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lundi 29 août 2011

Manuel de féminité/virilité 101


Je suis tombée sur des articles assez incroyable sur le site de WikiHow. (Un wikipedia style manuel d’instruction)
Besoin d’un cours sur comment être féminine? C’est votre jour de chance parce que Wikihow a des articles pour vous… How to Be Girly et How to Be a Girly Girl (Comment être féminine et comment être une fille féminine) Les garçons ne sont pas oubliés et on y retrouve également How to Be Manly. (comment être virile/masculin)

D'abord, pour les partisans des arguments essentialistes qui défendent l'idée de LA femme dotée d’une féminité innée et pas du tout construite... j'ai une seule question, si c'est naturel et si évidemment inscrit dans notre génétique pourquoi avoir besoin d'un article pour nous expliquer comment en être une?!

Au-delà de cela, il est également intéressant de s’attarder aux caractéristiques et rôles que ces pages associent à la féminité et à la masculinité.

Je vous épargne les articles complets, j’ai sorti les grandes lignes.




Comment être féminine


Dans les étapes à suivre :

-Si vous allez à une école qui exige l'uniforme, mais voulez rester féminine vous pouvez porter du gloss ou des bijoux.
-Toujours prendre une douche tous les jours.
-Toujours brosser vos dents 3 fois par jour, une fois le matin, le soir et la nuit.
-Toujours prendre soin de vos cheveux pour qu’ils soient magnifiques.
-Lorsque vous êtes en public et même à la maison assurez-vous de surveiller vos manières.
-Assurez-vous que vos vêtements soient super mignons.
-Le vernis à ongles est un élément important, même chose pour les sacs à main.
-Le maquillage est absolument nécessaire.

S’ajoutent des conseils…

-Essayez d'être gentille avec tout le monde, même si vous détestez certaines personnes. Ne le laissez pas montrer, voyez le bon côté des gens!
-Quand vous marchez, ne vous contentez pas de marcher normalement, mais marcher avec style comme un modèle.
-Si vous faites du sport essayez le patinage artistique, la danse ou les meneuses de claques. Tous les sports auxquels vous êtes douées ! Tant que vous ne vous salissez pas trop.



Dans le second article, les étapes sont séparées en 3 catégories, mais on tourne encore autour des mêmes choses…


1-Entretien, Maquillage & Santé

-Prenez soin de votre peau.
-Portez du maquillage.
-Pomponnez-vous tous les jours.
-Ayez une bonne hygiène, rasez-vous.
-Prenez soin de vos ongles.
-Prenez soin de vos cheveux.
-Gardez vos dents belles et blanches.
-Ayez des bons goûts vestimentaires.
-Trainez un sac à main.

2- Vêtements & Style

Assurez-vous que vos vêtements soient super mignons, féminins et à la mode.

3-Comportement

-Remplacez vos mouvements maladroits et brusques par de beaux gestes gracieux. -Soyez gracieuse.
-Avoir une personnalité brillante, pétillante et heureuse.
-Apprenez à bien parler. Jurer ou parler fort ou avec un accent que personne ne comprend n’est pas attirant ni distinguée.
-Arrêtez de jurer.
-Ne vous empiffrez pas de nourriture - mastiquez vos aliments et ne faites pas de bruits.
-Soyez toujours gentille et généreuse



Bref, un des articles le mentionne lui-même, la beauté a un prix, les filles! En somme, il faut souffrir pour être belle. Un autre adage qui me vient en tête pour résumer le contenu de l’article ; Sois belle et tais-toi! Absolument tout tourne autour de l’apparence physique ou des comportements dociles et avenants avec les autres.


Comment être masculin

Premièrement, fait intéressant à noter, l’article décrit la masculinité en plusieurs dimensions. Il semble donc qu’être un homme viril serait plus complexe et complet qu’être une femme féminine.

Il y a sept piliers de la virilité. Pour être vraiment viril, essayer de progresser dans le plus grand nombre possible

Comprendre et devenir un mâle viril

Physique
-Les hommes virils sont physiquement plus puissants et plus impressionnants que les femmes ou les hommes efféminés
-Le mâle viril n'est pas obsédé par l'apparence physique ou le processus naturel du vieillissement

Fonctionnelle
-Être à la tête de la famille avec une partenaire et des enfants qui dépendent de vous c’est être un père masculin. Quand vous en serez un, vous pourrez assumer l'autorité et avoir la responsabilité de diriger les autres.

Sexuelle
-Il est considéré comme viril d'être sexuellement affirmé, confiant et expérimenté
Pour y parvenir, travaillez pour devenir confiant sexuellement et dominant. Ensuite vous pourrez poursuivre des partenaires, ne vous contentez pas d'exprimer timidement votre intérêt ou votre désir.

Émotionnels
-Être trop émotif est un manque de contrôle sur soi et son environnement.
-Un leader assumé vers qui les autres se tournent doit être en contrôle de ses émotions.
-Pour y parvenir, critiquez honnêtement vos état ​​émotionnels et attaquez-vous à vos faiblesses dans toutes les situations.

Intellectuelle
La virilité est logique, intellectuelle, rationnelle, objective et pratique, pas ouvertement émotionnel.

Interpersonnelle
La virilité est auto-satisfaisante et elle ne cherche pas, ni n’a besoin de l'approbation des autres

Distinctifs
La virilité est sauvage et cherche l'état sauvage. Pour y parvenir, achetez une arme à feu et allez chasser.


Bref, un mélange de puissance, confiance, leadership et tout cela sans émotion ou autres signes affreux de faiblesses. Ici c’est plutôt; Sois fort et domine!



Les deux portraits girly et manly semblent tellement caricaturaux qu’on en vient à se demander si c’est vraiment écrit de manière sérieuse. Pourtant quand on regarde l’ensemble c’est bel et bien les messages que la société projette. On valorise les jeunes filles pour leurs corps, on leur apprend à vouloir être belles à n’importe quel prix (chirurgie, achat de millions de produits, diète, mode, etc.) et à être dociles tandis qu’on apprend aux garçons à dominer, à avoir confiance en eux et à refouler leurs émotions.

Ces stéréotypes sont tenaces et toutes personnes qui en dérogent se fait souvent sermonner, punir ou rejeter. J’ai fréquemment entendu le «Une fille qui sacre c’est pas beau tu sais!», «Une telle devrait s’arranger.» (S’arranger?! Les femmes sont naturellement laides et doivent se réparer… quoi!?) et «Un grand garçon ça ne doit pas pleurer ».

Il est intéressant de voir un portrait d'ensemble de tous ces stéréotypes associés au genre (même si ce n'est pas du tout le but des articles WikiHow). En lire la longue liste mets bien les choses en perspective et fait ressortir le non sens de socialiser les enfants à y correspondre.


G.S

mardi 19 juillet 2011

Le sexisme n'épargne pas le sport

C'est moi ou il me semble que dernièrement à chaque fois que j'entends parler de sport féminin, on martèle encore et encore le même foutu message : La performance physique et le sport sont associés à la virilité et pour qu'il soit socialement acceptable d'y intégrer les femmes, elles doivent à tout prix ''prouver'' leur féminité ainsi que leur hétérosexualité en plus de chercher l'approbation du regard masculin.

Je m'explique...

-La fédération de badminton a voulu cet été imposer le port de la jupette aux joueuses (le choix entre short ou jupette appartenait auparavant à la joueuse) pour rendre le sport ''plus esthétique'' afin d'attirer des spectateurs. (face à la controverse soulevée, elle a reporté la décision en décembre)

-Le football lingerie devient de plus en plus populaire. Il est même envisagé que Montréal est son équipe.

- On a appris récemment que la Fédération nigériane de soccer menait une véritable chasse aux sorcières contre des joueuses de l’équipe nationale ''suspectées'' d'être homosexuelles.

- Certaines membres de l'équipe féminine allemande de soccer ont posé pour Playboy afin de, selon leurs dires, promouvoir la Coupe du monde 2011 et montrer que les joueuses de soccer ne sont pas toutes des lesbiennes «butch et laides».


- Une des affiches de promotion de la Coupe Rogers...

