samedi 14 décembre 2013

SONDAGE: Le palmarès de la honte 2013

Bonjour à toutes!

Après une année mouvementée en sexisme de tout genre, les Furies vous sollicitent de nouveau pour notre sondage de fin d’année.  Notre stand de jeu illustre notre palmarès de la honte 2013 et vous invite à choisir la candidature la plus sexiste de l’année!

Après Stephen Harper en 2011 et les Républicains en 2012 qui sera l’élu de 2013?
Faites vos jeux! Nous dévoilerons les résultats en janvier.



Sans plus tarder voici nos candidats sur la ligne de départ!

1- Le gouvernement russe

Dans une montée de la répression en Russie, le gouvernement russe a voté cette été une loi interdisant la «propagande homosexuelle» devant mineur afin d'assurer la sécurité des enfants sous peine de fortes amendes. Dans la même lancée, une loi interdisant aux couples de même sexe, russes et étrangers, d'adopter des orphelins russes a également été votée. Cette croisade contre la communauté LGBTQ a permis de laisser libre cours à des agressions homophobes à travers le pays en toute impunité. 

Des députés aimeraient même aller plus loin, Elena Mizoulina a suggéré que l'État devrait avoir le droit de retirer à leur famille les enfants vivant avec des parents homosexuels. Elle a mentionné également que la chambre basse travaille actuellement à une nouvelle politique familiale, basée sur des valeurs «traditionnelles» comme le mariage hétérosexuel ou l'interdiction d'avorter.








2- Le chroniqueur Guy Fournier

Lors d’une entrevue de Pénélope McQuade avec l'humoriste Jean-François Mercier en juillet dernier, Mercier pose sa main sur le genou de l'animatrice pour attirer son attention. Lorsqu'il fait la même chose une seconde fois Pénélope McQuade, lui dit, à la blague : « Ça fait deux fois que tu me touches Jean-François. Je voulais te le dire... »

Quelques jours plus tard Guy Fournier revient sur l’évènement dans sa chronique ayant pour titre Va-t-on finir de féminiser Nico ?.
« Malgré le généreux étalage qu’elles font de leurs charmes, particulièrement l’été, la plupart des jeunes femmes d’aujourd’hui s’insurgent ou s’indignent dès qu’on les remarque ou que les regards masculins se font plus insistants »  […]
«Veut-on en arriver à une génération d’hommes si amorphes et si éteints qu’ils ne réagissent plus à rien? Des hommes qui sont toujours au neutre quelles que soient les tentations qui leur passent sous le nez? Des hommes toujours d’accord avec ce que madame propose, toujours plus niais aujourd’hui que la veille, mais moins que demain? »


D'ailleurs, Penelope McQuade a réagi à sa chronique

« Que mes jambes aient été dénudées, soit, qu’elles établissent un lien direct de cause à effet… Quessé ça ?! Et c’est là que ça devient dangereux. Non monsieur Fournier, des jambes dénudées ne donnent pas le droit de les tripoter. Non monsieur Fournier, un décolleté ne donne pas non plus le droit d’y plonger. Non monsieur Fournier, une femme peu vêtue, selon vos critères, ne contribue EN RIEN aux comportements d’autrui, comportements déplacés, vulgaires, violents, voire criminels d’individus qui ne peuvent gérer ce qui leur appartient de gérer. Non monsieur Fournier. »

3- Les compagnies pharmaceutiques

Le nombre de nouvelles inquiétantes concernant les contraceptifs durant l'année 2013 est hallucinant.

Au Canada, en février, un recours collectif a été intenté pour les pilules de quatrième génération, Yaz et Yasmin, montrées du doigt relativement à de graves problèmes de santé. Dans sa requête, la firme d'avocats soutient que Bayer a omis d'informer correctement médecins et patientes du fait que ces produits comportaient des risques sensiblement plus élevés que les contraceptifs oraux dits de seconde génération, qui utilisent un autre type de progestatif. Le document relève que la société «savait ou aurait dû savoir» que ces risques accrus pouvaient mener à des complications «sévères et potentiellement fatidiques» comme des thromboses, des embolies pulmonaires ou des arrêts cardiaques.

La société pharmaceutique doit aussi composer avec de nombreuses poursuites civiles intentées aux États-Unis par des femmes disant que des caillots sanguins se sont formés après qu'elles eurent utilisé ces contraceptifs oraux. L'entreprise a annoncé l'été dernier qu'elle avait accepté de verser plus de 400 millions de dollars en réponse à près de 2000 plaintes. En France, des poursuites ont aussi été intentées contre les fabricants de contraceptifs de troisième génération.

En avril, Santé Canada a annoncé que l'entreprise Apotex a dû procéder au rappel de 11 lots  de pilules anticonceptionnelles Alysena-28 suite à des erreurs d'empaquetage. Des emballages aurait contenu des placebos en surplus, plutôt que des médicaments actifs, soulevant le risque d'une grossesse non planifiée.

En août, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a décidé de bloquer pour le moment la vente de Diane-35 suite à son examen des rapports de décès de quatre jeunes femmes en lien avec Diane-35. Santé Canada a annoncé sa conclusion suite à une enquête selon laquelle les bienfaits de Diane-35 l’emportent sur les risques, dans les limites de l’utilisation pour laquelle il a été approuvé. Certains jugent la décision de Santé Canada contestable, étant donné qu’elle a découlé de la prescription généralisée de Diane-35 comme contraceptif, donc pour une utilisation non indiquée sur l’étiquette, et du non-respect des restrictions recommandées.


4- Le système de justice

Plusieurs histoires cette année permette de voir qu'à la fois l'institution et les personnes qui la représentent réussissent très bien à reproduire les inégalités envers les femmes. 

Un technicien de Bell a beau être coupable d’agression sexuelle sur une jeune cliente, le juge envisage de tout de même lui donner l'absolution parce que  « Ce n’est pas le crime du siècle », a t'il commenté devant la victime. Le magistrat a mentionné que l’accusé n’était pas un « méchant monsieur ». « Ce n’est pas un batteur et ce n’est pas un violeur, a commenté le juge Braun ajoutant que ce n’était ‘pas le crime du siècle’. Est-ce qu’un geste d’égarement mérite de perdre son emploi, de risquer tous les efforts qu’il a fait pour être ici ? »
Semble t'il que pour ce juge il y a des types d'agressions sexuelles plus tolérables que d'autres.... 



Aux États-Unis, une citoyenne afro-américaine, Marissa Alexander a écopé d'une peine de 20 ans de prison pour voies de fait grave avec une arme mortelle. Elle a tiré un coup de semonce lors d'une dispute avec son conjoint violent. Lors de sa défense elle a invoqué la loi de la Floride de légitime défense de son territoire (Stand your ground). La même loi qui a permis à George Zimmerman d'être acquitté après avoir abattu un jeune adolescent afro-américain. Dans le cas de Marisa Alexander, cette défense a été rejeté. La femme est présentement en appel de sa sentence et subira sous peu un nouveau procès. 




