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jeudi 1 août 2013

Cosplay, consentement et sexisme en milieu geek

Dernièrement, le sujet du sexisme dans le monde geek s’est emparé du web, notamment cet article qui a largement circulé : «Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier» et la sortie des premières capsules de Feminist Frequency sur la représentation des femmes dans les jeux vidéos.

Loin de s’essouffler, ces réflexions féministes se poursuivent durant la période estivale. D'ailleurs, ce moment de l'année est marqué par plusieurs conventions où s’exerce un incontournable hobby dans le milieu geek, le cosplay. On retrouve de ces événements au Québec, notamment Le Comiccon de Montréal consacré à la culture populaire (science-fiction, l’horreur, l’anime, les jeux vidéo, les jeux sur table, les comic books) et  l’Otakuthon, un festival d'anime.

Pour les néophytes, qu’est-ce que le cosplay? Le cosplay est une activité qui consiste à se déguiser en personnages de bande dessinée, d’anime, de jeu vidéo, de manga, de film, de télévision ou de livre. À ne pas confondre avec  les costumes d’Halloween, les cosplayers (les personnes qui se costument) se démarquent par un grand souci du détail pour reproduire le costume et jouer le personnage.

Bien que les personnages soient fictifs, le monde du cosplay n’existe pas en vase clos. Ainsi, la communauté du cosplay fait face aux mêmes problématiques et oppressions qu’on peut observer dans la société en général.


Personnages féminins
Les cosplayers interprètent les personnages de leur choix. Cependant ce choix se fait parmi un répertoire influencé par la culture. Les personnages féminins dans les jeux vidéo, la science-fiction, les comic books ou les bandes dessinées sont moins nombreux que les personnages masculins. Elles occupent plus rarement des personnages principaux et plus fréquemment des rôles secondaires. On retrouve en très grande majorité des femmes blanches, minces, jeunes et sexy qui correspondent également à des critères de beauté très peu réalistes. Les costumes et la posture des personnages féminins reflètent ces aspect.  




D’ailleurs, The Hawkeve Initiative le souligne bien au sujet des bandes dessinées. Le concept est simple, on remplace un dessin de personnage féminin dans une posture impossible/hypersexualisée par un superhéro masculin. 




  


 Un homme a d’ailleurs transposé cette initiative artistique au cosplay


Source

Bref, la culture geek tend à limiter les choix de personnages féminins à interpréter tant au niveau du nombre que de la diversité.


«Cosplay is not consent»
De manière plus concrète, le sexisme vécu lors des conventions de cosplay a engendré le mouvement «Cosplay is not consent» (Un costume n’égale pas le consentement). Durant les derniers mois, de plus en plus de cosplayers ont fait part de leurs expériences de harcèlement lors des conventions ou en ligne. Le harcèlement décrit par les femmes passe par des commentaires sur leur physique, des photos prises sans leur consentement, des questions inappropriées, des attouchements, des agressions ou des menaces. «Cosplay is not consent» permet donc de parler du problème, de sensibiliser la communauté geek et de créer des espaces plus sécuritaires. Initiative d’autant plus importante que lorsque des femmes rapportent qu’elles ont subi du harcèlement, on peut lire ou entendre des propos qui s’apparentent énormément à ceux qui vise à rendre responsable les victimes d’agressions sexuelles. 
«Son costume était provoquant, elle cherchait de l’attention. »
«S’habiller comme ça dans des évènements de gars, c’est sûr que... »
«Elle n’aurait pas dû porter un costume aussi sexy»
Bref, des commentaires qui sous-entendent que le costume d’une cosplayer est une invitation au harcèlement. Bien sûr, ceux-ci oublient que même des cosplayers, littéralement couverts de la tête aux pieds subissent des traitements semblables




Normes raciales et critères de beauté
Le harcèlement n’est pas le seul élément qui fait en sorte de créer un climat peu sécuritaire et inclusif dans le monde du cosplay. Ce qui est considéré comme la « norme » au sein de la  communauté geek est également un produit de la société. Beaucoup d’attention est accordée aux femmes cosplayers qui correspondent aux critères de beauté et qui incarne des personnages sexy. Des galeries de photos de « hot female cosplayers » leur sont dédiées. 

