes rapportent qu’elles ont subi du harcèlement, on peut lire ou entendre des propos qui s’apparentent énormément à ceux qui vise à rendre responsable les victimes d’agressions sexuelles. 
«Son costume était provoquant, elle cherchait de l’attention. »
«S’habiller comme ça dans des évènements de gars, c’est sûr que... »
«Elle n’aurait pas dû porter un costume aussi sexy»
Bref, des commentaires qui sous-entendent que le costume d’une cosplayer est une invitation au harcèlement. Bien sûr, ceux-ci oublient que même des cosplayers, littéralement couverts de la tête aux pieds subissent des traitements semblables




Normes raciales et critères de beauté
Le harcèlement n’est pas le seul élément qui fait en sorte de créer un climat peu sécuritaire et inclusif dans le monde du cosplay. Ce qui est considéré comme la « norme » au sein de la  communauté geek est également un produit de la société. Beaucoup d’attention est accordée aux femmes cosplayers qui correspondent aux critères de beauté et qui incarne des personnages sexy. Des galeries de photos de « hot female cosplayers » leur sont dédiées. 

D’un autre côté, certains individus se moquent des cosplayers qui choisissent des personnages qui ne correspondent pas à leur genre, leur couleur de peau ou leur type de corps. Ces moqueries se manifestent notamment par les galleries de « Cosplay épic win vs épic fail », qui comparent deux photos du même personnage mais interprété par deux cosplayers différents, une considérée comme une réussite et l’autre un échec. La différence est rarement reliée au costume en tant que tel, mais se trouve essentiellement dans le fait qu’une des deux personnes correspond aux standards de beauté  et l’autre non.
On peut également lire sur le web plusieurs commentaires qui mentionnent qu’un ou une cosplayer qui serait gros-se ne devrait pas jouer de personnage mince ou bien que « pour une personne noire, elle a quand même bien réussi son cosplay. »

D’ailleurs à ce sujet, un témoignage très pertinent de Chaka Cumberbatch suite à une importante polémique lorsqu’elle a publié sur le net une photo de son cosplay d’un personnage de Sailor Moon.


« Online, I was "Nigger Venus," and "Sailor Venus Williams" because I am black.
My nose was too wide, lips were too big, I had a "face like a gorilla" and wasn't suited for such a cute character, because I am black. My wig was too blonde, my wig wasn't blonde enough, or, my wig was ghetto because I was making it ghetto, by being black and having it on my head. »

Traduction
«Sur le net, j’étais surnommée "Nigger Venus" et "Sailor Venus Williams" parce que je suis noire.
Mon nez était trop large, mes lèvres trop grosses, j’avais un "visage de gorille" et je ne correspondais pas bien à ce joli personnage, parce que j’étais noire.  Ma perruque était trop blonde, pas assez blonde ou bien ma perruque faisait guetto parce que je la rendais ghetto en était noire et en la portant. »



Les témoignages ne manquent pas et voici un autre court extrait d’un article tout aussi intéressant de Tabitha Grace Smith sur les raisons pour lesquels elle ne fait pas de cosplay.

«While my body image and confidence are usually fine, going to a big convention filled with scantily clad hotties sends my shields up. I’ve been in earshot of people who snicker and laugh at the plus-sized Batgirls or other cosplayers who don’t fit the skinny actresses they’re portraying. Once I asked one of these curvy girls to pose for a picture and genuine shock crossed her face. Othert imes it’s been a large man in a Roman gladiator outfit who gets laughed at or the plus-sized Princess Leia. Every time I heard these snickers and laughs I was less comfortable with dressing up. »
 Traduction
«Alors que ma perception de moi-même et ma confiance en moi sont habituellement assez bonnes, aller à une grande convention rempli de jolies filles légèrement vêtues me met sur la défensive. J'ai entendu des gens ricaner et se moquer de Batgirls plus-size et d'autres cosplayers qui ne correspondaient pas aux actrices maigres qu'elles interprètaient. Une fois, j'ai demandé à l'une de ces jeunes filles plus rondes de poser pour une photo et un véritable choc a traversé son visage. Une autre fois, c’était un homme en surplus de poids dans un costume de gladiateur romain qui faisait de rire de lui ou une princesse Leia plus-size . Chaque fois que j'ai entendu ces ricanements et ces rires, j'étais moins à l'aise avec le fait de me costumer. »
Tous ces jugements, ces railleries et insultes font en sorte de rendre le cosplay pénible pour plusieurs personnnes ou carrément inenvisageable. Ce constat est encore plus affligeant quand on pense que la plupart des personages de jeux video ou de comic books ont de toute façon des corps humainement impossible à atteindre. Ainsi, le corps des participants et participantes subit une forme de contrôle social par la valorisation ou la dévalorisation des cosplayers.  D’ailleurs, il semble y avoir des liens à faire avec d’autres formes de contrôle social où le corps, surtout celui des femmes, se transforme en propriété publique où tous et chacun peuvent juger comme c’est le cas pour le harcèlement de rue ou les creepshots