5- L'humoriste Gab Roy

*Trigger warning culture du viol*
Par où commencer…. Tout récemment, Gab Roy a fait beaucoup parlé de lui suite à la publication d’un texte où il décrit le type de relation sexuelle qu’il fantasmerait d’avoir avec l’actrice Marilou Wolfe.
Un extrait
« Bang bang, claque... Bang bang écartille les fesses pour cracher dans ton cul ... Marichienne... Te fourrer à 4 pattes de façon rude et impersonnelle... Toi et moi savons malgré tes grimaces tu adores quand je te surprends avec un doigt dans le cul... Combien de mes doigts énormes je peux enfoncer dans ta plotte... Celui qui va te harceler ... qui te fera sucer sa graine même s'il n'a pas pris de douche depuis 24 heures ... Combien de gag reflexe tu peux avoir avant de puke [vomi, NDLR]. »
Comme le dit si bien Jocelyne Robert dans son texte L'affaire Gab Roy , miroir de la culture du viol, nous sommes clairement en présence d'une fiction d'agression sexuelle. Face à la controverse, le billet a été retiré et Gab Roy s’est excusé en mentionnant qu’il avait écrit le billet pour « faire rire le monde » et que les personnes offusquées était les personnes qui ne sont pas familière avec son type d’humour vulgaire. Bref, c’était juste une blague!

Outre cette controverse, Gab Roy l’affirme lui-même « [Il nous] parle souvent des dérives, voire des dérapes du féminisme. » Le gardien autoproclamé du «bon» feminisme n’y va pas de main morte pour dénoncer les «mauvaises» féministes.

Il a déjà publié le billet facebook d’une femme qui parle de harcèlement. Il mentionne, oh combien, elle est beaucoup trop radicale, hystérique et folle. Il a également mis sa photo de profil ainsi que son nom en ajoutant :
 «Mais la plus grande contradiction soulevée par ce texte est probablement celle-ci: VOIRE QU’AVEC CETTE FACE LÀ TU T’ES DÉJÀ FAIT HARCELER SEXUELLEMENT!»

Dans un autre billet, en réponse à un texte feministe sur Urbania :
«HEILLE MA TABARNAK DE CONNE, TU RÉALISES-TU QUE DANS TON DÉCHET DE TEXTE…»

Pour terminer, une autre glorieuse citation en réponse à un texte féministe qui critiquait l’appropriation culturelle de Miley Cirus :
«La conne de la semaine» […] «TA YEULE!» 
______________

Votre choix est fait? Résultats à venir! Joyeuses fêtes! 


La candidature la plus sexiste de l'année 2013?
Le gouvernement russe
Le chroniqueur Guy Fournier
Les compagnies pharmaceutiques
Le système de justice
L'humoriste Gab Roy





En bonus, voici quelques rétrospectives féministes de l'année 2013! (anglais)

Article : 28 Most Iconic Feminist Moments of 2013


Vidéo:

mardi 10 septembre 2013

Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes & Sisters in Spirit 2013


La journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes se déroule généralement le 3e vendredi de septembre. C'est un moment pour dénoncer la violence sexuelle faite aux femmes par des actions collectives qui par le fait même sensibilise la population.  Plusieurs évènements ont lieu simultanément partout au Québec dont plusieurs organisés par des CALACS (Centre d'action et de lutte contre les agressions à caractère sexuel).

Pour leur part, les vigiles de Sisters in Spirit, organisées par l'Association des femmes autochtones du Canada, se tienne le 4 octobre afin de commémorer la vie des femmes autochtones disparues et assassinées.


Les Furies, comme les années précédentes, ont établi la liste des activités pour cette journée et vous invite à y participer ( ou à prendre l'initiative d'en créer)!

Si nous avons oublié des évènements, n'hésitez pas à nous écrire : lesfuries@gmail.com

Grand-Mère
18 septembre 2013 à 17h
Salle communautaire du Centre d’action bénévole
Le CALACS Entraid’Action, centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, invite la population à une activité publique d’information et de sensibilisation sous le thème «LA PROSTITUTION»

C’est sous le thème de la prostitution que se tiendra cette année la Journée d’Action contre la violence sexuelle faite aux femmes. Ce thème invite les gens à réfléchir collectivement et individuellement sur cette réalité sociale. Pour ce faire, le CALACS Entraid’Action vous convie à venir rencontrer Madame Félicité Godbout, représentante régionale pour le Conseil du statut de la femme. Madame Godbout nous entretiendra entre autre, sur le contenu et la réflexion qui ont mené le CSF à publier au printemps 2012 l’avis intitulé La prostitution, il est temps d’agir.

C’est dans une formule 5h à 8h le mercredi 18 septembre que nous accueillerons ceux et celles qui désirent mieux comprendre les enjeux de la prostitution dans notre société, en particulier sur les droits des femmes. Cette activité se tiendra à la salle communautaire du Centre d’action bénévole de Grand-Mère située au 632, 13è rue. Vous devez obligatoirement confirmer votre présence avant le 16 septembre en téléphonant au 819-538-4554 ou par courriel à info@calacs-entraide.ca. 
Soyez les bienvenus!
Drummondville 
20 septembre 2013 à 18h30
Parc Saint-Frédéric
Pour dénoncer la violence sexuelle faite aux femmes, une vigile sera organisée, le vendredi 20 septembre à 18h30 au parc Saint-Frédéric de Drummondville.

Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) et leur Regroupement soulignent la Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes sous un thème d’actualité : la prostitution.

CALACS La Passerelle invite la population, hommes et femmes, adolescentes et adolescent à participer à la Vigile en solidarité avec les femmes qui vivent dans la prostitution. L’événement débutera par une présentation théâtrale animée par trois femmes, suivra un moment consacré aux débats où tous pourront s'exprimer. La soirée se terminera par une vigile.

Maniwaki 
20 septembre à 19h
Auditorium de la Cité étudiante de la Vallée-de-la-Gatineau
Le C.A.L.A.C.S de Maniwaki tiendra sa pièce de théâtre d'intervention annuelle lors de la journée de solidarité contre la violence faite aux femmes, soit le 20 septembre prochain, 19h00, à l'auditorium de la Cité étudiante de la Vallée-de-la-Gatineau. Cette année, la troupe de théâtre professionnelle « Parminou» présentera une pièce audacieuse nommée « Parole d'or, silence d'argent», celle-ci visant à sensibiliser la population à la matraitance faite aux aîné(e)s. Le C.A.L.A.C.S souhaite mentionner que l'entrée se fera sur contribution volontaire alors que les billets sont habituellement d'une valeur de 40,00$. Pour toutes informations, veuillez contacter Madame Maude Bélair au 819-441-2111. Il est à noter que les billets pourront vous être envoyés par courrier. Au plaisir de vous voir!
Sherbrooke
20 septembre 2013 à 16h
Marché de la Gare

Ensemble, marchons pour l’égalité JACVSFF 2013

Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Estrie est fier de vous annoncer la tenue imminente de l’évènement « Ensemble, marchons pour l’égalité – JACVSFF 2013 », le vendredi 20 septembre à compter de 16h, au Marché de la Gare.