D’un autre côté, certains individus se moquent des cosplayers qui choisissent des personnages qui ne correspondent pas à leur genre, leur couleur de peau ou leur type de corps. Ces moqueries se manifestent notamment par les galleries de « Cosplay épic win vs épic fail », qui comparent deux photos du même personnage mais interprété par deux cosplayers différents, une considérée comme une réussite et l’autre un échec. La différence est rarement reliée au costume en tant que tel, mais se trouve essentiellement dans le fait qu’une des deux personnes correspond aux standards de beauté  et l’autre non.
On peut également lire sur le web plusieurs commentaires qui mentionnent qu’un ou une cosplayer qui serait gros-se ne devrait pas jouer de personnage mince ou bien que « pour une personne noire, elle a quand même bien réussi son cosplay. »

D’ailleurs à ce sujet, un témoignage très pertinent de Chaka Cumberbatch suite à une importante polémique lorsqu’elle a publié sur le net une photo de son cosplay d’un personnage de Sailor Moon.


« Online, I was "Nigger Venus," and "Sailor Venus Williams" because I am black.
My nose was too wide, lips were too big, I had a "face like a gorilla" and wasn't suited for such a cute character, because I am black. My wig was too blonde, my wig wasn't blonde enough, or, my wig was ghetto because I was making it ghetto, by being black and having it on my head. »

Traduction
«Sur le net, j’étais surnommée "Nigger Venus" et "Sailor Venus Williams" parce que je suis noire.
Mon nez était trop large, mes lèvres trop grosses, j’avais un "visage de gorille" et je ne correspondais pas bien à ce joli personnage, parce que j’étais noire.  Ma perruque était trop blonde, pas assez blonde ou bien ma perruque faisait guetto parce que je la rendais ghetto en était noire et en la portant. »



Les témoignages ne manquent pas et voici un autre court extrait d’un article tout aussi intéressant de Tabitha Grace Smith sur les raisons pour lesquels elle ne fait pas de cosplay.

«While my body image and confidence are usually fine, going to a big convention filled with scantily clad hotties sends my shields up. I’ve been in earshot of people who snicker and laugh at the plus-sized Batgirls or other cosplayers who don’t fit the skinny actresses they’re portraying. Once I asked one of these curvy girls to pose for a picture and genuine shock crossed her face. Othert imes it’s been a large man in a Roman gladiator outfit who gets laughed at or the plus-sized Princess Leia. Every time I heard these snickers and laughs I was less comfortable with dressing up. »
 Traduction
«Alors que ma perception de moi-même et ma confiance en moi sont habituellement assez bonnes, aller à une grande convention rempli de jolies filles légèrement vêtues me met sur la défensive. J'ai entendu des gens ricaner et se moquer de Batgirls plus-size et d'autres cosplayers qui ne correspondaient pas aux actrices maigres qu'elles interprètaient. Une fois, j'ai demandé à l'une de ces jeunes filles plus rondes de poser pour une photo et un véritable choc a traversé son visage. Une autre fois, c’était un homme en surplus de poids dans un costume de gladiateur romain qui faisait de rire de lui ou une princesse Leia plus-size . Chaque fois que j'ai entendu ces ricanements et ces rires, j'étais moins à l'aise avec le fait de me costumer. »
Tous ces jugements, ces railleries et insultes font en sorte de rendre le cosplay pénible pour plusieurs personnnes ou carrément inenvisageable. Ce constat est encore plus affligeant quand on pense que la plupart des personages de jeux video ou de comic books ont de toute façon des corps humainement impossible à atteindre. Ainsi, le corps des participants et participantes subit une forme de contrôle social par la valorisation ou la dévalorisation des cosplayers.  D’ailleurs, il semble y avoir des liens à faire avec d’autres formes de contrôle social où le corps, surtout celui des femmes, se transforme en propriété publique où tous et chacun peuvent juger comme c’est le cas pour le harcèlement de rue ou les creepshots

Bien qu’inspiré d’univers fictifs, le monde du cosplay reproduit des embûches bel et bien réelles pour les femmes, les personnes racisées et en surplus de poids. De prime abord, ce portrait peut sembler sombre, mais la grande quantité et qualité des textes de réflexion sur les problématiques vécues dans le monde du cosplay montre un désir de changement. Plusieurs conventions se sont doté de règles plus strictes contre le harcèlement, des initiatives viennent souligner de  manière positive la participation des personnes racisées et en surplus de poids et de plus en plus de matériel aborde ces sujets. D’ailleurs, pour  terminer voilà un court vidéo qui décrit les réalités vécues par des cosplayers.  



