Qu'est-ce que le mouvement masculiniste?
Ce mouvement mets de l'avant l’idée que les hommes vont mal et que la masculinité est en crise. La plupart du temps, ce discours relie cette crise aux femmes et surtout aux avancés du féminisme qui feraient en sorte que les femmes domineraient la société québécoise. Bref, le Québec vivrait sous le matriarcat. Les hommes seraient relégués à des rôles méprisables et seraient opprimés par les femmes.
Malheureusement, ce discours a fait son chemin dans les médias et bien des gens y croient de bonne foi. Il est donc fort possible que l’oncle Yves, grand-père Bertrand ou même la cousine Marie vous parlent du «fameux» matriarcat québécois.
Il est clair qu’il faut viser la réussite scolaire de tous les enfants. Cependant, il est faux de prétendre que les femmes sont responsables des difficultés scolaires des garçons. Les difficultés des garçons sont, fort probablement, bien plus reliées à l’effet des stéréotypes sexistes. Pourtant, loin de remettre en question la socialisation différenciée des garçons et des filles, les masculinistes la valorisent en réclamant un retour à des modèles traditionnels d’éducation et parfois jusqu’à la non mixité des institutions scolaires.
Ces solutions mises de l’avant par les tenants du discours masculiniste se réfèrent à un modèle unique et très restreint de la masculinité. L’ouverture à la diversité constitue néanmoins une bien meilleure manière d’améliorer le rapport à l’école des enfants et de les préparer à la vie en société. La réussite scolaire passe par la réduction des stéréotypes sexuels, pas leur renforcement et leur promotion.
Empiriquement, il est vrai que les hommes au Québec se suicident plus que les femmes, mais il est à noter que les masculinistes, qui font grand état de ces statistiques, ne les décortiquent pas. En effet, si on s'attarde aux catégories d'hommes les plus à risque, on retrouve les amérindiens, bisexuels et homosexuels. Chez les bisexuels et homosexuel, c'est souvent la pression sociale à se conformer au modèle hétérosexuel qui amène une détresse. D'ailleurs, les propos des masculinistes ne s'attardent qu'aux suicides des hommes blancs hétéros séparés ou divorcés.
La préoccupation seulement face au suicide des hommes occultent ceux des femmes. Effectivement, pour certaines tranches d'âge celles-ci se suicident même plus que les hommes. Pour les 30-49 ans en 1999-2000, il y a eu 5,2/10 000 suicides chez les femmes et 4,8/ 10 000 suicides chez les hommes.
Si on tient compte des tentatives de suicide, selon les statistiques, les femmes en font plus que les hommes ou se retrouvent à égalité. Comment expliquer la plus forte mortalité des hommes? Et bien, les femmes ont une tendance à se tourner moins souvent vers des méthodes plus meurtrières (arme à feu, monoxyde de carbone) soit parce qu'elles n'y ont pas accès, qu'elles ne sont pas familières avec celles-ci ou que leur socialisation ne les encourage pas à opter pour ces méthodes.
De plus, les causes des suicides sont variées et multiples. Le suicide est une problématique complexe qui ne peut se réduire à dire que les hommes souffrent à cause des femmes.
D'ailleurs, les cas qui se rendent jusqu'au juge pour trancher sont assez rares. En effet, les parents la plupart du temps s’entendent à l'amiable ou passent par un processus de médiation qui vise à trouver une entente. Une fois cette entente faite, le tribunal ne fait que l'entériner. C'est dans environ 12% des dossiers que les parents ne parviennent pas à s'entendre sur la garde et où le juge devra prendre une décision. La plupart des choix concernant la garde des enfants ne proviennent donc pas du système judiciaire, mais d'un accord mutuel entre les parents.
Le livre Le Mouvement masculiniste au Québec : l'antiféminisme démasqué sous la direction Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri
1) Je ne suis pas féministe, mais2) Seulement attendre là et être décorative est un peu ennuyant3) Finalement, je suis vraiment féministe