samedi 23 octobre 2010

Sport de filles, sport féministe ou sport pour public masculin?

On assiste ces derniers temps à une émergence ou une résurgence, selon les cas, de sports féminins. Bien qu'ils puissent exister depuis longtemps, les médias s'en emparent maintenant et en font la promotion. La plupart d'entre eux, sitôt qu'il s'agit d'un sport, ou d'une ligue uniquement féminine, tentent de les vanter, prétendant souvent que ces activités ont une tendance féministe.

Est-ce vraiment le cas? Comment définir un sport féministe? Un sport pratiqué seulement par des femmes? Un sport qui amène aux femmes une certaine autonomisation (empowerment)? Un sport qui ne sexualise pas les femmes le pratiquant? Les trois exemples les plus récents à notre portée sont le roller derby, le "lingerie football" américain et le "pillow fight".

Roller Derby

Le roller derby est un vieux sport, traditionnellement pratiqué par des hommes et des femmes. Aux États-Unis c'était un sport très violent, s'apparentant plus à la lutte qu'autre chose, tant pour ses combats sanglants que pour le spectacle (arrangé évidemment!). Ce sport a connu une "renaissance" (certaines équipes du roller derby old school existent encore) ces dernières années et surtout un remaniement de ses règlements. Les joueuses d'aujourd'hui sont des athlètes, ou en tout cas veulent être considérées comme telles. Elles s'entraînent 4 fois par semaine, doivent faire un camp d'entraînement pour entrer dans une équipe de la ligue. Tous les coups ne sont plus permis, l'équipement est obligatoire. Toute la publicité entourant les joueuses est encore très axée sur la violence bien que ça ne se concrétise pas nécessairement sur la piste.

Est-ce que le roller derby est un sport féministe comme certaines personnes le prétendent? Difficile à dire. D'abord, le sport n'est pas strictement féminin. Aux États-Unis et peut-être bientôt à Montréal, il y a des équipes masculines. La plupart des femmes qui témoignent de leur expérience, expliquent combien elles se sont senties plus fortes suite à l'expérience, plus sûres d'elles. Que le derby leur permettait d'exprimer une facette d'elles-mêmes qu'elles taisaient normalement (souvent une facette plus batailleuse, moins "féminine"). Côté empowerment, ça va. Le public à Montréal est surtout composé d'hipsters (les matchs sont dans le Mile-End...), de queer, de militant-e-s ou seulement de gens qui ont découvert le sport par hasard. Les filles sont peu vêtues généralement, mais elles ont la protection minimale (pas toujours suffisante peut-être). Les gens ne vont pas là pour voir des pitounes en minijupe, ils y vont pour voir une saine compétition, des filles motivées. Le sport est aussi très inclusif au niveau de l'apparence. Grosses comme minces, petites comme grandes, chacune à sa chance d'être dans une équipe si elle est efficace sur ses patins, c'est plutôt rafraîchissant. On verra que ce n'est pas le cas de tous les sports "féminins".

Lingerie Football


Une image et un nom valent mille mots. Ce que vous voyez ici, c'est un match de la Lingerie Football League. Un sport américain qui n'existe que depuis peu de temps. Une occasion pour les femmes d'enfin pouvoir entrer dans la chasse gardée qu'est le football américain, ou l'occasion pour une poignée de mannequins de se faire des blessures très graves?

Évidemment, certaines de ces joueuses prennent le sport très au sérieux. Si elles ont la chance d'avoir un physique idéal, elles pourront réaliser leur rêve de jouer au football professionnellement, à la condition d'accepter de jouer en sous-vêtements... Pour d'autres joueuses, l'important réside plus dans les photoshoots sexys et toute la publicité qui entoure leurs évènements. La publicité est très probablement leur plus grande source de revenus, bien qu'on constate dans certains cas que les filles paient plus qu'elles n'empochent.