Bien qu’inspiré d’univers fictifs, le monde du cosplay reproduit des embûches bel et bien réelles pour les femmes, les personnes racisées et en surplus de poids. De prime abord, ce portrait peut sembler sombre, mais la grande quantité et qualité des textes de réflexion sur les problématiques vécues dans le monde du cosplay montre un désir de changement. Plusieurs conventions se sont doté de règles plus strictes contre le harcèlement, des initiatives viennent souligner de  manière positive la participation des personnes racisées et en surplus de poids et de plus en plus de matériel aborde ces sujets. D’ailleurs, pour  terminer voilà un court vidéo qui décrit les réalités vécues par des cosplayers.  



Pour en savoir plus :

Human Angle: Cosplaying The Part  (Vidéo)

Cosplay, Race, and Fat-Shaming
Despite the Haters, I Love Cosplay.

Cosplayers Are Passionate, Talented Folks. But There's A Darker Side To This Community, Too.

Cosplay Is Not Consent

Costumes Are Not Consent: Combating Cosplayer Harassment

The Beginnings of CONsent

I'm a Black Female Cosplayer And Some People Hate It

Race + Fandom: When Defaulting To White Isn’t An Option

What would you do if you weren’t afraid?

The Cosplay Feminist

Fuck Yeah Fat Cosplay/

More to Love: Fat-Positive Cosplay

Of Corsets and Comics

In defense of Fat Cosplay

Why I Don’t Cosplay

Cosplays With color

Cosplay and Body Type – It Doesn’t Matter!!


Wonderella



lundi 22 avril 2013

Paparazzi & creepshots - Outils de contrôle du corps des femmes



Les magazines sur les célébrités et les potins de la dernière heure sont monnaie courante dans les kiosques à journaux. Le vedettariat américain est d’une importance presque sans mesure, c’est  un des endroits où le phénomène des paparazzis est extrêmement présent. Les paparazzis sont des photographes qui ont pour domaine de prédilection la vie privée des célébrités. Ces photographes, la plupart du temps indépendants, poursuivent les célébrités et  vendent par la suite leurs clichés aux médias. 

Culture «  Paparazzi  »





Il est difficile d’imaginer ce à quoi peut ressembler un quotidien sans vie privée où tous nos faits et gestes peuvent être illustrés sans notre consentement dans les magazines. Question d’avoir un cliché savoureux, les paparazzis cherchent à surprendre les célébrités en situation vulnérable ou jugée «humiliante». On a qu’à  penser aux photos prises d’Amy Whinehouse lorsqu’elle avait vécu des problèmes de consommation de drogue.  On voit  souvent des grands titres qui commentent le physique des stars accompagnés de photos peu flatteuses. Bien sûr, l’article qui accompagne la photo rappelle combien celle-ci a pris du poids, celle-là est laide sans maquillage, l’autre a commis le sacrilège de ne pas se raser…  Loin de s’offusquer d’un traitement aussi rude, le public continue d’acheter ces magazines. 





