On entend souvent dire qu'Internet est révolutionnaire parce qu'il permet à toutes les voix de s'exprimer. Que grâce à la technologie, toutes les opinions peuvent être entendues, que les femmes, entre autres, peuvent enfin avoir une place égale.
On parle ensuite en riant de ces trolls qui inondent les pages webs. Selon Wikipedia, "un « troll » est une personne qui participe à une discussion ou un débat (par exemple sur un forum)
dans le but de susciter ou nourrir artificiellement une polémique, et
plus généralement de perturber l'équilibre de la communauté concernée." Dit comme ça, ça ne semble pas si dramatique. Les gens vont généralement faire des commentaires du genre "Don't feed the trolls". Il s'agirait donc d'un phénomène bénin qu'il suffit d'ignorer pour s'en débarrasser.
Pourtant, si l'on s'intéresse à exprimer un point de vue féministe sur Internet, on se heurte rapidement à une réaction beaucoup plus agressive et organisée que cela. Profitant de l'anonymat que leur procure Internet, des internautes n'hésiteront pas à exprimer les commentaires les plus sexistes, misogynes, racistes, etc. Cela peut aller des blagues de sandwiches ("Go make me a sandwich", "You should be in the kitchen") aux commentaires du genre "Montre tes seins ou dégage" ("Tits or GTFO!") pour finalement atteindre les menaces de viols, de mort, etc.
Anita Sarkesian, qui réalise des vidéos s’intéressant aux stéréotypes féminins dans les médias, le cinéma et les jeux vidéos, s'est récemment heurté à un mouvement de censure organisé jamais vu. Alors qu'elle tente de recueillir des fonds pour une série de capsules sur la représentation des femmes dans les jeux vidéos, elle s'est vu assaillir de milliers de commentaires tout plus sexistes et menaçants les uns que les autres. Il s'agissait d'une attaque coordonnée et organisé entre autre par des lecteurs et auteurs de divers blogues portant sur les jeux vidéos. Vous pouvez trouver un échantillon des commentaires qu'elle a reçu ici. Attention, ça peut être très choquant, mais c'est aussi très révélateur. La page Wikipedia la concernant a aussi été vandalisée à répétition, forçant les administrateurs du site à contrôler les modifications apportées.
Il est important de réaliser que loin d'être un phénomène bénin et inoffensif, ce genre d'attaque sur le web a pour but d'effrayer et de censurer les femmes qui expriment leur point de vue, féministe ou pas. Cette technique a certainement fait taire de nombreuses femmes qui n'en pouvaient plus de lire tous ces commentaires dégradants. Dans le cas d'Anita, elle supprime généralement les commentaires des trolls, mais devant une situation si extrême, elle a plutôt choisi de s'en servir comme outil de sensibilisation. Il est heureux que ça ne l'est pas fait taire. Le blogue Je suis féministe a plutôt décidé de créer un palmarès de leurs trolls et des pires commentaires. Il s'agit d'une autre stratégie pour lutter contre ce genre de comportement.
Dans tous les cas, il est important de ne pas prendre à la légère l'impact que ces commentaires, messages peuvent avoir sur le sentiment de sécurité des femmes qui osent s'exprimer sur le net. Il faut lutter contre cette forme d'intimidation et faire du web un espace plus sécuritaire et ouvert.
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