Pour en savoir plus :

Human Angle: Cosplaying The Part  (Vidéo)

Cosplay, Race, and Fat-Shaming
Despite the Haters, I Love Cosplay.

Cosplayers Are Passionate, Talented Folks. But There's A Darker Side To This Community, Too.

Cosplay Is Not Consent

Costumes Are Not Consent: Combating Cosplayer Harassment

The Beginnings of CONsent

I'm a Black Female Cosplayer And Some People Hate It

Race + Fandom: When Defaulting To White Isn’t An Option

What would you do if you weren’t afraid?

The Cosplay Feminist

Fuck Yeah Fat Cosplay/

More to Love: Fat-Positive Cosplay

Of Corsets and Comics

In defense of Fat Cosplay

Why I Don’t Cosplay

Cosplays With color

Cosplay and Body Type – It Doesn’t Matter!!


Wonderella



vendredi 21 décembre 2012

Petit guide de survie pour déconstruire le discours masculiniste


Pas toujours facile les soupers de famille du temps des fêtes, surtout quand le sujet de l’égalité entre les hommes et les femmes vient sur la table.  Question de rétablir quelques faits autour de votre repas des fêtes si le cœur (et le courage) y est, voici un bref guide de survie pour déconstruire quelques arguments masculinistes.

Qu'est-ce que le mouvement masculiniste?
Ce mouvement mets de l'avant l’idée que les hommes vont mal et que la masculinité est en crise. La plupart du temps, ce discours relie cette crise aux femmes et surtout aux avancés du féminisme qui feraient en sorte que les femmes domineraient la société québécoise. Bref, le Québec vivrait sous le matriarcat. Les hommes seraient relégués à des rôles méprisables et seraient opprimés par les femmes.

Malheureusement, ce discours a fait son chemin dans les médias et bien des gens y croient de bonne foi. Il est donc fort possible que l’oncle Yves, grand-père Bertrand ou même la cousine Marie vous parlent du «fameux» matriarcat québécois. 

Voici 3 arguments qui sont assez bien ancrés dans l’opinion populaire et qui sont souvent mis de l’avant par le mouvement masculiniste.

Décrochage scolaire des garçons
Le système scolaire ne serait plus adapté aux garçons. Les méthodes d’enseignement et les programmes seraient féminisés et décourageraient les garçons étant donné que cela ne correspond pas à leur nature masculine.

Il est clair qu’il faut viser la réussite scolaire de tous les enfants. Cependant, il est faux de prétendre que les femmes sont responsables des difficultés scolaires des garçons. Les difficultés des garçons sont, fort probablement, bien plus reliées à l’effet des stéréotypes sexistes. Pourtant, loin de remettre en question la socialisation différenciée des garçons et des filles, les masculinistes la valorisent en réclamant un retour à des modèles traditionnels d’éducation et parfois jusqu’à la non mixité des institutions scolaires.

Ces solutions mises de l’avant par les tenants du discours masculiniste se réfèrent à un modèle unique et très restreint de la masculinité. L’ouverture à la diversité constitue néanmoins une bien meilleure manière d’améliorer le rapport à l’école des enfants et de les préparer à la vie en société. La réussite scolaire passe par la réduction des stéréotypes sexuels, pas leur renforcement et leur promotion.


Suicide des hommes
Le pourcentage élevé de suicide chez les hommes est souvent associé aux avancés du féminisme, aux choix des femmes de se séparer de leur conjoint et l'absence de modèles purement masculins.

Empiriquement, il est vrai que les hommes au Québec se suicident plus que les femmes, mais il est à noter que les masculinistes, qui font grand état de ces statistiques, ne les décortiquent pas. En effet, si on s'attarde aux catégories d'hommes les plus à risque, on retrouve les amérindiens, bisexuels et homosexuels. Chez les bisexuels et homosexuel, c'est souvent la pression sociale à se conformer au modèle hétérosexuel qui amène une détresse. D'ailleurs, les propos des masculinistes ne s'attardent qu'aux suicides des hommes blancs hétéros séparés ou divorcés.

