vendredi 18 décembre 2009
L'acide comme arme
Les violences faites aux femmes prennent toutes les formes, un cas particulièrement frappant est l'attaque à l'acide. L'acide est le plus souvent projeté au visage et cause des dommages irréversibles à la peau et aux os. La plupart des victimes sont des femmes de moins de 18 ans. Ces attaques sont plus répandus en Asie (malgré que plusieurs cas sont recensés en Europe) ou elles sont souvent l'œuvre du mari ou d'un prétendant. Cette forme de vengeance survient suite à une dispute entre familles au sujet de la dot ou du mariage des jeunes fille ou à un refus de relation sexuel de la conjointe.
Au Bengladesh, un organisme, l'Acide Survivors Foundation vient en aide aux victimes.
Le Bangladesh, pays le plus funeste en la matière
Depuis sa création en 1999, l’ONG offre soins et soutien juridique aux victimes d’attaques à l’acide. Les agressions aux acides corrosifs liquides – largement utilisés dans les teintureries – sont légion au Bangladesh, faisant du pays le plus funeste en la matière à l’échelle mondiale.
Lors de la dernière décennie, l’Acid Survivors Foundation a recensé 2 200 agressions à l’acide pour un total de 2 800 victimes. Des femmes sept fois sur dix. Très vulnérables dans une société de type patriarcal, elles sont visées pour des affaires de dots, de jalousie ou de disputes de voisinage, essentiellement.
Les attaques à l’acide entraînent rarement la mort, mais causent des souffrances prolongées. « À quelques exceptions près, elles sont le fait d’hommes piqués dans leur orgueil, toujours préméditées et profondément perverses », enrage Monira Rahman dans son bureau de directrice de l’Acid Survivors Foundation.
"J’ai senti que je prenais feu"
Deux étages en dessous, la clinique que l’organisation a ouverte à Dacca traite quotidiennement une vingtaine de grands brûlés, acheminés des quatre coins du pays par un réseau d’ONG partenaires.
Quatre médecins, deux physiothérapeutes, une psychologue et quelques spécialistes en chirurgie reconstructive font face à tous les cas. Asma, 26 ans, allongée sur le dos, le visage carbonisé et les deux bras entourés de bandages, a payé de sa personne pour un terrain que son beau-père refusait de vendre à des voisins.
Muktarani, 35 ans, a senti son œsophage et son estomac s’enflammer quand plusieurs membres de sa belle-famille, insatisfaits de la dot encaissée, l’ont forcée à avaler de l’acide. Quant à Fatima, 24 ans, elle récupère de sa septième opération du visage. Mariée à 12 ans, elle a été brûlée alors qu’elle dormait.
« L’homme à qui j’avais été confiée se plaignait que je jouais trop avec mes amies », murmure la jeune femme greffée de partout et dont l’oreille droite manque.Dans une autre salle, des hommes montrent leurs dos déchiquetés. « J’ai senti que je prenais feu. J’ai cru que j’allais mourir », raconte Abu Salam, 38 ans, attaqué dix jours plus tôt dans son village.
Réinsérer socialement et professionnellement les victimes
L’Acid Survivors Foundation s’efforce de réinsérer socialement et professionnellement les victimes d’acide. Mais le défi est immense. Les jeunes femmes mutilées doivent bien souvent renoncer à toute perspective de mariage.
« Elles n’acceptent pas leur nouvelle apparence et nous supplient de tout faire pour limiter les dégâts », explique Imtiaz Choudhury, médecin travaillant depuis quatre ans au sein de la clinique.
Il y a quelques années, le Bangladesh ajoutait les attaques à l’acide à la liste des crimes passibles de la peine de mort. Le nombre d’agressions n’a que légèrement baissé : 184 victimes ont déjà été signalées pour cette année 2008. L’impunité dont jouissent les coupables est préjudiciable. « Pour un cas de jugé, neuf suspects échappent encore à la justice », note Monira Rahman.
Liens sur le sujet
Article d'Amnesty Belgique Francophone
L'Acid Survivors Foundation
Un reportage français sur un organisme pakistanais qui aide les victimes d'attaque à l'acide
G.S
Je suis choqué ! C'est inhumain de faire ça ! Mais où va le monde ?
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