... on se retrouve devant la meute.
On parle beaucoup de Polytechnique ces derniers temps. Rien d'étonnant, le 20ème anniversaire (si on peut parler d'anniversaire, je déteste le mot dans ce cas précis) est dans quelques jours.
Polytechnique, il faut en parler, il faudra toujours en parler. Ce qui est aberrant, c'est de voir de qui on entend le plus parler. On se croirait revenues 20 ans en arrière, alors que ça venait juste se produire et que des hommes dans les lignes ouvertes et les journaux se vidaient le coeur et approuvaient le geste du tueur.
Dans les dernières semaines, on a beaucoup entendu parler de la sortie du film La domination masculine au RIDM de Montréal. Le réalisateur Patric Jean avait pour ce film, fait des entrevues avec des masculinistes québécois bien connus. Il devait venir lui-même présenter son film à Montréal et finalement, il a décidé de ne pas venir car il craignait des représailles des masculinistes. Certains, dont celui qui gère un blog à la gloire de Marc Lépine, prônait le recours à l'organisation de milice et à des actions violentes. Bien que ces évènements aient donnés de la visibilité au documentaire et à son contenu (excellent, soit dit en passant), ils ont aussi attirés encore une fois l'attention sur les masculinistes qui misent souvent sur le scandale pour faire passer leurs idées. Et comme nos chers médias sont férus de sensationnalisme, pas besoin de préciser que les deux se complètent à merveille...
Le dernier développement de cette saga? La semaine prochaine se tiendra un Colloque pour commémorer les vingt ans de Polytechnique et bien sur, certains et certaines craignent une action d'éclat contre le colloque. Encore une fois, le même blogueur a tenu des propos très inquiétants concernant les événements de Polytechnique. Il a été dénoncé et a du répondre de certains de ces propos. Ce qu'il a fait avec empressement à Radio-Canada, en parlant de son site comme étant "humoristique".
Il ne comprend pas l'émoi que cause son site et se défend bien d'être dangereux. « La récupération est tellement monstre. Nous, on dit ça n'a pas de bon sens, et on fait de l'humour », ajoute-t-il.
Bref, ce qui est le plus dérangeant, c'est que non seulement, 20 ans plus tard, il faut encore justifier pourquoi on garde cet événement en mémoire, il faut encore lutter contre les masculinistes, mais en plus, les femmes et les féministes vivent maintenant dans la crainte de se regrouper pour cet évènement (celui là parmi d'autres).
Ça suffit! À toutes les femmes qui doutent,qui ont peur de s'afficher comme féministes, qui ont peur d'aller à l'UQAM pour le colloque, qui ont peur que les masculinistes passent à l'action: ça suffit! On a pas à avoir peur, on a eu peur assez longtemps, et c'est pas une bande de gnochons qui vont nous empêcher de nous rappeler ce qui s'est passé, et pourquoi ça s'est passé. Ils ne vont certainement pas réussir à nous faire taire encore une fois. La place, on va la prendre. On le doit bien à toutes les femmes tuées et blessées par Lépine (et les autres) et on se le doit aussi à nous.
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