Depuis la nuit des temps, les femmes vivent dans la peur et l’évitement en appréhendant sans cesse d’être victimes d’agression.

San Francisco, 1978. Des femmes prennent d’assaut la ville et revendiquent : « La rue, la nuit, femmes sans peur ». Aujourd’hui, ce sont des hommes et des femmes du monde entier qui descendent dans la rue à chaque troisième vendredi de septembre afin de souligner la Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes (JACVSFF).

La population de l’Estrie ne fait pas exception. En effet, cette année encore, un rassemblement d’organismes communautaires ainsi qu’une marche sont organisés pour susciter l’implication de la communauté dans la lutte contre la violence sexuelle : parce que c’est la pression populaire qui est à la base de tous changements fondamentaux dans une société.

Contribuez donc au mouvement mondial en y prenant part et en faisant circuler l’information. Parlez de l’évènement afin qu’un maximum de personnes soit rassemblé et que l’Estrie se lève enfin pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes.

VENDREDI 20 SEPTEMBRE 2013 MARCHÉ DE LA GARE 16H DÉPART DE LA MARCHE 17H30

Des t-shirt à l’effigie de la marche seront offerts aux 150 premiers participants

Montréal
20 septembre 2013 à 19h15
Parc des compagnons de Saint-Laurent
Événement facebook

La peur de marcher la nuit est un phénomène bien connu de toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur origine ou leur classe sociale.
Hormis la maison, l’espace public est le deuxième lieu où les femmes risquent le plus d’être victimes de voies de fait ou d’agressions sexuelles.
L'insécurité des femmes dans l’espace public, est donc une inégalité sociale de plus qu’il faut considérer comme faisant partie du continuum de la violence sexiste.
Le 20 SEPTEMBRE 2013 vous êtes donc invitées à reprendre la nuit lors d'une marche non-mixte afin de protester contre la peur, la violence, le sexisme et l'exploitation sexuelle dont les femmes sont victimes dans l'espace public.
Le rendez-vous est  à 19h15 au PARC DES COMPAGNONS DE SAINT-LAURENT (sur Mont-Royal, entre Papineau et deLorimier). Ce parc a été choisi comme lieu de départ car plusieurs agressions de femmes itinérantes y ont eu lieu au cour des derniers mois. Nous y lirons un cour discours avant de nous diriger vers le MÉTRO MONT-ROYAL.
Après la marche vous êtes chaleureusement invitées à une SOIRÉE SPECTACLE GRATUITE AU RESTO PLATEAU (4450 rue St-Hubert). 

Participez à une courte marche suivie d’une soirée-spectacle avec des centaines de femmes pour revendiquer le droit des femmes à occuper l'espace public la nuit, comme le jour, en plus de dénoncer le harcèlement et les violences faites envers les femmes.

**Les femmes du Centre Écho des femmes de la Petite-Patrie se donnent rendez-vous au métro Beaubien à 18h45. Billets d'autobus fournis. Inscription requise.Téléphone du contact : 514-277-7445

Montréal
17 septembre 2013 à 11h
Collège de Maisonneuve
Dans le cadre de la journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, Trêve pour Elles (centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) organise une activité de sensibilisation sous le thème de «L’exploitation sexuelle ».

Trêve pour Elles désire susciter la réflexion sur ce thème. Pour ce faire, nous avons élaboré différentes activités dynamiques et amusantes afin de rendre cette journée conviviale. Des prix (laissez-passer, certificats-cadeaux, etc..) pourront être gagnés lors des différents activités.

Que ce soit pour échanger, partager, questionner ou recevoir de l’information, vous êtes les bienvenues! Sans compter que nous avons quelques petites surprises pour les participantes.

Au plaisir de vous compter parmi nous!!

Quand : mardi 17 septembre 2013

Heure : de 11h00 à 14h00

Où : Collège de Maisonneuve
2701 Nicolet Montréal Hochelaga-Maisonneuve

Informations supplémentaires (lieu) : Porte B4, en face de la cafétéria

Contact : Trêve pour Elles

Téléphone du contact : 514-251-0323
Lévis
20 septembre à 20h
Affiche de l'évènement
Départ : 39 rue Guérette (Caisse Desjardins)
Arrivée : L'Espéranto (55, Côte du Passage)
Info : 418 835 8342
Ottawa
26 septembre
Évènement facebook

Tu ne sais pas ce qu'est "La rue, la nuit, tous sans peur!"?
Vous voulez dénoncer la violence genrée dans vos communautées?

Joignez-vous à nous avant le marche de la ville pour ''La rue, la nuit, tous sans peur!'', dans le Centre de ressources des femes au 220 Jock Turquot/UCU, entre le Tim Hortons et le ATM banque Scotia.

Nous discuterons de La rue la nuit, tous sans peur, ses origines, son histoire et pourquoi c'est important pour toi.
Nous aurons du chocolat chaud, du café et du tea avec des grignotines!

Après nous marcherons ensemble au ralliement!

DISCUSSION AU CRF (uOttawa)
16h30 - 220 UCU

RALLIEMENT
18h00 – Ralliement au Parc Minto

MARCHE
18h45 – La Marche débutera au Parc Minto. Un autobus accessible sera disponible

FOIRE D’INFORMATION
20h15 – La Marche se terminera à l’Hôtel de Ville où il aura une foire d’information ainsi que des rafraîchissements pour les participantes.

8ième édition annuelle de la marche et veille commémorative Sisters in Spirit pour les femmes autochtones disparues et assassinées 

Montréal
4 octobre à 18h
Square Cabot
Missing Justice et le Centre contre l'oppression des genres vous invitent à venir et à soutenir la marche et veille commémorative et annuelle des Sisters in Spirit. Bridget Tolley a fondé la Marche et veille en 2005. Depuis, l’événement s’est répété chaque année à l’occasion de l’anniversaire du décès de sa mère, le 4 octobre. Au fil des ans, des marches similaires ont été organisées d’un bout à l’autre du pays pour marquer cet anniversaire. En 2010, 86 marches ont été organisées dans des communautés partout au Canada, un nombre record à ce jour. Une marche a même été organisée au Nicaragua pour montrer que la violence systémique à l’endroit des femmes autochtones est un phénomène qui afflige les nations colonisées partout dans le monde.

Vous pouvez également contacter votre CALACS le plus près pour savoir si des évènements se déroulent dans votre région : Coordonnées des CALACS

jeudi 1 août 2013

Cosplay, consentement et sexisme en milieu geek

Dernièrement, le sujet du sexisme dans le monde geek s’est emparé du web, notamment cet article qui a largement circulé : «Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier» et la sortie des premières capsules de Feminist Frequency sur la représentation des femmes dans les jeux vidéos.