« Venez pour les filles, restez pour les légendes. »


Bref, c'est presque hallucinant combien on parle de leurs physiques, de leurs vêtements, de leurs orientation sexuelles, de leur capacité à ''vendre'' leur sport par leur beauté... pour ce qui est de leurs performances, et bien, c'est secondaire semble-t-il!

J'ai déjà lu ce commentaire d'un internaute qui représente bien l'idée que le sport est supposément incompatible avec les femmes à cause de la dualité (virilité/féminité) associée au genre.

«Take of the hockey equipment, you look so stupid. You think we men like that? you think we men are turned on by that? Get real and get a clue. We men hate women who act tough and want to compete with us, we want you soft and femine and pretty. What happend to the time when your girlfriend came to watch you play hockey? Feminist garbage in male sports must be eliminated! »

Traduction:
Prenez l'équipement de hockey, vous semblez si stupide. Vous pensez que nous les hommes aimons cela? Vous pensez que nous les hommes sommes allumés par ça? Soyez réalistes. Nous les hommes détestons les femmes qui agissent comme des durs à cuire et qui veulent rivaliser avec nous, nous voulons que vous soyez douces, féminines et jolies. Qu'est-il arrivé de l'époque où votre copine venait vous voir jouer au hockey? Les ordures féministes dans les sports masculins doivent être éliminé!
J'ai pris un exemple extrême me direz-vous, mais reste que plusieurs pensent de cette façon et que le discours ambiant dans les sports féminins tend vers un message semblable qui se résume à : D'accord, pour les sportives, mais ne remettez pas en cause votre genre, soyez douces, féminines, hétéro et jolies...

Le sexisme n'épargne donc pas le sport, je dirais même qu'il y est plus exacerbé du fait que les femmes qui s'y aventurent remettent en question une des chasse gardée de la virilité.

G.S.

lundi 27 juin 2011

Sophia Wallace - Clichés inhabituels



Sophia Wallace est une photographe américaine qui utilise la photo pour questionner le genre, l'hétérocentrisme et la notion de race. Sa série qui m'a le plus frappé est On beauty où elle a photographié des modèles masculins dans des poses qui sont traditionnellement jugées féminines.



Au sujet de sa série:

«[...] J'ai utilisé des top modèles qui représentaient l'idéal de la masculinité, pour explorer la construction du genre. [...] J'étais curieuse de voir quel serait le résultat si je photographiais des hommes avec les règles non écrites qui dicte la façon dont les femmes posent conventionnellement dans la photographie et la peinture. [...]En gros, j'ai demandé aux modèles de regarder ailleurs, d'être regarder. Je leurs ai demandé de garder leurs bras proche de leur corps comme s'ils étaient vulnérables. Ce n'était pas ''naturel'' pour eux. [...]» Traduction libre

Elle lance également plusieurs pistes de réflexion:

« [...] De notre œil d’observateur, peut-on regarder la vulnérabilité dépeinte artistiquement sans l’associer avec un genre? [...] Un rejet de la féminité chez les hommes révèle quoi sur la misogynie? [...] » Traduction libre


Elle a d'autres séries intéressante comme Girls Will Be Boys qui documente la masculinité chez les femmes.

Pour visiter l'ensemble de son travail; sophiawallace.com et sophiawallacephotography.com

Une critique du site Bitchmagazine (anglais): Sm{art}: Sophia Wallace: Not Your Typical Fashion Shoot

G.S.

mardi 22 février 2011

Pour éviter que nos enfants naissent à nouveau dans des feuilles de choux

L'éducation sexuelle dans les écoles suscite bien des réflexions ces derniers temps dans les médias. On se demande si c'est le travail des parents ou des profs de la faire. S'il ça doit être des cours spécifiques ou bien des petites parties dans toutes les matières. S'il faut seulement parler de prévention (grossesse, ITSS, etc) ou aussi de plaisir, d'amour, de respect. Dans la catégorie " Ce qu'il ne faut absolument pas faire", voici une série de capsules créées par l'organisme états-unien Amplify your Voice. Cette série explore le contenu de cours d'éducation sexuelle qui consistent en fait à promouvoir uniquement l'abstinence avant le mariage. Non seulement, ces cours sont complètement archaïques en voulant réprimer la sexualité des adolescent-es, mais ils regorgent en plus de stéréotypes sur les hommes et les femmes plus absurdes les uns que les autres. C'est évident qu'on en arriverait jamais là ici, et pourtant, ces capsules nous rappellent ce qu'il en était de l'éducation sexuelle au Québec il n'y a pas si longtemps...



