lundi 29 août 2011

Manuel de féminité/virilité 101


Je suis tombée sur des articles assez incroyable sur le site de WikiHow. (Un wikipedia style manuel d’instruction)
Besoin d’un cours sur comment être féminine? C’est votre jour de chance parce que Wikihow a des articles pour vous… How to Be Girly et How to Be a Girly Girl (Comment être féminine et comment être une fille féminine) Les garçons ne sont pas oubliés et on y retrouve également How to Be Manly. (comment être virile/masculin)

D'abord, pour les partisans des arguments essentialistes qui défendent l'idée de LA femme dotée d’une féminité innée et pas du tout construite... j'ai une seule question, si c'est naturel et si évidemment inscrit dans notre génétique pourquoi avoir besoin d'un article pour nous expliquer comment en être une?!

Au-delà de cela, il est également intéressant de s’attarder aux caractéristiques et rôles que ces pages associent à la féminité et à la masculinité.

Je vous épargne les articles complets, j’ai sorti les grandes lignes.




Comment être féminine


Dans les étapes à suivre :

-Si vous allez à une école qui exige l'uniforme, mais voulez rester féminine vous pouvez porter du gloss ou des bijoux.
-Toujours prendre une douche tous les jours.
-Toujours brosser vos dents 3 fois par jour, une fois le matin, le soir et la nuit.
-Toujours prendre soin de vos cheveux pour qu’ils soient magnifiques.
-Lorsque vous êtes en public et même à la maison assurez-vous de surveiller vos manières.
-Assurez-vous que vos vêtements soient super mignons.
-Le vernis à ongles est un élément important, même chose pour les sacs à main.
-Le maquillage est absolument nécessaire.

S’ajoutent des conseils…

-Essayez d'être gentille avec tout le monde, même si vous détestez certaines personnes. Ne le laissez pas montrer, voyez le bon côté des gens!
-Quand vous marchez, ne vous contentez pas de marcher normalement, mais marcher avec style comme un modèle.
-Si vous faites du sport essayez le patinage artistique, la danse ou les meneuses de claques. Tous les sports auxquels vous êtes douées ! Tant que vous ne vous salissez pas trop.



Dans le second article, les étapes sont séparées en 3 catégories, mais on tourne encore autour des mêmes choses…


1-Entretien, Maquillage & Santé

-Prenez soin de votre peau.
-Portez du maquillage.
-Pomponnez-vous tous les jours.
-Ayez une bonne hygiène, rasez-vous.
-Prenez soin de vos ongles.
-Prenez soin de vos cheveux.
-Gardez vos dents belles et blanches.
-Ayez des bons goûts vestimentaires.
-Trainez un sac à main.

2- Vêtements & Style

Assurez-vous que vos vêtements soient super mignons, féminins et à la mode.

3-Comportement

-Remplacez vos mouvements maladroits et brusques par de beaux gestes gracieux. -Soyez gracieuse.
-Avoir une personnalité brillante, pétillante et heureuse.
-Apprenez à bien parler. Jurer ou parler fort ou avec un accent que personne ne comprend n’est pas attirant ni distinguée.
-Arrêtez de jurer.
-Ne vous empiffrez pas de nourriture - mastiquez vos aliments et ne faites pas de bruits.
-Soyez toujours gentille et généreuse



Bref, un des articles le mentionne lui-même, la beauté a un prix, les filles! En somme, il faut souffrir pour être belle. Un autre adage qui me vient en tête pour résumer le contenu de l’article ; Sois belle et tais-toi! Absolument tout tourne autour de l’apparence physique ou des comportements dociles et avenants avec les autres.


Comment être masculin

Premièrement, fait intéressant à noter, l’article décrit la masculinité en plusieurs dimensions. Il semble donc qu’être un homme viril serait plus complexe et complet qu’être une femme féminine.