Loin de s’essouffler, ces réflexions féministes se poursuivent durant la période estivale. D'ailleurs, ce moment de l'année est marqué par plusieurs conventions où s’exerce un incontournable hobby dans le milieu geek, le cosplay. On retrouve de ces événements au Québec, notamment Le Comiccon de Montréal consacré à la culture populaire (science-fiction, l’horreur, l’anime, les jeux vidéo, les jeux sur table, les comic books) et  l’Otakuthon, un festival d'anime.

Pour les néophytes, qu’est-ce que le cosplay? Le cosplay est une activité qui consiste à se déguiser en personnages de bande dessinée, d’anime, de jeu vidéo, de manga, de film, de télévision ou de livre. À ne pas confondre avec  les costumes d’Halloween, les cosplayers (les personnes qui se costument) se démarquent par un grand souci du détail pour reproduire le costume et jouer le personnage.

Bien que les personnages soient fictifs, le monde du cosplay n’existe pas en vase clos. Ainsi, la communauté du cosplay fait face aux mêmes problématiques et oppressions qu’on peut observer dans la société en général.


Personnages féminins
Les cosplayers interprètent les personnages de leur choix. Cependant ce choix se fait parmi un répertoire influencé par la culture. Les personnages féminins dans les jeux vidéo, la science-fiction, les comic books ou les bandes dessinées sont moins nombreux que les personnages masculins. Elles occupent plus rarement des personnages principaux et plus fréquemment des rôles secondaires. On retrouve en très grande majorité des femmes blanches, minces, jeunes et sexy qui correspondent également à des critères de beauté très peu réalistes. Les costumes et la posture des personnages féminins reflètent ces aspect.  




D’ailleurs, The Hawkeve Initiative le souligne bien au sujet des bandes dessinées. Le concept est simple, on remplace un dessin de personnage féminin dans une posture impossible/hypersexualisée par un superhéro masculin. 




  


 Un homme a d’ailleurs transposé cette initiative artistique au cosplay


Source

Bref, la culture geek tend à limiter les choix de personnages féminins à interpréter tant au niveau du nombre que de la diversité.


«Cosplay is not consent»
De manière plus concrète, le sexisme vécu lors des conventions de cosplay a engendré le mouvement «Cosplay is not consent» (Un costume n’égale pas le consentement). Durant les derniers mois, de plus en plus de cosplayers ont fait part de leurs expériences de harcèlement lors des conventions ou en ligne. Le harcèlement décrit par les femmes passe par des commentaires sur leur physique, des photos prises sans leur consentement, des questions inappropriées, des attouchements, des agressions ou des menaces. «Cosplay is not consent» permet donc de parler du problème, de sensibiliser la communauté geek et de créer des espaces plus sécuritaires. Initiative d’autant plus importante que lorsque des femmes rapportent qu’elles ont subi du harcèlement, on peut lire ou entendre des propos qui s’apparentent énormément à ceux qui vise à rendre responsable les victimes d’agressions sexuelles. 
«Son costume était provoquant, elle cherchait de l’attention. »
«S’habiller comme ça dans des évènements de gars, c’est sûr que... »
«Elle n’aurait pas dû porter un costume aussi sexy»
Bref, des commentaires qui sous-entendent que le costume d’une cosplayer est une invitation au harcèlement. Bien sûr, ceux-ci oublient que même des cosplayers, littéralement couverts de la tête aux pieds subissent des traitements semblables




Normes raciales et critères de beauté
Le harcèlement n’est pas le seul élément qui fait en sorte de créer un climat peu sécuritaire et inclusif dans le monde du cosplay. Ce qui est considéré comme la « norme » au sein de la  communauté geek est également un produit de la société. Beaucoup d’attention est accordée aux femmes cosplayers qui correspondent aux critères de beauté et qui incarne des personnages sexy. Des galeries de photos de « hot female cosplayers » leur sont dédiées. 

D’un autre côté, certains individus se moquent des cosplayers qui choisissent des personnages qui ne correspondent pas à leur genre, leur couleur de peau ou leur type de corps. Ces moqueries se manifestent notamment par les galleries de « Cosplay épic win vs épic fail », qui comparent deux photos du même personnage mais interprété par deux cosplayers différents, une considérée comme une réussite et l’autre un échec. La différence est rarement reliée au costume en tant que tel, mais se trouve essentiellement dans le fait qu’une des deux personnes correspond aux standards de beauté  et l’autre non.
On peut également lire sur le web plusieurs commentaires qui mentionnent qu’un ou une cosplayer qui serait gros-se ne devrait pas jouer de personnage mince ou bien que « pour une personne noire, elle a quand même bien réussi son cosplay. »

D’ailleurs à ce sujet, un témoignage très pertinent de Chaka Cumberbatch suite à une importante polémique lorsqu’elle a publié sur le net une photo de son cosplay d’un personnage de Sailor Moon.


« Online, I was "Nigger Venus," and "Sailor Venus Williams" because I am black.
My nose was too wide, lips were too big, I had a "face like a gorilla" and wasn't suited for such a cute character, because I am black. My wig was too blonde, my wig wasn't blonde enough, or, my wig was ghetto because I was making it ghetto, by being black and having it on my head. »

Traduction
«Sur le net, j’étais surnommée "Nigger Venus" et "Sailor Venus Williams" parce que je suis noire.
Mon nez était trop large, mes lèvres trop grosses, j’avais un "visage de gorille" et je ne correspondais pas bien à ce joli personnage, parce que j’étais noire.  Ma perruque était trop blonde, pas assez blonde ou bien ma perruque faisait guetto parce que je la rendais ghetto en était noire et en la portant. »



Les témoignages ne manquent pas et voici un autre court extrait d’un article tout aussi intéressant de Tabitha Grace Smith sur les raisons pour lesquels elle ne fait pas de cosplay.

«While my body image and confidence are usually fine, going to a big convention filled with scantily clad hotties sends my shields up. I’ve been in earshot of people who snicker and laugh at the plus-sized Batgirls or other cosplayers who don’t fit the skinny actresses they’re portraying. Once I asked one of these curvy girls to pose for a picture and genuine shock crossed her face. Othert imes it’s been a large man in a Roman gladiator outfit who gets laughed at or the plus-sized Princess Leia. Every time I heard these snickers and laughs I was less comfortable with dressing up. »
 Traduction
«Alors que ma perception de moi-même et ma confiance en moi sont habituellement assez bonnes, aller à une grande convention rempli de jolies filles légèrement vêtues me met sur la défensive. J'ai entendu des gens ricaner et se moquer de Batgirls plus-size et d'autres cosplayers qui ne correspondaient pas aux actrices maigres qu'elles interprètaient. Une fois, j'ai demandé à l'une de ces jeunes filles plus rondes de poser pour une photo et un véritable choc a traversé son visage. Une autre fois, c’était un homme en surplus de poids dans un costume de gladiateur romain qui faisait de rire de lui ou une princesse Leia plus-size . Chaque fois que j'ai entendu ces ricanements et ces rires, j'étais moins à l'aise avec le fait de me costumer. »
Tous ces jugements, ces railleries et insultes font en sorte de rendre le cosplay pénible pour plusieurs personnnes ou carrément inenvisageable. Ce constat est encore plus affligeant quand on pense que la plupart des personages de jeux video ou de comic books ont de toute façon des corps humainement impossible à atteindre. Ainsi, le corps des participants et participantes subit une forme de contrôle social par la valorisation ou la dévalorisation des cosplayers.  D’ailleurs, il semble y avoir des liens à faire avec d’autres formes de contrôle social où le corps, surtout celui des femmes, se transforme en propriété publique où tous et chacun peuvent juger comme c’est le cas pour le harcèlement de rue ou les creepshots