La préoccupation seulement face au suicide des hommes occultent ceux des femmes. Effectivement, pour certaines tranches d'âge celles-ci se suicident même plus que les hommes. Pour les 30-49 ans en 1999-2000, il y a eu 5,2/10 000 suicides chez les femmes et 4,8/ 10 000 suicides chez les hommes.

Si on tient compte des tentatives de suicide, selon les statistiques, les femmes en font plus que les hommes ou se retrouvent à égalité. Comment expliquer la plus forte mortalité des hommes? Et bien, les femmes ont une tendance à se tourner moins souvent vers des méthodes plus meurtrières (arme à feu, monoxyde de carbone) soit parce qu'elles n'y ont pas accès, qu'elles ne sont pas familières avec celles-ci ou que leur socialisation ne les encourage pas à opter pour ces méthodes.

De plus, les causes des suicides sont variées et multiples. Le suicide est une problématique complexe qui ne peut se réduire à dire que les hommes souffrent à cause des femmes.

Garde partagée des enfants
Le système judiciaire serait corrompu et favoriserait de manière systémique les femmes dans l'attribution de la garde des enfants. 

L'attribution de la garde des enfants que les parents soient mariés, unis civilement ou conjoint de fait est encadrée juridiquement. La notion de l'intérêt de l'enfant est un pilier central de ces lois. Pour restreindre le droit d'accès d'un parent, le système judiciaire doit avoir la preuve que le parent à un comportement qui peut aller à l'encontre de l'intérêt de l'enfant.

D'ailleurs, les cas qui se rendent jusqu'au juge pour trancher sont assez rares. En effet, les parents la plupart du temps s’entendent à l'amiable ou passent par un processus de médiation qui vise à trouver une entente. Une fois cette entente faite, le tribunal ne fait que l'entériner. C'est dans environ 12% des dossiers que les parents ne parviennent pas à s'entendre sur la garde et où le juge devra prendre une décision. La plupart des choix concernant la garde des enfants ne proviennent donc pas du système judiciaire, mais d'un accord mutuel entre les parents.

Pour en savoir plus sur le sujet :

Le livre Le Mouvement masculiniste au Québec : l'antiféminisme démasqué sous la direction Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri

Et une vidéo de Katerine Martineau, diffusée par Vidéo distorsion, qui déconstruit plus largement l’argumentaire masculiniste.



On se laisse sur une petite BD! Joyeuses fêtes à toutes!

1) Je ne suis pas féministe, mais
2) Seulement attendre là et être décorative est un peu ennuyant
3) Finalement, je suis vraiment féministe

samedi 13 octobre 2012

Pour en finir avec la "pop" culture du viol

    AVERTISSEMENT: Cet article traite de viol et de violence sexuelle.
    Ça nous arrive à toutes de se faire désagréablement surprendre par une scène de viol lorsqu'on regarde la télévision, un film, qu'on lit un roman ou qu'on joue un jeu vidéo. Ça nous arrive à toutes de serrer les dents devant la violence, de détourner le regard pour l'éviter, de fermer le livre par dégoût. Ça nous arrive à toutes parce que le viol est partout, tout le temps.

     

     Nous vivons dans une culture du viol. C'est-à-dire "une culture dans laquelle le viol et la violence sexuelle sont communs et dans laquelle les attitudes, normes, pratiques et médias normalisent, excusent, tolèrent et même approuvent la violence sexuelle. Des comportements associés à la culture du viol sont: blâmer les victimes, objectiver sexuellement et banaliser le viol."

  



     On a eu plus que notre part d'exemples de tout cela dans les dernières années. Il y a tous les cas où les femmes sont "responsables" de leur viol à cause de leur habillement, de leur comportement, de leurs habitudes de vie. Il y a tous les cas où les agresseurs sont acquittés parce que la justice refuse de croire les victimes, etc.

      Au delà de la triste et choquante réalité que vivent les femmes tous les jours, on est confrontées à des représentations (plus ou moins graphiques et violentes) du viol et de la violence sexuelle tout autour de nous, en tout temps. Les auteur-e-s de romans, pour la télévision, les films, etc, l'utilisent à toutes les sauces. Le site TV Tropes, qui regroupe les tendances ou les clichés que l'on retrouve continuellement au cinéma, dénombre pas moins d'une soixantaine de "tropes" liés au viol et au harcèlement sexuel. Je vous laisse explorer la liste.

     Il y a des cas où le viol est utilisé paresseusement comme moyen de choquer facilement les gens. C'est le cas des blagues de viol qui sont utilisées à profusion dernièrement dans les sitcoms américaines, mais aussi par des humoristes bien connus. Il semble que ce soit un must de briser les barrières et conventions en faisant des blagues sur le viol.(sic) Il y a eu un cas aux États-Unis où un humoriste sur scène se plaisait à dire que les blagues de viol était toujours drôles. Quand une spectatrice choquée lui a dit qu'au contraire ce n'était jamais le cas, il a répondu quelque chose du genre: "Ce ne serait pas drôle si une femme se faisait violer par cinq hommes? Ici, maintenant?" Suite à l'hilarité de la foule et à son malaise personnel, la femme a quitté l'endroit. Après qu'elle ait dénoncé l'évènement sur Internet, de nombreux autres humoristes se sont portés à la défense de ce comédien. Kate Harding propose ici "15 blagues de viol qui fonctionnent."

     Dans les films et à la télévision, le viol sert à choquer. Il sert aussi de prétexte pour montrer de la nudité et titiller les spectateurs. Dans les dernières années, j'ai vu des scènes de viol vraiment atroces à l'écran et très peu d'entre elles me semblaient "justifiées". Prenez n'importe quel film où une bande de personnes sont prisonnières, dans un monde post-apocalyptique ou juste dans un monde violent et vous êtes sûres d'en trouver à profusion. Je pense à L'aveuglement, The Girl with the Dragon Tattoo, 28 jours plus tard... Le viol est ici utilisé pour montrer la barbarie d'un monde maintenant sans règle, bla bla bla. Le problème, c'est que ça représente plutôt ce qui se passe actuellement à tous les jours. Il faut savoir questionner la pertinence d'une scène de viol dans un film. Qu'est-ce que la scène apporte? Est-elle nécessaire à l'histoire? Le personnage aurait-il pu se développer autrement? Y avait-il d'autres manières de le présenter?

     Il y a aussi le viol comme façon de nous faire "aimer" une protagoniste, de la victimiser. Ça sert dans le cas où la femme va ensuite chercher une vengeance ou dans ceux où elle va devenir une super ninja à cause de son expérience, etc. Par exemple, le tout nouveau chapitre de la série des jeux Tomb Raider nous présente une nouvelle origine pour Lara Croft. Dans la bande-annonce du jeu, on voit que Lara subit une tentative de viol. On peut se demander ce que cela apporte au personnage, considérant tous les autres évènements traumatisants qu'elle doit apparemment subir dans le jeu. Quand on lui demande pourquoi rendre Lara si vulnérable, le producteur exécutif répond que les joueurs vont avoir envie de protéger Lara (parce que c'est une femme!). C'est dommage, parce que c'est une représentation des femmes de plus qui ne sera plus "positive". Malgré l'accent mis sur sa poitrine, Lara était un personnage intelligent et aventureux. Elle se retrouvera maintenant dans une situation où elle est victime et doit être protégée.

     Finalement, on a récemment demandé à une auteure de Fantasy "quand son personnage allait être violé, car c'était nécessaire pour que son histoire soit réaliste." Elle a répondu ce qui suit: 

Le viol en fiction peut être une chose puissante et importante. Il peut être utilisé pour faire d'importantes déclarations ou pour pour faire avancer une histoire importante. C'est important de montrer des choses inconfortables dans la fiction. Je ne dis pas qu'il ne faut jamais écrire sur le viol. Mais le viol en fiction peut aussi être problématique et dénigrant quand il est utilisé pour remettre des héroïnes impudentes à leur place.
Je ne veux pas écrire ça. Je ne comprends pas, ne vais pas comprendre, refuse de comprendre pourquoi le viol doit être sur la table pour chaque histoire avec une femme protagoniste ou même un personnage féminin secondaire fort. Pourquoi est-il assumé que je suis "irréaliste" quand je dis qu'aucun de mes personnages ne sera violé? Pourquoi cela "enlève-t-il la tension de l'histoire"? Il y a déjà assez de tension sans que j'écrive à propos de quelque chose qui me fâche moi et plein de mes lecteurs. Merci. (Ma traduction.)

Notre culture du viol est tellement étendue, tellement incrustée partout que tout cela ne représente qu'un infime survol de la réalité. Le problème, ce n'est pas que l'on entende parler de viol, que l'on retrouve le viol dans la culture populaire. Au contraire, il a fallut tellement de temps pour le sortir du secret, pour oser en parler. L'idée n'est surtout pas d'effacer la question du viol de nos représentations culturelles, mais plutôt de cesser de l'utiliser comme un raccourci paresseux et offensant pour servir des buts de comédie, d'horreur ou de victimisation. La violence sexuelle est une réalité et comme toutes les autres réalités, elle doit être visibilisée. Mais il est plus que temps que l'on se questionne sur la manière dont cela est fait actuellement et que l'on cesse d'accepter d'être exposées à de la violence gratuite tous les jours.

mardi 13 juillet 2010

Feminist Hulk!



Depuis quelques mois est apparu sur Twitter, un personnage assez singulier, Feminist Hulk! Il a maintenant près de 19 000 fan qui peuvent lire ces commentaires quotidiens sur le féminisme, le genre et ses activités quotidiennes.

Sa bio: HULK SAYS FUCK PATRIARCHY. HULK HERE TO SMASH GENDER BINARY.

Et son commentaire d'aujourd'hui (13 juillet) :

HULK CAN LEAD PATRIARCHY TO WATER...TO SMASH ITS HEGEMONIC FACE IN RIVER OF POLLUTED CORPORATE RUNOFF TILL IT DROWNS.

Quelques autres commentaires:

HULK STAND IN AWE OF ALL KINDS OF FEMINISM. HULK LOVE ALL FEMINIST ALLIES, EVEN WHEN WE DISAGREE. HULK HAVE PLURALISTIC SMASH!

HULK FALL ASLEEP AFTER DINNER, DREAM OF POST-HEGEMONIC GREEN UTOPIAS.

HULK SAY OBJECTIFICATION AND REPRESSION WORK TOGETHER. HULK SMASH SEXUAL EXPLOITATION AND SEX-NEGATIVITY AT SAME TIME!

HULK LOVE BABIES. BABIES ARE UNFETTERED BY SEXIST IDEOLOGY, AND HAVE NATURAL INSTINCT TO SMASH THINGS.



Il a également fait une entrevue avec MS. À lire pour en savoir plus sur Feminist Hulk!



FEMINIST HULK SMASH EXCLUSIVE INTERVIEW WITH MS.!


G.S

mercredi 24 février 2010

"Princess Sarah wears what she pleases!"

Une super bd découverte via Feministing. Elle raconte l'histoire d'un enfant trans qui doit dealer avec ses parents, ses amis, etc. Très divertissant et intéressant! Bonne lecture. Cliquez sur l'image pour lire la suite.

lundi 9 mars 2009

Bandes dessinées

Dans un autre de mes interminables temps libres, j'ai tapé bande dessinée et féminisme sur google et voilà ma trouvaille...

Dossier : Femmes dans la bande dessinée

On a toutes lu de la bande dessinée, plus ou moins grand public, plus ou moins adulte. La plupart du temps, nous ne nous sommes sans doute même pas rendues compte de l’étrange absence de femmes comme personnages de BD. Il y a bien Yoko Tsuno, Adèle Blanc-Sec, Minnie, Natacha l’hôtesse de l’air,…mais c’est bien maigre et c’est signé au masculin.

Mais qu’est ce qui peut bien nous choquer dans cette BD traditionnelle ? Serait-ce son usage à outrance des clichés sexistes dans le dessin même : corps gonflés, exposés, déshabillés ? Son côté « comment dessiner une femme en trois leçons » : 1/ Des seins disproportionnés, des tenues décolletées et des poses suggestives, bref un look drag queen… 2/ La réduction de la femme à un homme mutant : dessinez un homme et rajoutez-y des yeux pourvus de longs cils et une bouche cernée de grosses lèvres, 3/ L’économie : c’est son appartenance seule au sexe féminin qui la caractérise, en général un personnage féminin par BD suffit : au choix victime à sauver, femme violée, objet de décoration érotique, et la kyrielle des fonctions clichés (infirmière, princesse, pute, maman, schtroumpfette…) ? ...


G.S