Certains rétorqueront que c’était leur choix de devenir célèbre, que cela fait partie du jeu et qu’elles doivent l’assumer. On constate à ce moment combien l’entreprise de déshumanisation des célébrités est fortement ancrée dans les mentalités. Et si les paparazzis en avaient soudainement après vous?   Il y a une différence entre une photographie prise à son insu et une photographie prise avec notre consentement, cela vaut pour tout le monde.  D’ailleurs, le déni du consentement qui définit la pratique des paparazzis est une forme de prise de pouvoir sur la personne photographiée. Cette prise de pouvoir s’accompagne souvent de comportements agressifs: poursuite automobile, harcèlement, agression.  Plusieurs vedettes ont fait appel à des injonctions pour se protéger des paparazzis. Les femmes, en plus de l’attitude agressive, doivent parfois faire face au harcèlement sexuel. Par exemple, il n’est pas rare que les paparazzis tentent de faire ce qu’on nomme des «  upskirt shot  », c’est-à-dire de prendre des clichés sous leurs jupes lorsqu’elles sortent d’une automobile. De plus, les journaux font souvent les grands titres en s’offusquant des moments où une vedette s’en prend aux paparazzis oubliant de mentionner le contexte dans lequel la célébrité a commis ces gestes.

Mis à part les conséquences sur la vie privée et la dignité de ces vedettes, en quoi la culture «  paparazzi  »  a-t-elle des impacts sur notre quotidien?  Et bien, si des photographes, des magazines, les médias télévisés ainsi que les consommateurs et consommatrices de ces photos trouvent acceptable le harcèlement subit par les célébrités, plus particulièrement les femmes, vont-ils s’offusquer que le même sort soit réservé à d’autres personnes?


Phénomène des creepshots

En effet, il me semble qu’on peut établir de nombreux liens avec le phénomène des creepshots qui prend de l’expansion sur le web. Qu’est-ce que les creepshots? Ce sont des photos prises d’une personne sans son consentement. Les creepshots sont généralement des clichés des fesses d’une femme, de son décolleté ou d’une prise de vue sous sa jupe.

Sur le populaire site Reddit, où les utilisateurs et utilisatrices peuvent mettre du contenu, ils existent plusieurs forums de creepshots. Les internautes s’y donnent des conseils pour obtenir de bons clichés et publient leurs photos.  On peut y voir des centaines d’images de femmes, attendant le train, emballant leur épicerie, debout sur un escalier roulant,  toujours avec des prises de vue de leurs fesses, de leur poitrine ou de leur entrejambe. On peut également probablement y observer des jeunes femmes mineures puisque plusieurs clichés semblent être pris dans des contextes scolaires. À cela s’ajoute des centaines d’autres sites web qui contribuent à la «  sous-culture  » des creepshots. Le but étant de prendre des photos à l’insu des femmes et des filles, les partager et récolter de la reconnaissance et des commentaires.  Aussi horrifiant cela soit-il, il semble que pour les internautes qui consultent ces sites web et les photographes amateurs qui les alimentent, il soit tout à fait acceptable de violer la vie privée et la dignité d’autrui. La réalité est que le mouvement «  creepshots  » se définie par le fétichisme du non consentement des femmes.

D’ailleurs un de ces sites mentionne explicitement dans sa description le lien étroit entre les creepshots et les paparazzis  : "When you are in public, you do not have a reasonable expectation of privacy. We kindly ask women to respect our right to admire your bodies and stop complaining. We are no different than paparazzi."
(Traduction libre  : Lorsque vous êtes en public, vous ne pouvez pas raisonnablement espérer de vie privée. Nous demandons gentiment aux femmes de respecter notre droit d'admirer leurs corps et d’arrêter de se plaindre. Nous ne sommes pas différents des paparazzis.)


On peut y déceler le message que les femmes devraient accepter le fait que leur corps soit en permanence l’objet du regard masculin, voire même s’en sentir flatter. De plus, on voit bien que les creepshots semblent s’appliquer seulement aux femmes. Une rapide recherche sur le web mène au constat que les victimes de creepshots sont presque exclusivement des filles ou des femmes.

Traduction libre : Ce n'est pas parce que je suis dans un espace
public que mon corps devient une propriété publique.
Ainsi, cette nouvelle tendance tend à renforcer le contrôle de la société sur le corps des femmes. Effectivement, non seulement ces photos dénigrent souvent les femmes qui y figurent, mais elles sont également un symbole puissant qui lance le message que les femmes, où qu’elles soient, peuvent se faire prendre en photo à leur insu et voir celles-ci circuler sur le web avec presque aucun recours. Il semble que l’avènement des nouvelles technologies ait en quelque sorte créé un nouveau type de harcèlement sexuel qui vient renforcer de manière encore plus insidieuse l’idée que les femmes sont disponibles et «  à la merci  » de tous, en tout temps et en tout lieu. Le corps des femmes devient une propriété publique qui peut être possédé, admiré ou dénigré.