Il y a sept piliers de la virilité. Pour être vraiment viril, essayer de progresser dans le plus grand nombre possible

Comprendre et devenir un mâle viril

Physique
-Les hommes virils sont physiquement plus puissants et plus impressionnants que les femmes ou les hommes efféminés
-Le mâle viril n'est pas obsédé par l'apparence physique ou le processus naturel du vieillissement

Fonctionnelle
-Être à la tête de la famille avec une partenaire et des enfants qui dépendent de vous c’est être un père masculin. Quand vous en serez un, vous pourrez assumer l'autorité et avoir la responsabilité de diriger les autres.

Sexuelle
-Il est considéré comme viril d'être sexuellement affirmé, confiant et expérimenté
Pour y parvenir, travaillez pour devenir confiant sexuellement et dominant. Ensuite vous pourrez poursuivre des partenaires, ne vous contentez pas d'exprimer timidement votre intérêt ou votre désir.

Émotionnels
-Être trop émotif est un manque de contrôle sur soi et son environnement.
-Un leader assumé vers qui les autres se tournent doit être en contrôle de ses émotions.
-Pour y parvenir, critiquez honnêtement vos état ​​émotionnels et attaquez-vous à vos faiblesses dans toutes les situations.

Intellectuelle
La virilité est logique, intellectuelle, rationnelle, objective et pratique, pas ouvertement émotionnel.

Interpersonnelle
La virilité est auto-satisfaisante et elle ne cherche pas, ni n’a besoin de l'approbation des autres

Distinctifs
La virilité est sauvage et cherche l'état sauvage. Pour y parvenir, achetez une arme à feu et allez chasser.


Bref, un mélange de puissance, confiance, leadership et tout cela sans émotion ou autres signes affreux de faiblesses. Ici c’est plutôt; Sois fort et domine!



Les deux portraits girly et manly semblent tellement caricaturaux qu’on en vient à se demander si c’est vraiment écrit de manière sérieuse. Pourtant quand on regarde l’ensemble c’est bel et bien les messages que la société projette. On valorise les jeunes filles pour leurs corps, on leur apprend à vouloir être belles à n’importe quel prix (chirurgie, achat de millions de produits, diète, mode, etc.) et à être dociles tandis qu’on apprend aux garçons à dominer, à avoir confiance en eux et à refouler leurs émotions.

Ces stéréotypes sont tenaces et toutes personnes qui en dérogent se fait souvent sermonner, punir ou rejeter. J’ai fréquemment entendu le «Une fille qui sacre c’est pas beau tu sais!», «Une telle devrait s’arranger.» (S’arranger?! Les femmes sont naturellement laides et doivent se réparer… quoi!?) et «Un grand garçon ça ne doit pas pleurer ».

Il est intéressant de voir un portrait d'ensemble de tous ces stéréotypes associés au genre (même si ce n'est pas du tout le but des articles WikiHow). En lire la longue liste mets bien les choses en perspective et fait ressortir le non sens de socialiser les enfants à y correspondre.


G.S

jeudi 25 août 2011

Mystères de l'orgasme féminin

Pour celles et ceux qui s'intéressent à la question de l'orgasme féminin, voici une émission en 4 parties qui fait état des plus récentes recherches sur la question. Malheureusement le tout est en anglais. En gros, les scientifiques se demandent à quoi sert l'orgasme féminin, quels sont ses impacts sur le cerveau, son utilité dans le cadre de la reproduction. Certaines de leurs théories peuvent être critiquables ou intéressantes d'un point de vue féministe, à vous de vous faire une idée. Mais d'une façon ou d'une autre, il s'agit d'un reportage très intéressant si l'on veut connaitre mieux l'anatomie féminine et le fonctionnement du corps.

Partie 1


Partie 2


Partie 3


Partie 4





jeudi 4 août 2011

L'art de culpabiliser les victimes d'agressions sexuelles

Avertissement cet article contient des informations sur les agressions sexuelles qui pourraient être bouleversantes.