Bien qu’inspiré d’univers fictifs, le monde du cosplay reproduit des embûches bel et bien réelles pour les femmes, les personnes racisées et en surplus de poids. De prime abord, ce portrait peut sembler sombre, mais la grande quantité et qualité des textes de réflexion sur les problématiques vécues dans le monde du cosplay montre un désir de changement. Plusieurs conventions se sont doté de règles plus strictes contre le harcèlement, des initiatives viennent souligner de  manière positive la participation des personnes racisées et en surplus de poids et de plus en plus de matériel aborde ces sujets. D’ailleurs, pour  terminer voilà un court vidéo qui décrit les réalités vécues par des cosplayers.  



Pour en savoir plus :

Human Angle: Cosplaying The Part  (Vidéo)

Cosplay, Race, and Fat-Shaming
Despite the Haters, I Love Cosplay.

Cosplayers Are Passionate, Talented Folks. But There's A Darker Side To This Community, Too.

Cosplay Is Not Consent

Costumes Are Not Consent: Combating Cosplayer Harassment

The Beginnings of CONsent

I'm a Black Female Cosplayer And Some People Hate It

Race + Fandom: When Defaulting To White Isn’t An Option

What would you do if you weren’t afraid?

The Cosplay Feminist

Fuck Yeah Fat Cosplay/

More to Love: Fat-Positive Cosplay

Of Corsets and Comics

In defense of Fat Cosplay

Why I Don’t Cosplay

Cosplays With color

Cosplay and Body Type – It Doesn’t Matter!!


Wonderella



mardi 28 mai 2013

L'avortement sexo-sélectif : L'hypocrisie des anti-choix

En septembre 2012, le député conservateur Mark Warawa a déposé la motion 408. Cette motion vise à « condamner la discrimination exercée contre les femmes au moyen d’avortements sexo-sélectifs. » Cette initiative a été considérée par l'opposition comme une tentative détournée de rouvrir le débat sur l'avortement et elle n’a pas été traitée. D’ailleurs, la motion a été déposée tout de suite après l'échec de celle de son collègue Stephen Woodworth, M-132,  qui consistait à la formation d’un comité spécial pour déterminer si le foetus devrait être considéré comme un être humain. Malgré le rejet de la motion,  l’avortement sexo-sélectif continue de faire jaser et la droite conservatrice en a fait son nouvel argument pour restreindre le droit à l’avortement.  
 
C’est dans ce contexte que le journal La Presse du lundi 27 mai 2013 publie un dossier de deux pages sur ce qu’un des articles nomme la « Sélection fatale ». L’amalgame entre le contenu des articles et le choix des titres fait en sorte que sur le fond le dossier semble être une courroie de transmission des arguments de la droite conservatrice canadienne. 

Reprenons seulement quelques titres du dossier :

« L’improbable féministe »

On explique dans le paragraphe qui suit que devant le grave problème des avortements sexo-sélectif, Mark Warawa a décidé d’agir et de condamner la discrimination envers les filles. On le présente comme «  l’improbable porte-étendard de la lutte pour les droits des femmes ». Bref, le député conservateur est un grand défenseur des droits humains et des petites filles et cela n’a rien à voir avec le droit à l’avortement…

C’est oublier  un fait important, Mark Warawa est l'un des plus zélés députés anti-choix du caucus conservateur.   D’ailleurs, son parti politique a effectué une longue liste de mesures qui nuisent à l’égalité entre les hommes et femmes.
Sous Stephen Harper, les conservateurs ont aboli le programme de services de garde universels, abandonné la législation sur l'équité salariale, fermé la plupart des bureaux régionaux de Condition féminine Canada, modifié les critères des programmes de financement de Condition féminine Canada pour mettre fin aux activités de défense de droits et de représentation politique en faveur de modifications législatives, coupé le Programme de contestation judiciaire, interdit aux travailleurs du secteur public de porter plainte en matière d'équité salariale, refusé de financer l'accès à un avortement sans danger pour les femmes dans les pays en développement, sabré le financement de dizaines de groupes de défense des droits des femmes, éliminé le formulaire long obligatoire du recensement, augmenté l'âge d'admissibilité à la retraite, détruit le registre des armes à feu, omis de tenir une enquête publique sur les femmes autochtones disparues et coupé dans les budgets des services de santé aux Autochtones, etc.

Vaut mieux être méfiante quand un député clame sur toutes les tribunes se soucier des femmes quand son parti à une liste d’accomplissements aussi rétrogrades pour celles-ci.

 « Un paradoxe pour les féministes »
C’est carrément le titre d’un des articles. On peut y lire : « Comment peuvent-elles ignorer cette discrimination extrême envers les filles au nom du droit à l’avortement en toutes circonstances? » On y souligne le fait que pour « les féministes » les avortements sexo-sélectif créeraient un paradoxe entre le libre-choix et la discrimination envers les femmes.  On y dit que peu d’entre elles dénoncent cette pratique.

Est-ce qu’on sous-entend que les féministes sont en accord avec les avortements sexo-sélectifs? On mélange ici le fait de dénoncer une pratique et les moyens qu’on compte employés pour changer la situation. Ce n’est pas parce que les féministes refusent d’employer des mesures d’interdiction qu’elles sont en accord avec les avortements sexo-sélectifs.  En fait, celles-ci prônent des pistes de solution qui sont probablement bien plus efficaces que la restriction au droit l’avortement c’est-à-dire la construction d’une société égalitaire où une fille a la même «valeur» qu’un garçon. Il n’y a pas de paradoxe féministe. Le message des pro-choix est tout à fait cohérent, ce n’est pas la criminalisation de l’avortement qui va résoudre les problèmes de discrimination. On ne combat pas une discrimination envers les femmes en restreignant  les droits des femmes.

« L’avortement sans limite »
On enfonce le clou dans ce paragraphe en mentionnant que plusieurs pays ont interdit l’avortement sexo-sélectif et que le Canada n’a pas légiféré sur la question. On essaie d’insinuer que c’est le manque  d’encadrement de la pratique au Canada qui serait responsable de l’émergence de la problématique.  D’ailleurs les termes « avortement en toutes circonstances », « sans limite » ont une forte connotation et s’approche des mythes concernant l’avortement notamment qu’il y en a trop, que les femmes l’utilisent comme moyen de contraception, etc.