Traduction plus bas

Bear 1: What did you learn in abstinence-only class today?

Bear 2: First the teacher passed around a rose and had us each take off a petal. Then she said the rose was now like someone who has had sex before marriage. They lose their beauty and value.

B1: Hmm. Well that is a little troubling.

B2: Then she told us that having sex is like reaching into a bag of candy where some of it has been chewed and spit back into the bag. Who would ever want used candy?

B1: Really? Someone who has had sex is the same as partially chewed and spit out candy?

B2: That is what we learned. Then she told us to imagine a really gross toothbrush that a lot of people have used. If you have sex, you’re the toothbrush.

B1: That is awful.

B2: The next thing is the speaker gave me a sign that said virgin. Then she had everyone spit in a cup. She passed me the cup.

B1: No please don’t say it.

B2: Then she asked me to drink the spit.

B1: No no no, why, why would anyone do this.

B2: She said that is what losing your virginity is like.

B1: Like drinking a cup of other people’s spit?

B2: Yes.

En gros, le prof leur dit que s'illles ont fait l'amour avant le mariage, illes seront comme une rose dont on a arraché les pétales. Illes perdent leur beauté et leur valeur. Que faire l'amour est comme piger un bonbon dans un sac où quelqu'un en aurait jeter un qu'il avait déjà mâché. "Qui voudrait d'un bonbon déjà mâché?" Faire l'amour, c'est comme être une brosse à dent sale que tout le monde a utilisé. Finalement, le prof demande à tout-es les étudiant-es de cracher dans un pot, et à la dernière, identifiée comme "vierge" de boire le contenu, en expliquant que c'est pareil comme perdre sa virginité.

Pas très ragoûtant, non? J'imagine pas les enfants quand ils sortent de là...C'est parti pour une vie de culpabilité face à la sexualité!

Dans une deuxième capsule, on en apprend plus sur les relations hommes-femmes...



Traduction plus bas

What did you learn in abstinence-only class today?

Today we had a special lesson called “Relationships.” The speaker told us a story about a prince and a maiden. A dragon is attacking the maiden’s home, and the prince tries to slay it. The maiden suggests he uses a rope instead of a sword. He does. He kills the dragon. Then another dragon attacks. The maiden suggests he uses poison this time. He does. But he’s mad about all the suggestions. He leaves the princess for another maiden who doesn’t know anything about dragon-slaying. So we learned not to ask like the first maiden, because too many suggestions will drive a guy away.

I don’t think I understand. Let’s try this again. So the dragon is attacking?

Yes.

It is an emergency situation in a clearly dragon0infested countryside.

Yes.

So the princess shares her ideas about it.

That’s right.

And the prince – he leaves her.

Yes. She ruined his confidence and made him feel ashamed.

By suggesting other ways of killing dragons.

Yes.

What if she was just worried about his safety? What if she just wanted to prevent damage to his sword? What if she had done read some studies on the most effective dragon-slaying methods?

We didn’t really get into that.

Come to think of it, the maiden seems to really know a lot about dragon-slaying. Why couldn’t she slay the dragon herself? Why isn’t she better off without the prince anyway if he’s so threatened by her ideas? Did you class talk about that?

Not really, just that he was happier with the other maiden.

Right, the girl who has no ideas.

None that she tells the prince anyway.

Does the prince talk to the first maiden about her suggestions made him feel?

No, he just sent off with the other maiden.

And the lesson was that girls should not share many of their ideas because they will scare off princes.

That’s what the speaker told us.

Résumé : On leur raconte l'histoire d'un prince et d'une jeune femme. Un dragon attaque la maison de la fille. Le prince décide de le pourfendre avec son épée. La fille suggère qu'il utilise plutôt une corde et ça fonctionne. Un autre dragon arrive et elle lui suggère cette fois d'utiliser du poison, ce qu'il fait. Pourtant il se fâche et laisse la fille pour en rejoindre avec une autre " qui ne connaît rien de la chasse au dragon". Donc, elles apprennent à ne pas poser trop de questions ni faire de suggestions, car ça fait fuir les hommes. Le prince choisit celle qui n'a pas d'idée, car l'autre l'a rendu honteux et lui a fait perdre sa confiance en lui. (C'est drôle, ça me fait penser à un certain discours ambiant...masculiniste pour ne pas le nommer.)