On a fait grands cas ces derniers temps des procès surmédiatisés pour agressions sexuelles notamment l’affaire DSK. Les agressions sexuelles sont devenues le sujet du jour et c’est à ce moment qu’on entend des propos assez incroyables. Il serait peut être à propos de se rappeler que la législation sur les agressions sexuelles (du moins au Québec) est assez récente et que l’on revient d’un long chemin ardu pour réclamer le respect de notre intégrité.

En effet, jusqu’en 1983, ce sont les règles du common law (code de loi britannique basé sur la jurisprudence et le droit coutumier) qui régissaient les procès pour viol. D’ailleurs, la notion d’agression sexuelle n’existe pas à l’époque dans le droit. Seule la pénétration vaginale était considérée comme un viol et le viol conjugal était exclu de toute poursuite. En fait, l’expression même de «viol conjugal» n’a pas vraiment de sens à cette époque puisque par le mariage, la femme devenait la propriété de l’homme et lui devait soumission. Sous la notion de devoir conjugal, celle-ci une fois mariée donnait un consentement irrévocable à toutes les relations sexuelles que pouvait solliciter son mari.

Dans un procès pour viol, il y a à l’époque des règles de preuve de la jurisprudence qui sont extrêmement contraignantes.

La première de celle-ci est la preuve de non-consentement de la victime. Une femme violée doit donc s’être débattu le plus possible. Effectivement, sans preuve de résistance, il n’y a pas de viol selon le tribunal.

Une autre règle de preuve est la plainte spontanée. Cette preuve est issue de la croyance qu’une «vraie» victime de viol ira porter plainte et dénoncera son agresseur immédiatement.

Une autre preuve nécessaire à une déclaration de culpabilité est la corroboration, c'est-à-dire que le seul témoignage d’une femme n’est pas suffisant. Effectivement, il faut un autre témoin que la victime pour corroborer les faits, cas assez rare dans ces situations.

Une autre possibilité pour contester l’accusation est la preuve de commune renommée. En effet, l’accusé peut utiliser comme défense le passé sexuel de la victime en lien avec son consentement à l’acte reproché et sa crédibilité de témoin. Les contre-interrogatoires peuvent donc être constitués de questions sur tous les aspects de la vie sexuelle de la plaignante notamment sur sa réputation sexuelle. Si la défense réussit à convaincre que la plaignante n’est pas de bonnes mœurs, l’accusé sera acquitté

Le fardeau de la preuve est dont très difficile à fournir et à vivre. La législation de l’époque n’était pas à l’avantage des survivantes d’agressions sexuelles. En plus de cet obstacle législatif, le sujet du viol est extrêmement tabou et isole par le fait même les femmes l’ayant vécu.

C’est donc en 1983 que le législateur révise de façon majeure la notion de viol dans le Code criminel. Il crée une nouvelle infraction; l’agression sexuelle. Maintenant tout geste à caractère sexuel est visé et pas seulement la pénétration vaginale. L’immunité maritale concernant le viol conjugal est abrogée. Il dissout les règles de preuves qui causaient du tort aux survivantes et décourageait les plaintes.

Ce passé peu glorieux inspirerait de la révolte chez la plupart des gens. Une chance que tout cela n’est que du passé! Ah oui?! Nous sommes nous vraiment complètement détaché-es de ce bagage grâce aux changements juridiques? Bien qu’abrogées, en y réfléchissant un peu il me semble que les quatre règles de preuve de l’époque font écho dans notre société même aujourd’hui et freinent toujours de nombreuses victimes à porter plainte et les isolent encore.

Preuve de non-consentement

Récemment les républicains aux États-Unis ont tenté lors de la présentation de leur ''No Taxpayer Funding For Abortion Act.'' à la chambre des représentants d’interdire le financement public des avortements. Les cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé de la mère feraient cependant exception. Chris Smith qui a proposé le bill a cependant tenté de réduire la définition de viol à viol par contrainte (forcible rape). Ce qui veut dire que les cas où les femmes disent non mais ne combattent pas physiquement leurs agresseurs, ne serait pas définie comme des viol et donc pas couvert par l’exception. Face au tolé (heureusement) il a du retirer cette modification.