Au Québec, l’émission Paparadis

On pourrait croire que le Québec se sauve de cette culture «  paparazzi  », malheureusement nous aurions tort. Effectivement, en 2010, Mélissa Paradis, une paparazzi professionnelle d’Hollywood, s’est associée à VRAK.TV pour diffuser l’émission Paparadis.
« Jet set, primeurs, accès exclusifs... ou interdits! Avec Paparadis, la paparazzi Mélissa Paradis a maintenant son magazine télé et t'entraîne au coeur du star-système hollywoodien! En plus des capsules que tu connais déjà, Mélissa te fait découvrir les coulisses et les lieux les plus glam d'Hollywood, tout en couvrant les événements les plus courus de la capitale du cinéma. » 
L’émission pour adolescentes et adolescents est encore actuellement en onde. On y retrouve  l’attitude malsaine classique des paparazzis. La volonté d’avoir absolument une photo, même si la vedette refuse clairement, est omniprésente.  L’animatrice de l’émission décrit cette aspect de son travail en disant qu’elle doit gérer avec la «  non collaboration  » des vedettes. En d’autres mots, elle essaie d’obtenir les photos qu’elle désire malgré l’absence de consentement.  Bref, une belle émission sur l’art de la violation de la vie privée.


Quelques exemples du langage (similaire à la chasse) utilisée dans le cadre de l’émission  :

«  Quand les stars vont se chercher de quoi à manger, c’est toujours plus facile de les coincer, elles ne peuvent pas se sauver  » 
«  J’ai commencé ma chasse avec John  » 
«  Parfois les vedettes ne veulent pas se faire prendre en photo et tentent de se cacher, il arrive même qu’elles ne collaborent pas du tout  »

Est-ce qu’espionner des célébrités, user de stratégies pour s’infiltrer dans leur vie privé afin de nourrir l’obsession des fans peut être considéré comme un métier que l’on veut présenter aux adolescents et adolescentes comme positif et utile à la société?

Comble de l’hypocrisie, VRAK.TV se targue de promouvoir l'estime de soi et une image corporelle saine et diversifiée dans le cadre d’un concours L'égalité à l'œuvre.

Comment une chaîne peut prétendre encourager l’égalité entre les hommes et les femmes quand elle fait explicitement la promotion d’une industrie qui se base sur le contrôle du corps des femmes. En plus, de rendre «  glamour  » un métier basé sur le non respect du consentement, cette émission propage les messages nocifs de cette industrie qui encourage les femmes à juger et se moquer de l’apparence de leurs consœurs. On est à milles lieux d’inculquer le respect des autres, l’estime de soi et la nécessité d'images corporelles saines et diversifiés aux jeunes filles et garçons. 

Nul doute qu’il faut entamer une sérieuse réflexion sur le phénomène «  paparazzi » et ses dérivés, dont les creepshots. Une remise en question d’autant plus importante qu’à la base cela concerne la notion de consentement ainsi que l’image des femmes et le contrôle de leurs corps. 

Si cet article vous a interpellés, nous vous invitons à laisser des commentaires sur l’émission Paparadis à VRAK.TV, simplement suivre ce lien  : 
Contacter VRAK.TV

Et inviter vos amiEs à faire de même!



samedi 13 octobre 2012

Pour en finir avec la "pop" culture du viol

    AVERTISSEMENT: Cet article traite de viol et de violence sexuelle.
    Ça nous arrive à toutes de se faire désagréablement surprendre par une scène de viol lorsqu'on regarde la télévision, un film, qu'on lit un roman ou qu'on joue un jeu vidéo. Ça nous arrive à toutes de serrer les dents devant la violence, de détourner le regard pour l'éviter, de fermer le livre par dégoût. Ça nous arrive à toutes parce que le viol est partout, tout le temps.

     

     Nous vivons dans une culture du viol. C'est-à-dire "une culture dans laquelle le viol et la violence sexuelle sont communs et dans laquelle les attitudes, normes, pratiques et médias normalisent, excusent, tolèrent et même approuvent la violence sexuelle. Des comportements associés à la culture du viol sont: blâmer les victimes, objectiver sexuellement et banaliser le viol."

  



     On a eu plus que notre part d'exemples de tout cela dans les dernières années. Il y a tous les cas où les femmes sont "responsables" de leur viol à cause de leur habillement, de leur comportement, de leurs habitudes de vie. Il y a tous les cas où les agresseurs sont acquittés parce que la justice refuse de croire les victimes, etc.

      Au delà de la triste et choquante réalité que vivent les femmes tous les jours, on est confrontées à des représentations (plus ou moins graphiques et violentes) du viol et de la violence sexuelle tout autour de nous, en tout temps. Les auteur-e-s de romans, pour la télévision, les films, etc, l'utilisent à toutes les sauces. Le site TV Tropes, qui regroupe les tendances ou les clichés que l'on retrouve continuellement au cinéma, dénombre pas moins d'une soixantaine de "tropes" liés au viol et au harcèlement sexuel. Je vous laisse explorer la liste.

     Il y a des cas où le viol est utilisé paresseusement comme moyen de choquer facilement les gens. C'est le cas des blagues de viol qui sont utilisées à profusion dernièrement dans les sitcoms américaines, mais aussi par des humoristes bien connus. Il semble que ce soit un must de briser les barrières et conventions en faisant des blagues sur le viol.(sic) Il y a eu un cas aux États-Unis où un humoriste sur scène se plaisait à dire que les blagues de viol était toujours drôles. Quand une spectatrice choquée lui a dit qu'au contraire ce n'était jamais le cas, il a répondu quelque chose du genre: "Ce ne serait pas drôle si une femme se faisait violer par cinq hommes? Ici, maintenant?" Suite à l'hilarité de la foule et à son malaise personnel, la femme a quitté l'endroit. Après qu'elle ait dénoncé l'évènement sur Internet, de nombreux autres humoristes se sont portés à la défense de ce comédien. Kate Harding propose ici "15 blagues de viol qui fonctionnent."

     Dans les films et à la télévision, le viol sert à choquer. Il sert aussi de prétexte pour montrer de la nudité et titiller les spectateurs. Dans les dernières années, j'ai vu des scènes de viol vraiment atroces à l'écran et très peu d'entre elles me semblaient "justifiées". Prenez n'importe quel film où une bande de personnes sont prisonnières, dans un monde post-apocalyptique ou juste dans un monde violent et vous êtes sûres d'en trouver à profusion. Je pense à L'aveuglement, The Girl with the Dragon Tattoo, 28 jours plus tard... Le viol est ici utilisé pour montrer la barbarie d'un monde maintenant sans règle, bla bla bla. Le problème, c'est que ça représente plutôt ce qui se passe actuellement à tous les jours. Il faut savoir questionner la pertinence d'une scène de viol dans un film. Qu'est-ce que la scène apporte? Est-elle nécessaire à l'histoire? Le personnage aurait-il pu se développer autrement? Y avait-il d'autres manières de le présenter?

     Il y a aussi le viol comme façon de nous faire "aimer" une protagoniste, de la victimiser. Ça sert dans le cas où la femme va ensuite chercher une vengeance ou dans ceux où elle va devenir une super ninja à cause de son expérience, etc. Par exemple, le tout nouveau chapitre de la série des jeux Tomb Raider nous présente une nouvelle origine pour Lara Croft. Dans la bande-annonce du jeu, on voit que Lara subit une tentative de viol. On peut se demander ce que cela apporte au personnage, considérant tous les autres évènements traumatisants qu'elle doit apparemment subir dans le jeu. Quand on lui demande pourquoi rendre Lara si vulnérable, le producteur exécutif répond que les joueurs vont avoir envie de protéger Lara (parce que c'est une femme!). C'est dommage, parce que c'est une représentation des femmes de plus qui ne sera plus "positive". Malgré l'accent mis sur sa poitrine, Lara était un personnage intelligent et aventureux. Elle se retrouvera maintenant dans une situation où elle est victime et doit être protégée.

     Finalement, on a récemment demandé à une auteure de Fantasy "quand son personnage allait être violé, car c'était nécessaire pour que son histoire soit réaliste." Elle a répondu ce qui suit: 

Le viol en fiction peut être une chose puissante et importante. Il peut être utilisé pour faire d'importantes déclarations ou pour pour faire avancer une histoire importante. C'est important de montrer des choses inconfortables dans la fiction. Je ne dis pas qu'il ne faut jamais écrire sur le viol. Mais le viol en fiction peut aussi être problématique et dénigrant quand il est utilisé pour remettre des héroïnes impudentes à leur place.
Je ne veux pas écrire ça. Je ne comprends pas, ne vais pas comprendre, refuse de comprendre pourquoi le viol doit être sur la table pour chaque histoire avec une femme protagoniste ou même un personnage féminin secondaire fort. Pourquoi est-il assumé que je suis "irréaliste" quand je dis qu'aucun de mes personnages ne sera violé? Pourquoi cela "enlève-t-il la tension de l'histoire"? Il y a déjà assez de tension sans que j'écrive à propos de quelque chose qui me fâche moi et plein de mes lecteurs. Merci. (Ma traduction.)

Notre culture du viol est tellement étendue, tellement incrustée partout que tout cela ne représente qu'un infime survol de la réalité. Le problème, ce n'est pas que l'on entende parler de viol, que l'on retrouve le viol dans la culture populaire. Au contraire, il a fallut tellement de temps pour le sortir du secret, pour oser en parler. L'idée n'est surtout pas d'effacer la question du viol de nos représentations culturelles, mais plutôt de cesser de l'utiliser comme un raccourci paresseux et offensant pour servir des buts de comédie, d'horreur ou de victimisation. La violence sexuelle est une réalité et comme toutes les autres réalités, elle doit être visibilisée. Mais il est plus que temps que l'on se questionne sur la manière dont cela est fait actuellement et que l'on cesse d'accepter d'être exposées à de la violence gratuite tous les jours.

jeudi 6 octobre 2011

Tropes vs Women; Capsules féministes


C'est une série de 6 capsules fait par Feminist Frequency ; Conversation with pop culture en collaboration avec Bitch Magazine.

Les capsules abordent les histoires, les thèmes et les représentations des femmes dans le cinéma hollywoodien et les émission télévisées.

Traduction en français trouvé sur un programme vraiment génial, Universal Subtitles (vous pouvez d'ailleurs y traduire vous même n'importe quel vidéo!)


Tropes vs. Women: #1 La fille de rêve au service du héros




Tropes vs. Women: #2 Femme dans le réfrigérateur





Tropes vs. Women: #3 Le principe de la Stroumpfette




Tropes vs. Women: #4 La démoniaque séductrice maléfique



Tropes vs. Women: #5 La grossesse mythique




Tropes vs. Women: #6 L'épouvantail féministe

lundi 30 mai 2011

Film: Made in Dagenham (Les dames de Dagenham)


J'ai eu un coup de coeur pour le film : Made in Dagenham (Les dames de Dagenham). Le film est basé sur l'histoire vraie de la grève des ouvrières de l'usine Ford de Dagenham (Grande-Bretagne) en 1968. En premier lieu, elles partent en grève pour contester leur classification comme travailleuses non qualifiées pour réclamer celle de travailleuses partiellement qualifiées. Rapidement, elles visent plus haut et demandent un salaire égal à celui des hommes.

Tout au long du film, on voit les obstacles qu'elles rencontreront venant de toute part, à la fois des ouvriers, du syndicat et de l'entreprise. Cette grève durera 3 semaines et mènera deux ans plus tard à une loi sur l'égalité salariale : Equal Pay Act. Le film correspond de manière assez fidèle aux faits historiques.


L'histoire des personnages est, par contre, créée de toute pièce, notamment le personnage principal, Rita O'Grady (Sally Hawkins). Les éléments fictifs ajoutés aux films inspirés de faits vécus sont souvent un peu boiteux, mais dans ce cas-ci, le résultat final est très bien. D'ailleurs, les histoires personnelles des travailleuses permettent d'aborder différentes réalités comme les proches aidantes et la vie de couple.