Le public...bon on s'en doute, ce sont majoritairement des hommes qui écoutent ces matchs. On trouve partout sur des blogues des hommes qui affirment clairement écouter les matchs dans l'espoir que l'une des joueuses se fera arracher ses vêtements (ce qui se produit à l'occasion évidemment). Juste pour le fun, comparons les équipements masculins et féminins:



Pas besoin d'être super calé pour comprendre que leur risque de blessures est beaucoup plus grand. En fait, elles sont mêmes plus habillées durant les entraînement, ce qui en dit beaucoup sur la raison d'être de la ligue. Et pourtant elles jouent comme des hommes, selon les mêmes règles. Pourquoi ne pourraient-elles pas juste pratiquer ce sport comme des athlètes au lieu d'être obligées de s'exhiber en sous-vêtements devant un public qui se fiche de leur talent de joueuse?

Ce sport relève définitivement plus d'une espèce de pornographie très soft mêlée à un des sports préférés des mâles américains...

Pillow Fight



Vous comprenez le principe, il s'agit de lutte féminine. Avec des oreillers. Le reportage du Soleil nous apprend que la Pillow Fight League a été créee à Toronto dans les dernières années. En regardant le vidéo de la ligue, on constate que ça ressemble pas mal à la lutte qu'on est habitués de voir. La lutte masculine, parce les femmes lutteuses qu'on a l'habitude de voir à la télévision sont pas mal plus stéréotypées. On ne les appelle pas les "Divas" pour rien.

Dans le cas du Pillow Fight, l'organisateur de Québec se défend bien de proposer un divertissement uniquement masculin. On constate déjà que les filles sont plus habillées. Que leur but dans le combat n'est pas seulement d'arracher les cheveux ou les vêtements de l'autre en poussant des cris.

Le concept de créer une ligue de lutte féminine est intéressante, mais pourquoi l'oreiller? Les batailles d'oreiller sont typiquement féminines, un rituel de partys pyjama dans les films d'ados. Une activité inoffensive entre amies. Est-ce que le fait que les filles se battent avec des oreillers dans ce sport ne vient pas rassurer les gens sur leur féminité? "Ah elles se battent, mais avec des oreillers...c'est cuuuuute."

En conclusion, difficile de dire ce qui est quoi. Bien qu'on puisse facilement s'entendre sur l'absurdité du Lingerie Football, il est moins aisé de trancher en ce qui concerne les batailles d'oreillers. Pour ce qui est du roller derby, vous l'aurez deviné, je suis vendue. Le sport n'est pas parfait, mais il est prometteur. C'est intéressant de voir des femmes se tailler une place dans des sports typiquement masculins. C'est seulement dommage que dans la plupart des cas, elles aient à justifier leur activité par une sexualisation de leur sport. Elles peuvent faire ce qu'elles veulent tant qu'elles sont sexy en le faisant. Il y a définitivement encore beaucoup de chemin à faire pour qu'elles aient accès aux mêmes sports, aux mêmes possibilités d'en faire un métier et d'être respectées en le pratiquant. À quand une ligue de hockey féminine en sous-vêtements?

4 commentaires:

  1. tu n y connait rien au football. En lingerie football il n y a pas de field goal allor que en football americain oui et aussi les plaquage ne sont moin violent et le jeu est plus joue sur la passe et moin sur le run

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  2. Tu n'explique pas vraiment ce qu'entraîne ces différences!?!

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  3. Certe il y a la LFL, mais ça c'est parce que les nanas veulent bien s'exhiber et parce qu'elle n'ont pas le talent nécessaire pour intégrer un vraie équipe féminine (avec le même équipement que les hommes)

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  4. Petite correction par rapport au Derby...
    Ce ne sont pas majoritairement des "hipsters" qui viennent voir nos matchs (ils ne peuplent pas le Mile-End non plus)
    Les matchs en question sont généralement au Taz, qui se situe sur Papineau plutôt dans St-Michel.
    Il y a une équipe masculine à Montréal les Mont-Royals
    Puis évidement si tu veux jouer, tu es mandaté d'avoir TOUT l'équipement requis

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