Bon, c'est l'été. Il faut beau, il fait chaud, on veut aller sur la plage. Le problème, c'est que des tonnes de filles sont terrorisées à l'idée de se montrer en maillot de bain. Trop grosse, trop maigre... Elles entament des régimes en prévision du fameux port du bikini. Je dis: Il suffit! On s'en fout de ce que les autres pensent, on s'en fout des standards de beauté inatteignables et douloureux. Cet été, vous portez ce que vous voulez à la plage, vous montrez vos magnifiques corps (si vous voulez) quels qu'ils soient et pour une fois, vous profitez du soleil sans complexe.
jeudi 28 juin 2012
mercredi 20 juin 2012
Se débarrasser de «ça»
J’ai eu le grand déplaisir, mardi, d’entendre une entrevue à la radio de
Radio-Canada avec Réal Ménard, le maire de l'arrondissement
Mercier-Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Celui-ci venait défendre sa décision de créer une zone de tolérance pour la prostitution dans une
portion de la rue Ste-Catherine qui est plus industrielle.
Son entrevue radiophonique reflétait encore mieux selon moi l’idée sous-jacente derrière ce projet. Tout au long de l’entrevue, la prostitution et les prostituées sont désignées par moment par le mot «ça».
On se demande presque si on parle de moisissures, de rats ou autres nuisances. On n’en veut pas dans notre quartier et on veut faire le ménage. Les itinérantEs, les pauvres, les toxicomanes seront-t’ils les prochainEs à avoir leur zone de tolérance loin du regard des braves citoyens et citoyennes? Au lieu de mettre en place des ressources et de mobiliser la communauté à travailler sur les conditions de vie du quartier, on balaie le tout sous le tapis parce que c’est rapide et efficace semble t’il. Après tout, il faut régler le problème, s’empresse de dire le maire. On met en place un projet, on appelle la police et hop! Des sous-citoyennes, on peut se débarrasser de «ça» facilement!
Bien sûr, le projet soulève de nombreuses critiques notamment par l’administration de la Ville de Montréal. Réal Ménard affirme vouloir tout de même aller de l’avant avec le projet, c’est à suivre!
«Pour apaiser la tension, le maire d'arrondissement souhaite éloigner les prostituées des secteurs résidentiels et commerciaux. À défaut de trouver une solution définitive à la prostitution, il demande aux policiers de fermer l'oeil sur la prostitution dans une zone bien définie. «Il s'agit d'une zone de tolérance où la prostitution n'est pas légalisée, parce que je n'en ai pas le pouvoir, mais où on concentre ces activités», expose-t-il.»
Son entrevue radiophonique reflétait encore mieux selon moi l’idée sous-jacente derrière ce projet. Tout au long de l’entrevue, la prostitution et les prostituées sont désignées par moment par le mot «ça».
«Moi, mon objectif c’est de sortir ça des milieux résidentiels et commerciaux, ce qu’on a demandé aux policiers c’est de déplacer ça.» (vers le parc industriel).
«La meilleure solution c’est de sortir ça des milieux résidentiel et commerciaux.»
On se demande presque si on parle de moisissures, de rats ou autres nuisances. On n’en veut pas dans notre quartier et on veut faire le ménage. Les itinérantEs, les pauvres, les toxicomanes seront-t’ils les prochainEs à avoir leur zone de tolérance loin du regard des braves citoyens et citoyennes? Au lieu de mettre en place des ressources et de mobiliser la communauté à travailler sur les conditions de vie du quartier, on balaie le tout sous le tapis parce que c’est rapide et efficace semble t’il. Après tout, il faut régler le problème, s’empresse de dire le maire. On met en place un projet, on appelle la police et hop! Des sous-citoyennes, on peut se débarrasser de «ça» facilement!
Bien sûr, le projet soulève de nombreuses critiques notamment par l’administration de la Ville de Montréal. Réal Ménard affirme vouloir tout de même aller de l’avant avec le projet, c’est à suivre!
dimanche 17 juin 2012
Sexisme et harcèlement sur le net
On entend souvent dire qu'Internet est révolutionnaire parce qu'il permet à toutes les voix de s'exprimer. Que grâce à la technologie, toutes les opinions peuvent être entendues, que les femmes, entre autres, peuvent enfin avoir une place égale.
On parle ensuite en riant de ces trolls qui inondent les pages webs. Selon Wikipedia, "un « troll » est une personne qui participe à une discussion ou un débat (par exemple sur un forum)
dans le but de susciter ou nourrir artificiellement une polémique, et
plus généralement de perturber l'équilibre de la communauté concernée." Dit comme ça, ça ne semble pas si dramatique. Les gens vont généralement faire des commentaires du genre "Don't feed the trolls". Il s'agirait donc d'un phénomène bénin qu'il suffit d'ignorer pour s'en débarrasser.
Pourtant, si l'on s'intéresse à exprimer un point de vue féministe sur Internet, on se heurte rapidement à une réaction beaucoup plus agressive et organisée que cela. Profitant de l'anonymat que leur procure Internet, des internautes n'hésiteront pas à exprimer les commentaires les plus sexistes, misogynes, racistes, etc. Cela peut aller des blagues de sandwiches ("Go make me a sandwich", "You should be in the kitchen") aux commentaires du genre "Montre tes seins ou dégage" ("Tits or GTFO!") pour finalement atteindre les menaces de viols, de mort, etc.
Anita Sarkesian, qui réalise des vidéos s’intéressant aux stéréotypes féminins dans les médias, le cinéma et les jeux vidéos, s'est récemment heurté à un mouvement de censure organisé jamais vu. Alors qu'elle tente de recueillir des fonds pour une série de capsules sur la représentation des femmes dans les jeux vidéos, elle s'est vu assaillir de milliers de commentaires tout plus sexistes et menaçants les uns que les autres. Il s'agissait d'une attaque coordonnée et organisé entre autre par des lecteurs et auteurs de divers blogues portant sur les jeux vidéos. Vous pouvez trouver un échantillon des commentaires qu'elle a reçu ici. Attention, ça peut être très choquant, mais c'est aussi très révélateur. La page Wikipedia la concernant a aussi été vandalisée à répétition, forçant les administrateurs du site à contrôler les modifications apportées.
Il est important de réaliser que loin d'être un phénomène bénin et inoffensif, ce genre d'attaque sur le web a pour but d'effrayer et de censurer les femmes qui expriment leur point de vue, féministe ou pas. Cette technique a certainement fait taire de nombreuses femmes qui n'en pouvaient plus de lire tous ces commentaires dégradants. Dans le cas d'Anita, elle supprime généralement les commentaires des trolls, mais devant une situation si extrême, elle a plutôt choisi de s'en servir comme outil de sensibilisation. Il est heureux que ça ne l'est pas fait taire. Le blogue Je suis féministe a plutôt décidé de créer un palmarès de leurs trolls et des pires commentaires. Il s'agit d'une autre stratégie pour lutter contre ce genre de comportement.
Dans tous les cas, il est important de ne pas prendre à la légère l'impact que ces commentaires, messages peuvent avoir sur le sentiment de sécurité des femmes qui osent s'exprimer sur le net. Il faut lutter contre cette forme d'intimidation et faire du web un espace plus sécuritaire et ouvert.
mercredi 6 juin 2012
Enfanter pour faire rouler l’économie
Vous avez peut-être entendu récemment dans les médias de masse les statistiques et chiffres du dernier recensement canadien. Dès lors, les médias se sont mis en quête de propos alarmistes et de chiffres juteux à jeter à leur auditoire. Inévitable sujet favori de notre chère presse : le vieillissement de la population. On expose alors la pyramide des âges et on fait miroiter le spectre du nombre de travailleurs et travailleuses actifs vs les personnes âgées. Juxtaposer à ces supposés chiffres catastrophiques sur le vieillissement, on mentionne que le taux de natalité ou fécondité est insuffisant pour le remplacement des générations. On amène alors les fameuses statistiques suivantes :
« Ce n'est pas comparable au baby-boom qu'on a connu dans les années 1946 à 1965, car on est encore avec une moyenne de 1,7 enfant par femme alors qu'à l'époque on avait une fécondité de près de quatre enfants par femme. Ce n'est donc pas suffisant pour éviter le vieillissement. »1
« Le taux de natalité n'était toutefois que de 1,74 enfant par Québécoise en 2009, soit en-deçà du seuil de remplacement de la population de 2,1. » 1
« Elle ajoute que le Québec se situe, depuis 1970, sous le seuil de remplacement des générations, c'est-à-dire avec un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme. » 1
« Le taux de fécondité a augmenté dans les dernières années [il est de 1,7 enfant par femme], mais ce n’est pas suffisant pour atteindre le seuil de remplacement [établi à 2,1 enfants]. » 1
Mettons d’abord quelque chose au clair, le fameux chiffre 1.7 représente le taux de fécondité et non pas le taux de natalité. Le taux de natalité serait le rapport entre le nombre de naissances sur la population totale, par exemple, 8 pour mille, 8 bébés pour 1000 personnes. Le taux de fécondité est la moyenne du nombre d’enfants par femmes, 1.7 au Canada. Effectivement, le taux de remplacement générationnel est de 2.1 afin de remplacer les deux parents.
Outre les erreurs de nomenclature des médias, ce qui me frappe le plus c’est que le sacro-saint 2.1 est martelé assez fréquemment. Tout chiffre se situant en-dessous de cette barre est présenté comme quelque chose d’anormal et en quelque sorte de malsain. On sent dans le ton des journalistes une sorte d’urgence. Peut-être un rappel à l’ordre? Après tout, si les femmes faisaient des enfants nous n’aurions pas tous ces problèmes? On parle alors d’appliquer plus de mesures natalistes pour inciter les femmes à avoir plus d’enfants. Voyez-vous la même tangente dangereuses que moi?
En plus de mettre le poids de la croissance sur les femmes, on constate dans ces propos l’absence de réflexion critique sur le vieillissement, la natalité et les questions démographiques. Il est vrai que nous avons des défis à relever face au vieillissement de notre population, mais justement ne devrions nous pas en profiter pour questionner le système économique. Le système capitaliste sous-tend une expansion démographique sans fin voire même illogique face aux ressources disponibles sur notre planète. Est-ce que le fameux 2.1 doit être un but? Il est clair qu’un modèle économique qui promouvoit la croissance tentera par-dessus tout d’élargir le bassin de travailleurs-euses/consomateur-trices disponibles. Cette reproduction de la force de travail passe inévitablement par les femmes. Le système tente donc de nous contraindre à la maternité pour soutenir la croissance. D’où les appels fréquents des gouvernements, médias et élites en place pour nous rappeler que nous devrions enfanter plus, que ce soit par des politiques natalistes ou des propos culpabilisants. Cette contrainte à la maternité est tellement bien ancrée dans notre société qu’il est difficile d’en voir les manifestations. Pourtant, les femmes devraient avoir les enfants qu’elles désirent et non pas se faire marteler qu’elles n’enfantent pas assez.
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Dans la même lignée sur la natalité, je suis tombé sur un article du groupe d'extrême droite catholique Campagne Québec Vie. Il se démarque par leurs positions anti-choix, homophobes et conservatrices. Quelques passages de leur propagande anti-choix en lien avec la démographie:
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L'extrême droite et la démographie
Dans la même lignée sur la natalité, je suis tombé sur un article du groupe d'extrême droite catholique Campagne Québec Vie. Il se démarque par leurs positions anti-choix, homophobes et conservatrices. Quelques passages de leur propagande anti-choix en lien avec la démographie:
Cette pyramide démontre qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes et un faible taux de natalité au Québec. Avec moins d’avortements, la société pourrait retourner à la normale- on verrait une pyramide de population plus saine, avec un plus grand nombre de jeunes que de personnes âgées, autrement dit, avec « une base solide ».Bref, nous avons un problème de sous-population sur Terre. La cause? Bien sûr, l'avortement! C'est toujours de la faute des femmes, quelque soit le problème (même quand il n'existe pas), c'est bien connu.
[...]
À cause de la légalisation de l’avortement, la majorité des nations européennes souffre d’un taux de natalités trop bas, ce qui veut dire qu’ils auront du mal à remplacer leur population actuelle.
[...]
ALORS…comment va-t-on économiquement soutenir la population du Québec s’il y a un problème de sous population dans l’avenir? Il reste peut-être seulement une chose à faire - réévaluer les lois sur l’avortement.
(Libre à vous de trouver l'article en question, je ne désire pas faire ''rayonner'' leur site web donc je ne dirigerais pas de lien vers celui-ci)