Plainte spontanée

Récemment, Enquête a diffusé un reportage sur les prêtres pédophiles et l’Église catholique romaine, et j’y ai appris que pour une poursuite au civil pour dédommagements la période de prescription est de 3 ans. (Contrairement au criminel où il n’y a pas de période de temps). Cette disposition du Code Civil rend une poursuite civile pour une agression sexuelle datant de plus de 3 ans impossible (malgré que certains procès de prêtres pédophile soient entrain de faire jurisprudence pour ne pas tenir compte de la période de prescription).


La corroboration

Même si on demande plus de manière obligatoire un témoin pour donner un jugement de culpabilité, le scepticisme et le peu de crédit qu’on donne dans plusieurs cas au survivantes d’agressions sexuelles qui osent en parler revient presque au même. Trop souvent, les policiers, le système de justice, l'entourage ainsi que les institutions où se déroule les agressions (notamment les campus scolaires) ne prennent pas au sérieux les femmes qui déclarent des agressions sexuelles.

Un cas particulièrement choquant montre les graves conséquences qu’entraîne ce mépris des autorités envers les victimes. La police de Cleveland (États-Unis) a rejeté les plaintes pour agressions sexuelles de plusieurs femmes contre Anthony Sowell. Il a fallu attendre que la police découvre 11 corps de femmes disparues sur la propriété de Sowell pour qu’ils prennent au sérieux ces femmes. Une des plaintes contre lui avait été enregistrée en 2008 avant que certaines de ses victimes ne soit portées disparues.


Commune renommée

Aujourd’hui, on parle plutôt de réputation. C’est probablement, le vestige des règles de preuve qu’on peu observer le plus. L’idée insidieuse que seule une femme qui a une bonne réputation peut être une ''vraie'' victime d’une agression sexuelle est particulièrement forte. On tente de rendre coupable de leur propre agressions les femmes en évoquant leurs passés, leurs habillements, leurs attitudes, etc. Bref, tout est bon pour dire le fameux, ''elle l’avait cherché, c’est de sa faute''. La couverture médiatique et les propos de plusieurs personnes sur des affaires d’agressions sexuelles le démontre bien :

Un cas de viol collectif sur une fille de 11 ans :
‘’Mais déjà des voix s’élèvent dans la communauté de Cleveland pour fustiger… la victime de 11 ans qui s’habillait plus vieille que son âge, fréquentait des amis plus âgés et se maquillait comme une jeune femme de vingt ans et avait une page Facebook sur laquelle elle évoquait ses dernières sorties alcoolisées.’’
Sur ce cas: Victim Blaming in Cleveland, Texas Gang Rape of 11 Year Old

Dans l’affaire DSK, on accuse notamment la victime d’être une prostituée qui vendrais de la drogue et qui aurait menti dans ces papiers d’immigration, comme si un de ces éléments faisait subitement en sorte que son consentement n’était plus important.

Un policier de Toronto a récemment fait scandale après avoir dit, durant une conférence, à des étudiantes « qu'elles n'avaient qu'à ne pas s'habiller en « salopes » si elles voulaient éviter d'être agressées sexuellement.»



Ces constats montrent que les survivantes d’agressions sexuelles bien qu’elles ne doivent plus faire face à la législation d’avant 1983, doivent toujours affronter une société patriarcale où on remet souvent en question leur crédibilité et la gravité de la violence qu’elles ont subit.


L’explication de l’ancienne législation vient de ma compréhension de…

MORIN, Annie (1998). La petite histoire d'un grand crime. Barreau du Québec, [En ligne], http://www.barreau.qc.ca/publications/journal/vol30/no10/grandcrime.html (Page consultée le 27 novembre 2010).

NÉRON, Josée (1994). «L'agression sexuelle et le droit criminel canadien : l'influence de la codification», Les Cahiers de recherche du GREMF, no 62, 250 p.