On oublie de mentionner que les initiatives de criminalisation dans d’autres pays notamment l’Inde sont inefficaces.  Effectivement, les femmes vont se tourner vers des avortements illégaux ou dans certain cas subir de la violence familiale durant leur grossesse.  Les exemples de mesures qui semblent les plus efficaces sont celles qui visent à lutter pour les droits des femmes notamment avec des campagnes de valorisation des filles, l’accès à l’éducation et au marché du travail.

« Un phénomène en émergence »
Le dossier en entier laisse entendre que cette pratique est très présente au Canada. On y cite une étude qui compare les ratios des naissances fille/garçon selon le pays d’origine de la mère. Les résultats montrent que les mères d’origine indienne donnent naissance à plus de garçons que de filles.

Cette étude ne fait pourtant pas consensus dans la communauté scientifique et certain-es chercheurs-euses contestent ces résultats. De plus, la différence statistique n’est peut-être pas forcément significative ou dû à l’avortement sexo-sélectif. Bref, sans minimiser que c’est possiblement une réalité au Canada, il faut rester critique des études à ce sujet et ne pas être alarmiste.

Une analyse féministe et anti-raciste

Ce dossier de La Presse n’est qu’un exemple de la propagation du discours anti-choix qui se sert habilement de l'enjeu des avortements sexo-sélectif. Le sujet s’impose et inévitablement il faudra que le mouvement pro-choix se l’approprie et y oppose un discours féministe et anti-raciste. Effectivement, la motion du député Warawa aurait eu des conséquences importantes sur les femmes racisées. Si une loi interdisait l’avortement sexo-sélectif, comment l’appliquerais-t-on? Toutes les femmes qui semblent d’origine indiennes ou chinoises vont-elles devoir être interrogées sur leurs motifs?  Va-t-on leur refuser un avortement et ainsi les pousser à recourir à des moyens illégaux? Tout cela dans le but de protéger les femmes de la discrimination?

Une telles mesure stigmatiserait les femmes racisées et encouragement le profilage racial. Certaines citoyennes sur la base de présomptions raciales se verraient privés d’un droit reconnu pour les autres. On décèle également le vieux message paternaliste qui dit qu’on ne doit pas faire confiance aux femmes dans leurs décisions concernant leurs propres corps.

Est-ce que forcer une femme à donner naissance à une fille qui n’est pas désirée est réellement une solution contre la discrimination? Ne devront-on pas plutôt travailler à améliorer les conditions de vie des femmes et des filles et faire en sorte que naître fille au Canada soit aussi valorisé et sécuritaire que naître garçon. Bien entendu, les conservateurs et la droite religieuse ne vous parlerons pas de ces filles après leur naissance, de leurs conditions de vie ou des discriminations qu’elles vivent. Là-dessus c’est le silence radio, tout comme c’est le cas au sujet de la plupart des dossiers qui touchent les femmes. On n’a qu’à penser aux femmes autochtones disparues et assassinées ou aux coupures dans l’aide aux réfugiées. Que les femmes naissent dans des sociétés inégalitaires qui jugent qu’elles « valent » moins que les hommes est le moindre de leurs soucis. Ce qui est à l’agenda, ce n’est pas l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes, mais bel et bien s’attaquer aux droits des femmes. 


Pour en savoir plus

La réplique › L’avortement - Interdire l’avortement sexo-sélectif, un leurre?

La motion contre les avortements sexo-sélectifs ne sera pas votée aux Communes

Motion 408 : une imposture

Motion 408 and sex-selection abortion: Pretending to care about women

Sexism, ableism and other anti-choice claims: What you need to know about Motion 408

Margaret Somerville's concern for the status of women

Un outil de réflexion sur l’avortement sexo-sélectif (en anglais)
Taking a Stand: Tools for Action on Sex Selection, un projet
Collaboratif de Generations Ahead, National Pacific American Women’s Forum (NAPAWF) and Asian Communities for Reproductive Justice (ACRJ).

mardi 30 avril 2013

Femmes et électrochocs en 2013

Ce titre fait sursauter. Des électrochocs en 2013? Des images assez sombres nous viennent en tête des années 50-60, où les électrochocs étaient pratiqués à froid et servaient bien souvent comme outil pour punir et réprimer plutôt que pour soigner. Suite à de nombreuses critiques durant les années 70 et à l’arrivée de plusieurs traitements pharmaceutiques, l’utilisation des électrochocs a diminué.

L’utilisation des électrochocs, maintenant appelée électroconvulsothérapie, ECT ou bien sismothérapie, semblent faire un retour en force dans beaucoup de pays occidentaux. Le nombre de séances d’électrochocs a doublé au Québec entre 1988 et 2003.  En 2011, plus de 6000 traitements aux électrochocs ont été administrés à un nombre indéterminé de personnes à travers la province.

Bien que maintenant, le traitement s’effectue sous anesthésie et avec un relaxant musculaire pour éviter les risques de fracture, la procédure reste la même. On fixe des électrodes unilatéralement ou bilatéralement sur la tête de la personne et on envoie un courant électrique pour provoquer une convulsion. Un traitement comprend plusieurs séances à une fréquence de 2 à 3 fois par semaine. Les études scientifiques n’arrivent toujours pas à expliquer comment le traitement produit des effets thérapeutiques.

En principe, les électrochocs sont un traitement de dernier recours spécifiquement pour les dépressions profondes et résistantes aux médicaments. Il nécessite également le consentement de la personne. En pratique, il semblerait que le traitement soit offert à des personnes ayant d’autres diagnostics tels que la schizophrénie, la maniaco-dépression, la psychose, les troubles paranoïdes, etc. De plus, les réalités vécues par les personnes peuvent venir restreindre considérablement le consentement. Effectivement, pour qu'il y ait réellement consentement, celui-ci doit être libre et éclairé.
Libre : sans promesse ni menace, de son plein gré et sans que les facultés soit altérées.
Éclairé : Où on dispose de toutes les informations nécessaires notamment sur le but du traitement, ses effets, la procédure, les risques et les traitements alternatifs.

Il n’y a pas de consensus sur l’efficacité du traitement par électrochocs. Cependant, les effets secondaires observés peuvent être importants surtout au niveau de la mémoire. Le Ministère de la santé et des Services sociaux du Québec a demandé à l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS), agence gouvernementale chargée d’évaluer les techniques et interventions et d’émettre des recommandations dans le domaine de la santé, de lui faire un rapport sur la situation de l’utilisation des électrochocs au Québec. Ce rapport a été publié en 2003. Dans son rapport l'Agence précisait que les incertitudes quant à l'efficacité et aux risques de l'ECT demeurent importantes et y formulait sept recommandations visant à encadrer cette pratique psychiatrique. Aucune n'a été mise de l’avant par le ministère depuis.

