dimanche 30 janvier 2011

Être enchaînées et s'aimer?

Lorsqu'on entend "prison", on pense d'abord "hommes", puis "violence", souvent "sexualité" et "échapper son savon". Vous voyez le principe. Évidemment, il y des femmes prisonnières (3% en France) et elles peuvent aussi vivre une sexualité en prison.


Selon Gwénola Ricordeau, " (l)es raisons de l’invisibilisation des femmes incarcérées (...) et de leur sexualité sont certainement à chercher dans les représentations communes de la sexualité des femmes, mais aussi des identités sexuées et des rapports sociaux de sexe qui réduisent les femmes – dedans encore davantage que dehors – à des mères ou à des épouses."




Dans son article Sexualités féminines en prison : pratiques, discours et représentations, Ricordeau parle du peu de recherches ayant été effectuées d'abord sur ces femmes et encore plus sur leur vie sexuelle taboue. Elle émet certaines hypothèses concernant cette situation. Elle effectue donc une série d'entrevues avec des hommes et des femmes emprisonné-es sur la question de la sexualité féminine en prison.

Elle explore plusieurs aspects de la sexualité féminine et de sa répression en prison, mais aussi les conceptions genrées qui sont à l'œuvre dans le milieu. On y retrouve des données sur l'homosexualité féminine, les perceptions du désir féminin versus le désir masculin avec témoignage à l'appui. « La frustration, ça doit être plus dur pour les femmes. Nous, on a la veuve poignée, on a les pornos. […] On m’a dit que si, en tant qu’homme, vous allez chez les femmes, vous vous faites violer ! » (Renald, Clairvaux).


Un exemple intéressant concernant les rôles et stéréotypes masculins/féminins: une expérience française appelée Unité de Vie Familiale (UVF) garantit un endroit où rencontrer ses proches dans l'intimité pour les détenu-e-s. Alors que pour les hommes, cet endroit est considéré comme un "parloir intime ou sexuel", pour les femmes il s'agit d'un endroit pour maintenir le lien des mères avec leurs enfants. Donc avec la prison," on punirait les hommes par la privation des femmes (et donc de sexualité), (et), on punirait les femmes en les privant de leurs enfants ou de la possibilité de procréer."



On y parle de "safe sex" :

"Si dans la plupart des établissements, l’accès aux préservatifs masculins est possible, les préservatifs féminins (fémidons) sont eux distribués exceptionnellement. De plus, la politique de prévention des transmissions des maladies et infections sexuellement transmissibles, imparfaite certes, menée dans les prisons d’hommes, n’a pas d’équivalent dans les détentions féminines. Selon un préjugé tenace, les rapports sexuels lesbiens seraient exempts de risques de contamination."

L'auteure traite finalement des relations des détenues avec le personnel surveillant de sexe opposé, des agressions à caractère sexuel et des rapports de pouvoir entre détenues.

Je ne vous ai donné que quelques bribes de cet article très intéressant. Je vous invite fortement à le lire en entier!

Les très belles photos sont tirées du JailProject.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire