J'ai entendu, lu, vu plusieurs témoignages de femmes concernant leur expérience d'accouchement à l'hôpital. Le bilan, c'est qu'il y en a quelques-unes de chanceuses pour qui tout se passe bien et beaucoup pour qui l'expérience s'avère très éprouvante entre autre à cause du traitement donné par le personnel soignant.
Les principaux problèmes : la logique marchande et le non-respect du corps et du rythme de la femme.
Les femmes sont constamment brimées dans leurs droits durant la grossesse mais aussi durant l'accouchement. Si le travail s'annonce très long, si la place manque, les médecins n'hésiteront pas à provoquer, précipiter l'accouchement pour une plus grande efficacité. On poussera les femmes à accepter la péridurale à tout prix, encore pour raccourcir le processus. On procédera à des césariennes lorsque ce n'est pas nécessaire pour sauver du temps. On obligera la femme à être couchée sur la civière, les jambes élévées alors que des études prouvent que ce n'est pas du tout la position idéale. On séparera très rapidement la femme de son enfant sous différents prétextes. Toutes ces opérations sont pratiquées souvent sans réellement informer les femmes, en dénigrant leurs incertitudes, en attribuant leurs doutes légitimes aux hormones, à la peur, à la panique, etc. Il n'est pas tenu compte des droits de la femme de consentir en pleine connaissance de cause à ce que lui est proposé. Évidemment certains hôpitaux ont des politiques infiniment plus respectueuses du rythme et des besoins des femmes. Des organismes comme le Regroupement Naissance-Renaissance travaillent sur ces enjeux depuis longtemps. Elles font entre autre la promotion de la profession de sage-femmes, des maisons de naissance, etc.
Le Venezuela a fait un grand pas dans la reconnaissance du phénomène en 2007 lorsqu'il a ajouté le concept de "violence obstétrique" dans "The Organic Law on the Right of Women to a Life Free of Violence". Le concept est en gros défini comme étant
"…the appropriation of the body and reproductive processes of women by health personnel, which is expressed as dehumanized treatment, an abuse of medication, and to convert the natural processes into pathological ones, bringing with it loss of autonomy and the ability to decide freely about their bodies and sexuality, negatively impacting the quality of life of women.”
Traduction approximative : l'appropriation du corps et des processus reproductifs des femmes par le personnel médical, qui s'exprime par un traitement déshumanisé, une médication abusive. La transformation de processus naturels en pathologies, accompagné d'une perte d'autonomie et de la capacité de décider librement pour les femmes en ce qui concerne leurs corps, leur sexualité. En bref, des comportements ayant un impact négatif sur leur qualité de vie.
Plusieurs actes sont identifiés comme étant de la violence obstétrique.
(1) Untimely and ineffective attention of obstetric emergencies; (2) Forcing the woman to give birth in a supine position, with legs raised, when the necessary means to perform a vertical delivery are available; (3) Impeding the early attachment of the child with his/her mother without a medical cause thus preventing the early attachment and blocking the possibility of holding, nursing or breast-feeding immediately after birth; (4) Altering the natural process of low-risk delivery by using acceleration techniques, without obtaining voluntary, expressed and informed consent of the woman; (5) Performing delivery via cesarean section, when natural childbirth is possible, without obtaining voluntary, expressed, and informed consent from the woman.
Donc 1 - Attention prématurée et inefficace accordée aux urgences obstétriques.
2- Obliger les femmes à accoucher couchées, les jambes levées...
3- Nuire à la création du lien mère/enfant en les séparant sans causes médicales dès la naissance.
4- Altérer le processus naturel d'accouchement en utilisant des moyens pour l'accélérer sans avoir un consentement conscient et volontaire de la femme.
5- Utiliser la césarienne lorsque non-nécessaire, sans consentement, etc.
Cette loi ne couvre pas toutes les situations abusives et violentes pouvant arriver aux femmes durant l'accouchement, entre autre ce que les anglophones appellent le "birth rape", c'est-à-dire l'introduction à répétition ou non de doigts ou d'objets dans le vagin de la femme sans son accord et sans justification suffisante. Cette loi constitue malgré tout un très bon début, déjà beaucoup plus poussé que ce qui existe ici. Espérons qu'elle est réellement appliquée. Il semble qu'en 2008, il y avait toujours un manque d'information et que les résultats escomptés n'étaient pas au rendez-vous.
Somme toute, pas de doute qu'il y a encore énormément de chemin à faire pour que les femmes se réapproprient totalement le contrôle de leurs fonctions reproductrices...
Un premier petit pas à faire si vous voulez: signer cette pétition sur les maisons de naissance ;)
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