La troisième capsule traite de mariage-a-tout-prix et surtout pas de mariage homosexuel. L'homosexualité est complètement évacuée de la réalité et les unions hors mariage sont considérées comme malsaine, etc.

La quatrième capsule porte, encore, sur les différences hommes/femmes. Dans ces cours, on y apprend évidemment que toute différence est naturelle. On peut l'observer en analysant la façon dont les jeunes portent leurs livres. Contre leur poitrine (comme si c'était un bébé) pour les filles et sur la hanche pour les garçons... Bien sur, les filles ont besoin d'amour, de respect et de support financier, tandis que les gars veulent que les filles les croient forts et ont besoin de quelqu'une pour faire le ménage et la cuisine. De plus, les filles doivent faire attention à la façon dont elles s'habillent, car "Girls are more like crockpots. Boys are like microwaves. Because they heat up faster." Donc, c'est la responsabilité de la fille de s'assurer que le gars ne va pas "se réchauffer" trop vite...

Voilà donc de merveilleux cours, où on apprend que seul le mariage importe, qu'hommes et femmes doivent bien respecter leurs rôles, que la sexualité est honteuse, que l'homosexualité est inexistante ET que la femme est responsable si elle se fait agresser. Bravo.

Histoire de vous consoler, une page marrante de la BD Titeuf.



dimanche 30 janvier 2011

Être enchaînées et s'aimer?

Lorsqu'on entend "prison", on pense d'abord "hommes", puis "violence", souvent "sexualité" et "échapper son savon". Vous voyez le principe. Évidemment, il y des femmes prisonnières (3% en France) et elles peuvent aussi vivre une sexualité en prison.


Selon Gwénola Ricordeau, " (l)es raisons de l’invisibilisation des femmes incarcérées (...) et de leur sexualité sont certainement à chercher dans les représentations communes de la sexualité des femmes, mais aussi des identités sexuées et des rapports sociaux de sexe qui réduisent les femmes – dedans encore davantage que dehors – à des mères ou à des épouses."




Dans son article Sexualités féminines en prison : pratiques, discours et représentations, Ricordeau parle du peu de recherches ayant été effectuées d'abord sur ces femmes et encore plus sur leur vie sexuelle taboue. Elle émet certaines hypothèses concernant cette situation. Elle effectue donc une série d'entrevues avec des hommes et des femmes emprisonné-es sur la question de la sexualité féminine en prison.

Elle explore plusieurs aspects de la sexualité féminine et de sa répression en prison, mais aussi les conceptions genrées qui sont à l'œuvre dans le milieu. On y retrouve des données sur l'homosexualité féminine, les perceptions du désir féminin versus le désir masculin avec témoignage à l'appui. « La frustration, ça doit être plus dur pour les femmes. Nous, on a la veuve poignée, on a les pornos. […] On m’a dit que si, en tant qu’homme, vous allez chez les femmes, vous vous faites violer ! » (Renald, Clairvaux).


Un exemple intéressant concernant les rôles et stéréotypes masculins/féminins: une expérience française appelée Unité de Vie Familiale (UVF) garantit un endroit où rencontrer ses proches dans l'intimité pour les détenu-e-s. Alors que pour les hommes, cet endroit est considéré comme un "parloir intime ou sexuel", pour les femmes il s'agit d'un endroit pour maintenir le lien des mères avec leurs enfants. Donc avec la prison," on punirait les hommes par la privation des femmes (et donc de sexualité), (et), on punirait les femmes en les privant de leurs enfants ou de la possibilité de procréer."



On y parle de "safe sex" :

"Si dans la plupart des établissements, l’accès aux préservatifs masculins est possible, les préservatifs féminins (fémidons) sont eux distribués exceptionnellement. De plus, la politique de prévention des transmissions des maladies et infections sexuellement transmissibles, imparfaite certes, menée dans les prisons d’hommes, n’a pas d’équivalent dans les détentions féminines. Selon un préjugé tenace, les rapports sexuels lesbiens seraient exempts de risques de contamination."

L'auteure traite finalement des relations des détenues avec le personnel surveillant de sexe opposé, des agressions à caractère sexuel et des rapports de pouvoir entre détenues.

Je ne vous ai donné que quelques bribes de cet article très intéressant. Je vous invite fortement à le lire en entier!

Les très belles photos sont tirées du JailProject.





jeudi 20 janvier 2011

Gender policing; Justin Bieber et les tests de féminité dans le sport


‘’Gender policing’’ (difficilement traduisible en français) fait référence aux attitudes qui imposent une perception du genre à une autre personne. Le terme policing ne fait pas allusion à une institution organisée comme la police, mais à une norme sociale très bien ancrée qui vient renforcer et maintenir la vision binaire du genre, les idéaux sur la féminité/masculinité et l’hétérosexualité. Toute transgression de cette norme peut être soulignée par des comportements de gender policing. Ainsi, une personne qui ne correspond pas à la vision de la société sur son genre devra subir les railleries, critiques et autres violences verbales allant parfois jusqu’à la violence physique et sexuelle. Deux cas de gender policing dans l’actualité m’ont le plus marqués : Justin Bieber et les tests de féminité dans le sport.

Note : Pour les incultes (ou les chanceux et chanceuses selon le point de vue) qui, comme moi il y a quelques mois, ne savent pas qui est Justin Bieber, c’est un jeune chanteur américain de musique pop de 16 ans.

Personnellement, je n’aime pas particulièrement cet artiste et encore moins sa musique, mais au-delà des goûts personnels, le traitement qui lui est réservé par une partie du public est assez pénible et révélateur…

Voici quelques blagues qui circulent sur le web :

I called Justin Bieber gay, and he slapped me with his purse.
(Trad: J’ai traité Justin Bieber de gay et il m’a frappé avec sa sacoche)

Justin Bieber is the Brand Ambassadors of sanitary pads.
(Trad: Justin Bieber est le nouvel ambassadeur des serviettes sanitaires.)

Justin Beiber will star on next transformer movie , his name in transformer will be “Faggatron” .
(Trad : Justin Bieber va jouer dans le prochain film de Transformers, son nom de Transformers va être ‘’Tapettron ‘’)

et maintenant des noms de groupes sur facebook

“What is Justin Bieber doing out of the Kitchen?”
(Trad: Que fais Justin Bieber hors de la cuisine)

“It is an offence that we need to share the same gender as Justin Bieber”
( Trad: C’est une insulte de partager le même genre que Justin Bieber)

“If Justin Bieber was a woman…oh wait, never mind”
( Trad: Si Justin Bieber était une femme … oh attendez, peu importe)

“Leave Justin Bieber alone, stop making fun of HER!”
( Trad: Laissez tranquille Justin Bieber, arrêtez de vous moquer d’ELLE)

Who thinks Justin Bieber is gay and sings like a girl?
(Trad: Qui pense que Justin Bieber est gay et chante comme une fille?)

I HATE justin bieber because he sounds like a girl !!
(Trad: Je DÉTESTE Justin Bieber parce qu’il chante comme une fille)


Comme souligné dans un article de Fbomb : Gender Policing and Justin Bieber, qu’est ce que toutes ces blagues et commentaires sur le genre de Justin Bieber révèlent sur la vision de la société sur le genre féminin? (J’ajouterais également sur notre vision de l’homosexualité)

Son physique plus féminin et le ton de sa voix font en sorte qu’il ne cadre pas parfaitement à l’image de la virilité associé à son genre. Le gender policing est alors utilisé par les personnes qui cadrent mieux dans le moule masculin, les «vrais» mâles, pour renforcer les limites qui encadrent leur genre. Ainsi, une personne qui sort de ces limites va être traité de gai, tapette, fif, efféminé pour en quelque sorte le remettre à sa place. Dans le cas de Bieber, il semble qu’il soit tellement considéré comme non mâle qu’on l’a associé au genre féminin. Inévitablement, si on survalorise la masculinité, toutes les manifestations de son contraire, comme la féminité, chez un garçon, vont être dénigrées et pointées du doigt comme des choses dégradantes. (Un autre post faisant allusion à cet aspect)

Un autre homme qui a dû subir des commentaires désobligeants qui illustrent bien le gender policing est le patineur artistique Johnny Weir. En effet, suite à l’une de ses performances, des commentateurs sportifs, Alain Goldberg et Claude Mailhot, ont émis des commentaires en ondes sur son apparence. Ils argumentent à l’effet que Weir devrait passer des tests pour vérifier sa masculinité ou sa féminité, ils s’interrogent en rigolant s’il ne devrait pas être en compétition chez les femmes et vont jusqu’à dire qu’il nuit à son sport. Ces propos ont d’ailleurs été dénoncés par le Conseil québécois des gais et lesbiennes (CQGL).

Extrait : « Il a du rouge à lèvres. Il s’habille de façon féminine. Il essaie d’être le plus féminin possible sur la patinoire. Ça laisse une image assez amère sur le patinage artistique. C’est très ennuyeux parce qu’on pense que tous les garçons qui patinent deviendront comme lui.» — Alain Goldberg
Johnny Weir

Ces propos révèlent qu’un homme qui s’approche des caractéristiques associées au féminin est considéré comme une honte et il est permis de le ridiculiser sur la place publique (donc de faire preuve de gender policing)


Bref, quand tu ne cadre pas avec le modèle du «vrai mâle viril», le premier moyen de t’insulter est de te traiter d’homosexuel et ensuite de te traiter de femme… assez éloquent sur la valeur qu’on donne à ces deux groupes de personnes.

Un peu dans le même ordre d’idée, les tests de féminité dans le domaine du sport font partie, de mon point vue, des attitudes de gender policing, car ils consistent à remettre en cause le genre des athlètes féminines lorsqu’elles performent.

Un test de féminité est un test pratiqué lors des compétitions sportives pour déterminer si les sportives professionnelles ne seraient pas des hermaphrodites ou des femmes androgynes. (wiki)

Ils sont très contestés, car ils ne sont pas totalement fiables et le sexe génétique est extrêmement complexe. Chez des personnes intersexes, il est presque impossible de «classer» la personne comme mâle ou femelle. De plus, ne tenir compte que du sexe génétique occulte l’influence du sexe social, psychologique et physique de la personne. De plus, les résultats des tests ont des effets stigmatisants sur les personnes qui les subissent.

Le cas de Caster Semenya qui a fait les manchettes en 2009 représente bien l’attitude générale entourant les tests de féminité. Elle remporte aisément la finale du 800 mètres féminin aux championnats du monde d'athlétisme à Berlin. Sa victoire fait rapidement les manchettes, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire ce n’était pas pour rapporter son exploit, mais pour parler de doutes visuels sur son genre biologique. On la juge trop musclée, sans poitrine, avec un bassin trop étroit et trop de pilosité, bref son apparence est trop non conforme aux stéréotypes féminins, elle ressemble à un homme. On lui fera alors passer des tests de féminité qui révèleront qu’elle serait hermaphrodite.



Quant est t’il du côté des hommes? Il semble que quand ceux-ci ont des performances incroyables, on est soit admiratif ou on les soumet à des tests de dopage. On ne remet pas leur genre en question, en fait la performance physique vient confirmer leur virilité.

Je trouve les derniers questionnements d’un article, que j’ai lu et vous conseille sur le sujet, particulièrement pertinents : Pourquoi lui refuser de concourir dans la catégorie qui correspond à ce qu'elle pense être au plus profond d'elle-même ? Enfin, pourquoi évoquer le dopage quand l'exploit est masculin et mettre en doute l'identité sexuée de l'athlète quand l'exploit est féminin?

Bref, le gender policing vient donc tenter de renforcer l’idée que seul deux genres existent et qu’ils correspondent à deux modèle très précis, la masculinité/féminité, dont il ne faut pas déroger. En plus, il sous-tend qu’entre les deux modèles, la féminité et les caractéristiques qui y sont relié sont inférieures et quand elles sont présentes chez un homme, elles sont dégradantes.

G.S