Seul petit bémol qui me déçoit par rapport à l'histoire véridique, c'est que les couturières de l'usine Ford étaient en réalité plus âgés et moins ''tendance'' que les jeunes femmes présentées dans le film. Je trouve dommage qu'on est éclipsé ce fait en misant sur un casting ''jeune''. Il aurait été tellement intéressant qu'on profite de l'occasion pour présenter les femmes plus âgées comme des personnes inspirantes et compétentes.




J'avouerais que je n'avais pas de grandes attentes en visionnant le film. À vrai dire, j'attendais la scène qui me ferait décrocher et où je me dirais que l'équipe de production n'a rien compris à la lutte des femmes. Et bien, ce moment n'est pas venu. En fait, j'ai été agréablement surprise. Le film Les dames de Dahendam n'est certes pas un chef d'oeuvre cinématographique, mais l'histoire est rapportée avec justesse. C'est un film léger avec des touches d'humour, tout en gardant un message fort et toujours d'actualité : l'égalité entre les hommes et les femmes.



Je le conseille fortement! (Puisqu'il est léger et divertissant, je le trouve parfait pour discuter du sujet avec des jeunes)


Des images d'archive de la grève des couturières de Ford de 1968





Lien
Plus d'info sur la grève: Ford sewing machinists strike of 1968

lundi 18 avril 2011

Le test Bechdel

C'est quoi le Bechdel Test?

Le test de Bechdel (ou le test de Bechdel/Wallace) a été développé par Liz Wallace et est devenu populaire grâce à Alison Bechdel et sa bande-dessinée Dykes to Watch Out For.

Le test mesure la représentation des femmes dans les films. Pour passer le test, 3 critères...

  1. Y a-t-il au moins deux personnages féminins…
  2. qui parlent l'une avec l'autre…
  3. au sujet d’autre chose qu’un homme ?
Le test en soi ne garantit pas que le film soit bon, féministe ou innovateur. En réalité, il éclaire le fait que les femmes sont mal représentées dans l'industrie du cinéma. Pour ma part, je le vois beaucoup plus comme un prétexte pour discuter et débattre de la place des femmes dans le cinéma.

Il serait même intéressant de pousser la réflexion plus loin, en réfléchissant sur d'autres questions concernant la représentation et l'image des femmes lorsqu'on regarde un film:


Y a-t-il une ou des femmes...
qui ne sont pas blanches?
qui ne sont pas mères?
qui ne sont pas hétérosexuelles?
qui sont âgées?
qui vivent un handicap?
qui sont féministes?
...et comment les représente-t-on si elles existent?
Est-ce que les femmes présentées ont toutes le même type de corps?
Comment représente-t-on leur sexualité?
Etc...

Vidéo en anglais qui parle du test et du fait que peu de films le passent. (Version sous titré en francais sur Télédebout)




Quelques films de l'année dernière qui échouent le test...



J'ai pris les films sur ce site qui recense les films qui échouent totalement, partiellement, avec des bémols ou réussissent le test (avec des débats sur certains films). Bechdel Test Movie List

Tout le monde peut ajouter des films sur le site, il pourrait être intéressant d'y ajouter des films québécois! Pour ma part le dernier que j'ai visionné est J'ai tué ma mère. Il ne passe pas le troisième critère si ma mémoire est bonne.

Pour en savoir davantage vous pouvez également consulter cet article avec un passage traduit qui explique qu'on enseigne aux auteurEs à ne pas représenter les femmes comme il se doit dans leurs productions.
Le texte original et complet, en anglais: Why film schools teach screenwriters not to pass the Bechdel test


G.S.

mercredi 19 janvier 2011

30 vies moins 2

Est-ce qu'il y en a parmi vous qui ont écouté les premiers épisodes de 30 vies, la nouvelle série de Fabienne Larouche? En gros, c'est la même chose que Virginie, sans Virginie et un peu modernisé j'ai l'impression. J'ai pas beaucoup écouté Virginie, donc j'ai pas de points de comparaisons. Les épisodes sont dispos sur tou.tv aussi.