Il existe peu de statistiques sur cette pratique au Québec. Les groupes communautaires québécois ont maintes fois demandé des chiffres au ministère de la santé.  Parmi les chiffres obtenus par le comité Pare-chocs qui militent contre l’utilisation des électrochocs, on découvre entre autre que 
50% des électrochocs seraient donnés à des femmes de 50 ans et plus,
41% à des personnes âgées de 65 ans et plus,
Près de 10% à des femmes de 80 ans et plus,
et 75% à des femmes.

En lien avec ces données le comité organise chaque année à Montréal un événement le jour de la fête des mères contre les électrochocs.
Un septième rassemblement pour que cesse la violence à l’égard des femmes, des mères et des grands-mères
À l’occasion de la fête des Mères, un important rassemblement aura lieu le 11 mai prochain à Montréal pour demander l’abolition des électrochocs en psychiatrie. Les deux tiers des électrochocs sont donnés à des femmes. Selon des données obtenues par le comité Pare-chocs, 50% des électrochocs seraient donnés à des femmes de 50 ans et plus et 41% à des personnes âgées de 65 ans et plus. Près de 10% seraient administrés à des femmes de 80 ans et plus.  Rappelons que selon une étude récente les électrochocs causent plus de dommage chez les femmes et les personnes âgées. Le nombre de séances d’électrochocs avait doublé au Québec entre 1988 et 2003.  Aujourd’hui, on les compte toujours par milliers.  S’il n’est pas immédiatement aboli, ce traitement doit être placé sous haute surveillance et faire l’objet d’un débat public. 
Quoi : Rassemblement « Disons NON aux électrochocs ».
Quand : Le samedi 11 mai 2013 à 11h00.
Où : Montréal, Place Émilie-Gamelin (métro Berri-UQAM, sortie Sainte-Catherine).
Animation : Participation de la troupe KUMPA’NIA

Photo du rassemblement de 2012

Le comité soulève également qu’en matière d’électrochocs, il existe plus de questions que de réponses : 
« Combien d’électrochocs sont réellement prescrits au Québec?
Pourquoi les deux tiers sont-ils administrés à des femmes?
Pourquoi les femmes âgées de 65 ans et plus sont-elles plus susceptibles de subir cette intervention?
Pourquoi donne-t-on des électrochocs à des personnes âgées de plus de 80 ans?
Est-ce que l’électrochoc n’est utilisé qu’en dernier recours?
Combien d’électrochocs sont donnés aux enfants?
Combien de personnes décèdent ou subissent des séquelles permanentes suite aux électrochocs?
Malgré les recommandations de votre propre ministère, pourquoi n’apportez-vous aucun encadrement à cette pratique controversée? »


Force est de constater que les électrochocs sont bel et bien un enjeu féministe. D’ailleurs, le mouvement féministe a dénoncé à de mainte reprise l’aspect sexiste et patriarcal de la psychiatrie qui tend à diagnostiquer très facilement des problèmes de santé mentale aux femmes. On oublie facilement que derrière les étiquettes qu’on colle à ces femmes, se retrouve des réalités de vie forgées par des conditions structurelles, sociales et économiques. Si les diagnostics sont politiques, probablement que les traitements également! 

En plus de déconstruire nos préjugés envers les personnes avec des problèmes de santé mentale, nous devrions également leur offrir tout le soutien qu’elles méritent. Des traitements humains et des ressources suffisantes qui prennent en compte les gens dans leur globalité et les situent dans leur environnement social. Encore plus important, nous devrions garder en tête que bien souvent c’est la société patriarcale qui nuit à la santé physique, psychologique et spirituelle des femmes. Et si c’était le patriarcat qu’il faudrait plutôt électrocuter? 


Pour en savoir plus :

Les électrochocs – Aide-mémoire de l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)

Le Comité Pare-chocs

Électrochocs : un traitement toujours controversé – Reportage de la première chaîne de Radio-Canada

L’utilisation des électrochocs au Québec – Rapport de l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé

Les électrochocs, une forme de violence contre les femmes - Bonnie Burstow, Ontario Institute for Studies in Education

Shock tactics. Why so many women are still coerced into electro-convulsive therapy – The Guardian

Électrochocs - Des femmes dénoncent! p.10-12

“Why isn’t the feminist blogosphere all over this?”

Psychiatry: Oppressive, Paternalistic Social Control & Bad for You, Mmm’kay?

lundi 22 avril 2013

Paparazzi & creepshots - Outils de contrôle du corps des femmes



Les magazines sur les célébrités et les potins de la dernière heure sont monnaie courante dans les kiosques à journaux. Le vedettariat américain est d’une importance presque sans mesure, c’est  un des endroits où le phénomène des paparazzis est extrêmement présent. Les paparazzis sont des photographes qui ont pour domaine de prédilection la vie privée des célébrités. Ces photographes, la plupart du temps indépendants, poursuivent les célébrités et  vendent par la suite leurs clichés aux médias. 

Culture «  Paparazzi  »





Il est difficile d’imaginer ce à quoi peut ressembler un quotidien sans vie privée où tous nos faits et gestes peuvent être illustrés sans notre consentement dans les magazines. Question d’avoir un cliché savoureux, les paparazzis cherchent à surprendre les célébrités en situation vulnérable ou jugée «humiliante». On a qu’à  penser aux photos prises d’Amy Whinehouse lorsqu’elle avait vécu des problèmes de consommation de drogue.  On voit  souvent des grands titres qui commentent le physique des stars accompagnés de photos peu flatteuses. Bien sûr, l’article qui accompagne la photo rappelle combien celle-ci a pris du poids, celle-là est laide sans maquillage, l’autre a commis le sacrilège de ne pas se raser…  Loin de s’offusquer d’un traitement aussi rude, le public continue d’acheter ces magazines. 





Certains rétorqueront que c’était leur choix de devenir célèbre, que cela fait partie du jeu et qu’elles doivent l’assumer. On constate à ce moment combien l’entreprise de déshumanisation des célébrités est fortement ancrée dans les mentalités. Et si les paparazzis en avaient soudainement après vous?   Il y a une différence entre une photographie prise à son insu et une photographie prise avec notre consentement, cela vaut pour tout le monde.  D’ailleurs, le déni du consentement qui définit la pratique des paparazzis est une forme de prise de pouvoir sur la personne photographiée. Cette prise de pouvoir s’accompagne souvent de comportements agressifs: poursuite automobile, harcèlement, agression.  Plusieurs vedettes ont fait appel à des injonctions pour se protéger des paparazzis. Les femmes, en plus de l’attitude agressive, doivent parfois faire face au harcèlement sexuel. Par exemple, il n’est pas rare que les paparazzis tentent de faire ce qu’on nomme des «  upskirt shot  », c’est-à-dire de prendre des clichés sous leurs jupes lorsqu’elles sortent d’une automobile. De plus, les journaux font souvent les grands titres en s’offusquant des moments où une vedette s’en prend aux paparazzis oubliant de mentionner le contexte dans lequel la célébrité a commis ces gestes.