J'ai remarqué quelque chose d'étonnant en écoutant les 3 premiers épisodes. Dans deux épisodes sur trois, le terme féministe a été utilisé, et pour désigner deux femmes différentes. Wow! me direz-vous, enfin une série qui nous donne de la visibilité. Hum... pas si certaine. Je vous mets en contexte.

Premier épisode:
On découvre les parents d'un jeune. La mère a un nouvel emploi depuis trois mois, c'est elle qui subvient au besoin de la famille. Le père s'est fait crisser dehors peu de temps avant et il vit TRÈS mal le fait de ne plus pourvoir au besoin de sa famille. Il se rabaisse beaucoup et surtout culpabilise sans arrêt sa femme parce qu'elle travaille et pas lui. Il dénigre les tâches à faire à la maison. On voit qu'il se sent rabaissé de ne plus être le pourvoyeur. À un moment, il dit à sa femme qu'il va "faire la femme" ou "la mère". Elle lui répond: "Je sais pas ce qui me dérange le plus : que tu te rabaisses ou que tu fasses le gros nono macho ". Ce à quoi il répond: "laisse faire la morale féministe, c'est vraiment pas le temps."

On peut interpréter ce passage là de plusieurs façons. À date pourtant, l'émission met beaucoup l'emphase sur le mal être du père. C'est parfaitement légitime qu'il soit déprimé, fâché d'avoir perdu son emploi. Pourtant en mettant l'emphase sur son malaise de ne pas jouer comme il faut son rôle d'homme pourvoyeur, je ne crois pas que l'émission nous rende service, ni aux femmes ni aux hommes. Elle le représente comme un personnage tourmenté, qui culpabilise sans cesse sa femme, lui fait regretter de travailler. Il lui fait entendre qu'elle ne s'occupe pas assez de leur enfant. Il se montre aussi très jaloux, va la voir à son nouveau travail sans sa permission, exige de voir son patron, car il ne lui fait pas confiance. Il faudra attendre plus longtemps pour voir comment leur relation évoluera, mais pour le moment, c'est problématique.

Troisième épisode:
Il y a dans 30 vies, un patron particulièrement atroce. C'est évident que l'auteure veut qu'on le déteste. Il oblige la mère (de l'épisode 1) à coucher avec lui si elle veut conserver son emploi et sa promotion, il profite de la précarité de son budget familial, etc. Un vrai de vrai trou de cul. À un moment de cet épisode il est au restaurant du mari de la personnage prof principale, Gabrielle. Alors qu'il attend à la caisse pour payer, il appelle la caissière "pitoune". Gabrielle lui répond: "C'est Katia son nom." Il rétorque : "Ça te dérange tu, ma belle?". Elle répond: "Le mien c'est Fortin." Il se tourne vers le mari de Gabrielle et lui dit : "Laisse pas rentrer des lesbiennes féministes enragées, chef, tu vas perdre ta bonne clientèle." Quand le chef lui répond que c'est sa femme, le trou du cul lui dit : "C'est pour ça que tu cuisines ahah". Il finit par donner un giga pourboire à la serveuse, et il lui dit : "Tiens pitoune, tu le mérites. Tout s'achète." Et il part.

C'est clair qu'on est supposé haïr le personnage. Le problème avec cette scène là, c'est qu'il gagne. Il fait à sa tête, il paye la caissière, l'appelle pitoune, insulte la femme du boss, et il part pareil tranquille, parce qu'il a du CASH. Donc, l'insulte reste valide, ce qu'on retient c'est que Gabrielle est pas lesbienne, mais elle est quand même féministe frustrée. D'ailleurs au moment où le trou de cul dit "pitoune", le mari de Gabrielle fait tout de suite une face de "oh non, ya pas dit ça" parce qu'il sait qu'elle va réagir. Il s'attend à sa réaction. De là à savoir s'il la trouve enragée ou pas, ça serait de la sur interprétation.

Donc, ya ben du stock à analyser dans cette nouvelle série. Pour le moment, on connait pas assez les personnages et l'histoire pour vraiment déterminer l'intention de l'auteure. Les deux exemples que j'ai donné sont déjà surprenants, reste à voir comment ça va évoluer. À suivre! En passant, si vous êtes pas d'accord avec mon interprétation, ou si vous avez d'autres exemples, hésitez pas à commenter!