Mis à part les conséquences sur la vie privée et la dignité de ces vedettes, en quoi la culture «  paparazzi  »  a-t-elle des impacts sur notre quotidien?  Et bien, si des photographes, des magazines, les médias télévisés ainsi que les consommateurs et consommatrices de ces photos trouvent acceptable le harcèlement subit par les célébrités, plus particulièrement les femmes, vont-ils s’offusquer que le même sort soit réservé à d’autres personnes?


Phénomène des creepshots

En effet, il me semble qu’on peut établir de nombreux liens avec le phénomène des creepshots qui prend de l’expansion sur le web. Qu’est-ce que les creepshots? Ce sont des photos prises d’une personne sans son consentement. Les creepshots sont généralement des clichés des fesses d’une femme, de son décolleté ou d’une prise de vue sous sa jupe.

Sur le populaire site Reddit, où les utilisateurs et utilisatrices peuvent mettre du contenu, ils existent plusieurs forums de creepshots. Les internautes s’y donnent des conseils pour obtenir de bons clichés et publient leurs photos.  On peut y voir des centaines d’images de femmes, attendant le train, emballant leur épicerie, debout sur un escalier roulant,  toujours avec des prises de vue de leurs fesses, de leur poitrine ou de leur entrejambe. On peut également probablement y observer des jeunes femmes mineures puisque plusieurs clichés semblent être pris dans des contextes scolaires. À cela s’ajoute des centaines d’autres sites web qui contribuent à la «  sous-culture  » des creepshots. Le but étant de prendre des photos à l’insu des femmes et des filles, les partager et récolter de la reconnaissance et des commentaires.  Aussi horrifiant cela soit-il, il semble que pour les internautes qui consultent ces sites web et les photographes amateurs qui les alimentent, il soit tout à fait acceptable de violer la vie privée et la dignité d’autrui. La réalité est que le mouvement «  creepshots  » se définie par le fétichisme du non consentement des femmes.

D’ailleurs un de ces sites mentionne explicitement dans sa description le lien étroit entre les creepshots et les paparazzis  : "When you are in public, you do not have a reasonable expectation of privacy. We kindly ask women to respect our right to admire your bodies and stop complaining. We are no different than paparazzi."
(Traduction libre  : Lorsque vous êtes en public, vous ne pouvez pas raisonnablement espérer de vie privée. Nous demandons gentiment aux femmes de respecter notre droit d'admirer leurs corps et d’arrêter de se plaindre. Nous ne sommes pas différents des paparazzis.)


On peut y déceler le message que les femmes devraient accepter le fait que leur corps soit en permanence l’objet du regard masculin, voire même s’en sentir flatter. De plus, on voit bien que les creepshots semblent s’appliquer seulement aux femmes. Une rapide recherche sur le web mène au constat que les victimes de creepshots sont presque exclusivement des filles ou des femmes.

Traduction libre : Ce n'est pas parce que je suis dans un espace
public que mon corps devient une propriété publique.
Ainsi, cette nouvelle tendance tend à renforcer le contrôle de la société sur le corps des femmes. Effectivement, non seulement ces photos dénigrent souvent les femmes qui y figurent, mais elles sont également un symbole puissant qui lance le message que les femmes, où qu’elles soient, peuvent se faire prendre en photo à leur insu et voir celles-ci circuler sur le web avec presque aucun recours. Il semble que l’avènement des nouvelles technologies ait en quelque sorte créé un nouveau type de harcèlement sexuel qui vient renforcer de manière encore plus insidieuse l’idée que les femmes sont disponibles et «  à la merci  » de tous, en tout temps et en tout lieu. Le corps des femmes devient une propriété publique qui peut être possédé, admiré ou dénigré.







Au Québec, l’émission Paparadis

On pourrait croire que le Québec se sauve de cette culture «  paparazzi  », malheureusement nous aurions tort. Effectivement, en 2010, Mélissa Paradis, une paparazzi professionnelle d’Hollywood, s’est associée à VRAK.TV pour diffuser l’émission Paparadis.
« Jet set, primeurs, accès exclusifs... ou interdits! Avec Paparadis, la paparazzi Mélissa Paradis a maintenant son magazine télé et t'entraîne au coeur du star-système hollywoodien! En plus des capsules que tu connais déjà, Mélissa te fait découvrir les coulisses et les lieux les plus glam d'Hollywood, tout en couvrant les événements les plus courus de la capitale du cinéma. » 
L’émission pour adolescentes et adolescents est encore actuellement en onde. On y retrouve  l’attitude malsaine classique des paparazzis. La volonté d’avoir absolument une photo, même si la vedette refuse clairement, est omniprésente.  L’animatrice de l’émission décrit cette aspect de son travail en disant qu’elle doit gérer avec la «  non collaboration  » des vedettes. En d’autres mots, elle essaie d’obtenir les photos qu’elle désire malgré l’absence de consentement.  Bref, une belle émission sur l’art de la violation de la vie privée.


Quelques exemples du langage (similaire à la chasse) utilisée dans le cadre de l’émission  :

«  Quand les stars vont se chercher de quoi à manger, c’est toujours plus facile de les coincer, elles ne peuvent pas se sauver  » 
«  J’ai commencé ma chasse avec John  » 
«  Parfois les vedettes ne veulent pas se faire prendre en photo et tentent de se cacher, il arrive même qu’elles ne collaborent pas du tout  »

Est-ce qu’espionner des célébrités, user de stratégies pour s’infiltrer dans leur vie privé afin de nourrir l’obsession des fans peut être considéré comme un métier que l’on veut présenter aux adolescents et adolescentes comme positif et utile à la société?

Comble de l’hypocrisie, VRAK.TV se targue de promouvoir l'estime de soi et une image corporelle saine et diversifiée dans le cadre d’un concours L'égalité à l'œuvre.

Comment une chaîne peut prétendre encourager l’égalité entre les hommes et les femmes quand elle fait explicitement la promotion d’une industrie qui se base sur le contrôle du corps des femmes. En plus, de rendre «  glamour  » un métier basé sur le non respect du consentement, cette émission propage les messages nocifs de cette industrie qui encourage les femmes à juger et se moquer de l’apparence de leurs consœurs. On est à milles lieux d’inculquer le respect des autres, l’estime de soi et la nécessité d'images corporelles saines et diversifiés aux jeunes filles et garçons. 

Nul doute qu’il faut entamer une sérieuse réflexion sur le phénomène «  paparazzi » et ses dérivés, dont les creepshots. Une remise en question d’autant plus importante qu’à la base cela concerne la notion de consentement ainsi que l’image des femmes et le contrôle de leurs corps. 

Si cet article vous a interpellés, nous vous invitons à laisser des commentaires sur l’émission Paparadis à VRAK.TV, simplement suivre ce lien  : 
Contacter VRAK.TV

Et inviter vos amiEs à faire de même!